Infos ou intox : Le gâteau masque la cérise

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Le week-end dernier, en même temps, deux événements majeurs pour leurs acteurs respectifs se sont déroulés, et ont quelque peu marqué le paysage politique. Ils ont été relatés en long et en large par la presse dans son ensemble, souvent, dans leurs moindres détails. Il s’agit des assises statutaires de deux partis politiques : le PDES et la CNAS.

Ils présentent des similitudes et des divergences.

Les similitudes : les deux événements se sont déroulés sur la rive droite du fleuve Niger.

Les 17 et 18 décembre, le PDES a tenu sa première CONVENTION NATIONALE, et la CONVENTION NATIONALE pour une Afrique solidaire, son premier congrès ordinaire. Le Programme pour le développement économique et la SOLIDARITE et la Convention nationale pour une Afrique SOLIDAIRE n’ont pas que le concept solidarité en commun. Le premier a tenu ses assises au Stade du  26 mars, une date hautement symbolique pour le peuple malien, une date dont les idéaux servent de socle et de crédo aux fondateurs de la CNAS, dont tous les discours font référence à la récente histoire de notre pays.

En outre, ces mêmes jours, 17 et 18 décembre, à un mot près, les mêmes slogans ont été entendus : «retrouvons ce qui nous unis» pour le PDES, «retrouvons ce qui nous grandit», pour la CNAS. Le PDES a été fondé pour sauvegarder les acquis du président ATT, lequel a eu comme Premier ministre de la transition, Soumana Sako pour lequel la CNAS a été mise sur les fonts baptismaux.

Fin des similitudes.

Quant aux divergences entre ces deux partis, elles sont légion. Le PDES est composé de ministres et d’anciens ministres, de députés et d’anciens députés, de diplomates et d’anciens ambassadeurs, de secrétaires généraux et conseillers départementaux, de hauts cadres et hauts commis de l’administration. La cerise. La CNAS est composée de technocrates et d’ingénieurs, de théoriciens et de praticiens, de fonctionnaires et de privés, de cadres et de commis. Le gâteau.

Sous la houlette de Soumana Sako, la CNAS est un parti discipliné, ordonné et organisé, où la question de leadership ne s’est jamais posée. En moins de sept mois d’existence (elle a tenu son assemblée constitutive le 25 mai 2011), la CNAS a un candidat consensuel et naturel à la prochaine présidentielle.

En revanche, le PDES est un parti déchiré entre les prétentions des uns et des autres à porter seuls le flambeau. La paternité et l’appropriation mêmes posent problèmes. Le programme présidentiel PDES dont est issu le parti n’a pas de père connu. Pour les uns, Hamed Sow (qui ne l’a jamais nié en public) en est le concepteur. Pour les autres (Ahmed Diane Séméga en tête, qui l’affirme volontiers en public), le PDES est né du cerveau de son maître ATT. Il est vrai que le chef de l’Etat est volontariste et activiste, mais de là, pour le soldat qu’il est, à pondre un document aussi bien élaboré, il faut avoir l’amour filial assez développé pour y croire.

Pour ce qui est de l’appropriation du concept, il y a beaucoup à dire. D’abord, les uns et les autres s’y perdent dans les projet ou programme pour…, les projet ou programme de…A commencer par ATT lui-même, personne ne sait, dans la famille PDES si c’est projet ou programme, si c’est pour ou de. Or, on ne peut appliquer correctement ce qu’on a du mal à s’approprier.

La cacophonie se retrouve même dans leur slogan : «retrouvons ce qui nous unis». Sans être Français de souche, il serait plus cohérent et correct de mettre un T à uni au lieu d’un S. Il n’y a pas que cette lamentable erreur grammaticale qui en dit long sur les théoriciens du PDES, il y a aussi cette faute de goût qui pousse les uns et les autres à se mettre coûte que coûte au devant de la scène, pour plaire au prince du jour. En effet, incapables de se retrouver pour s’unir, ne croyant nullement au regroupement et à l’unité d’action, cramponné à son ego, chacun y va de son solo. Jeamille Bittar, premier vice-président, suscite la création de l’Union des mouvements et associations du Mali (UMAM), Hamed Sow, président d’honneur, crée l’Association jeunesse citoyenne et responsable (AJCR), Ahmed Diane Séméga, président actif, lance le Groupe de réflexion et d’action (GRAM). Chacun comptait sur sa création pour s’imposer en cas d’investiture d’un candidat du parti à la présidentielle. Aucun n’a osé pousser le bouchon plus haut que nécessaire, ayant été rappelé à l’ordre par le président de la République qui est de plus en plus excédé de voir on nom et son bilan servir de fonds de commerce politique.

A l’approche de sa dernière convention nationale, beaucoup ont cru que le parti présidentiel allait partir en lambeaux. Mais les deux jours de travaux n’ont enregistré aucun remous majeurs. La «guerre des trois» n’a pas eu lieu. Au contraire, tous trois conservent leur poste. Mais Hamed Sow devient plus actif que le président actif. Chargé de coordonner toutes les commissions permanentes et de travail, il est le véritable maître du PDES. Ahmed Diane Séméga reste président actif d’un bureau de 34 présidents d’honneur, et 110 membres dont 21 vice-présidents. Un gros machin qui ne pourrait jamais se réunir efficacement et qui serait toujours obligé de s’en remettre aux commissions. Jeamille Bittar demeure premier vice-président, c’est-à-dire contraint de rester à l’ombre des autres et à l’écart des grandes décisions. Quant au reste du peloton, à part quelques uns, il ne compte pas véritablement, cantonné à des postes de faire-valoir.

Cheick TANDINA

 

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