Infos ou intox : La saison des illusionnistes

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La presse dans un ensemble parfait n’a pas trop varié l’information, pour ce début de nouvel an, et s’est focalisée sur deux ou trois petites choses. La guéguerre interne continue de plus belle au sein du PDES.

Outre les différents protagonistes eux-mêmes, qui, depuis longtemps ont tombé le masque, elle divise également les observateurs et acteurs de la scène politique. Chaque camp tente, à sa manière, de commenter, interpréter, expliquer la décision du Pôle économique et financier de convoquer Jeamille Bittar afin qu’il réponde de graves accusations. Selon certaines indiscrétions et supputations, il s’agirait de présumés dysfonctionnements administratifs et de gestion, de présumé manque à gagner portant sur près d’un milliard et demi, de présumés passations douteuses de marchés, etc.

Pour ses partisans, Bittar serait victime de ses prétentions au trône national, la justice aurait ses raisons que Koulouba n’ignore pas. Pour ses adversaires, cette procédure a été demandée bien avant les prétentions du président de la CCIM, et entre dans le cours normal de la justice.
Serait-elle alors étrangère à la politique politicienne ? Difficile de le croire, selon les uns, si l’on tient compte du fait que le ministère de la justice est piloté par le secrétaire général du PDES, foncièrement hostile à toute prétention intempestive faite avant l’heure, du fait que cette interpellation intervient à quelques heures seulement de la conférence de désignation et d’investiture du candidat du PDES, du fait que le président ATT, dont le nom et les actions servent de fonds de commerce politique, a dit son dernier mot à ses « amis », il y a juste quelques jours. Cette thèse sous-entend que Jeamille Bittar pourrait remporter la présidentielle 2012, avec ou sans le PDES, contre le candidat officiel de son parti. Il serait alors menaçant avec pour seule armée une UMAM aux rangs clairsemés contre l’Adema, l’URD et le RPM, ayant des machines électorales redoutables, efficaces et rompues aux pires roublardises ? Il gagnerait contre Modibo Sidibé pour lequel de ministres et de hauts cadres de l’administration s’apprêteraient à battre campagne, avec les moyens de l’Etat, sous le prétexte de faire campagne pour un oui massif au référendum constitutionnel ? Difficile à avaler. Mais sur ce dernier point, il serait intéressant de noter que tous les ministres, diplomates, hauts commis de l’Etat et autres administrateurs civils battront campagne avec les moyens de l’Etat, d’abord pour leur propre chapelle, ensuite pour défendre le projet de constitution. Ils seraient assez bêtes de ne pas profiter de la manne d’ATT qui tient mordicus à « ses » réformes.

A propos de Modibo Sidibé, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Il poursuit son petit bout de campagne avec, toutefois, une promesse extrêmement difficile à tenir. Selon le confrère, l’ancien Premier ministre qui fréquente maintenant les imams et ulémas aurait déclaré au chef spirituel de Nioro qu’avec lui, Modibo Sidibé, « les affaires religieuses seront gérées par les religieux » Compterait-il amputer le MATCL de la gestion des problèmes cultuels ? Voudrait-il asseoir enfin et définitivement un Etat vraiment laïc et sans ingérence des islamistes dans les affaires politiques et sociales ? Qu’il commence alors par demander l’épuration de la CENI dans laquelle même un seul islamiste est de trop. Ce cher Diamoutani comprendra-t-il alors qu’il doit retourner à ses chères occupations religieuses et laisser la politique à l’armée, à la police et aux politiques ? Non, il ne comprendra pas et se voit déjà contraint d’affronter un Modibo élu. Mais le sera-t-il ?
Lui-même doit, en effet, craindre d’avoir face à lui un vieux de la vieille, redoutable routinier et procédurier : le candidat Dioncounda Traoré……

Cheick Tandina

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