Infos ou Intox : L’Adema n’aime pas le pouvoir

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Selon Mohamedoun Dicko, cité par Nouvelle Libération (26 mai 2011) «l’Adema, à sa création, ne s’intéressait pas au pouvoir en tant que tel ni à faire tomber le régime du président Moussa Traoré, mais à libérer le peuple malien de l’injustice dont il était l’objet».

 Plausible, mais très peu probable. Pour plusieurs raisons. L’Adema, fer de lance du Mouvement démocratique, en 1991 était composé en grande majorité d’enseignants universitaires et de médecins. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’ils ont réussi à s’implanter dans les quatre coins du pays, où chaque Arrondissement avait ses médecins de brousse et ses enseignants de campagne. Ces fonctionnaires étaient les plus à plaindre et à se plaindre de l’ancien régime en raison notamment du fait qu’ils ne subsistaient que grâce à leurs maigres salaires, sans trop de possibilités d’avoir accès aux pots-de-vin et pourboires dont «bénéficiaient» les autres travailleurs. Ils avaient donc tout à gagner dans un changement de régime. Par ailleurs, l’Adema, à travers ses deux principales composantes, PMT et PMRD, a toujours œuvrer pour une alternance politique, dans la clandestinité ou à visage découvert. Au début des années 80, ce parti a même fait une incursion dans le Gouvernement. Selon ses camarades, c’était pour pourrir le ver de l’intérieur. Mais, l’énergie déployée par Alpha Oumar Konaré à garder son petit poste de Ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture dont voulait le vider le Chef de l’Etat a convaincu plus d’un que le pseudo opposant est un accroc du pouvoir. D’ailleurs, en 1991, alors qu’il croyait que le pouvoir ne cédera jamais à l’insurrection populaire, Konaré, selon plusieurs sources, étaient prêt à accepter un poste de Premier Ministre pour «calmer la situation et organiser une transition».

De plus, enfin  mars 1991 notamment, le président Moussa Traoré était prêt à concéder une ouverture démocratique, avec le multipartisme intégral, avait déjà pris cette décision et n’attendait plus qu’elle soit entérinée par le Congrès du seul parti constitutionnellement autorisé. Mais, le  «Mouvement démocratique», Adema en tête, voulait de tout sauf de ce Congrès de l’UDPM. L’Adema voulait en particulier la chute du régime qui lui permettait d’accéder enfin à un pouvoir à sa portée. Et pour cela, ce parti ne s’est privé de rien. Depuis que les choses sont rentrées dans l’ordre, on sait que certains manifestants étaient armés et devaient tirer pour entraîner la riposte des forces de sécurité, occasionner un bain de sang qui légitimera un coup de force. Selon l’adage qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Et pendant les dix ans de son règne, ce parti s’est attelé à casser le «Mouvement démocratique» pour tirer la couverture du vainqueur à lui seul, à laminer les autres partis qui avaient le tort de lui faire de l’ombre, et à enrichir et à gaver ses faméliques et rachitiques hauts responsables. A coups de corruption, de fraudes et de délinquance financière.
 
Un hôpital pour grands blessés
Un de ces responsables chargés de garder et de gérer la bourse au profit du pouvoir vient de faire une déclaration pour le moins incongrue. Bassary Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ancien Ministre en charge des finances, actuel Vice-président de la BOAD a déclaré à L’Indépendant (31 mai 2011) que pour l’avenir, lui donner «l’occasion d’aider à réaliser ou à financer un hôpital pour grands blessés de la route» est un de ses rêves. En voici un autre qui, du haut de son piédestal où on l’a installé pour qu’il gère les problèmes de la Nation, ne s’était jamais soucié de porter aide et assistance à ses concitoyens. Jusqu’au jour où lui-même fut victime d’un accident de la route. Ayant goûté aux brancards, réa, anesthésiants et autres plâtres, il a compris tout le calvaire de ces nombreuses victimes de la route qui n’ont pas les moyens d’accéder à des soins intensifs dans un hôpital saoudien ou une structure de contrôle pour invalides français. Son idée est certes louable, mais qu’il commence par participer, ne serait-ce que de manière symbolique, aux campagnes de sensibilisation et d’information des organismes de sécurité routière. Mais surtout, qu’il apporte un soutien ferme et concret aux services de la protection civile qui, inlassablement, abattent un travail remarquable. A longueur de journée et de nuit, on n’entend que leurs sirènes. Donnant la juste et véritable impression qu’ils sont les seuls vrais travailleurs de ce pays piloté depuis peu par un couple de vadrouilleurs.
Cheick TANDINA

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