La finale de la coupe «Aïssata Diallo, Mme Djilla» a été jouée en fin de semaine dernière, indique l’ORTM, (Score 22/05/11), sans autre précision. Qui est cette dame ? Il s’agit d’une obscure Conseillère municipale élue en commune II sur la liste Adema, et qui trône au Conseil du District de Bamako. Le président d’honneur de cette rencontre ? En tout cas, c’est Sékou Diakité qui a donné le coup d’envoi de ce match (joué entre, je ne me rappelle plus qui et qui). Lui, il a été présenté par la très inspirée chaîne nationale comme ancien Ministre. C’est tout ce que la «grande presse» retient d’un homme qui est pourtant 2è Vice-président du Adema-PASJ, premier responsable de sa Section (Commune II), et surtout, candidat à l’investiture de son parti pour la présidentielle 2012. Mais de cela, pour l’heure l’ORTM s’en fiche -comme beaucoup de Maliens aussi d’ailleurs. Sékou Diakité n’est rien d’autre qu’un ancien Ministre. «Quand la mémoire va ramasser du bois, elle rapporte le fagot qui plaît» et elle oublie tous les bienfaits passés, les enveloppes et les dessous de table pour soigner l’image et encenser le public.
Mais l’ORTM, il faut le reconnaître, sait être juste et n’aime pas faire de jaloux. Ainsi, la même nuit, Jeamille Bittar, Président-directeur général d’un tas de trucs, Vice-président du grand machin, président de ceci, président de cela, a été présenté comme simple «parrain» de la finale de la dixième édition de la coupe «Bintou Dembélé». Illustre inconnu en ce jour du samedi 21 mai (L’Indépendant, 24/05), Bittar aurait appelé la jeunesse de Koulikoro à enterrer la hache de guerre contre les autorités administratives de cette région où, selon le confrère, «la tension est tendue depuis quelques mois». Brave Bittar ! Il a compris que le sport aussi peut servir à détendre les tensions. Et PPR ?
Le MJS ? Peu pépère pour PPR
Nommé depuis peu comme Ministre de la Jeunesse et des Sports, après quelques temps dans l’opposition, Djiguiba Kéïta dit PPR entend apporter la touche personnelle de son parti , le Parena, aux affaires publiques. De manière inédite, c’est-à-dire critiquer de l’intérieur, comme le ver qui ronge le fruit. En somme, PPR est condamné à une vie publique peu pépère. Il le sait et se prend très au sérieux dans son rôle de MJS. N’allez surtout pas croire que côté vestimentaire, l’opposant récupéré va porter des survêts, chausser des baskets et garder ses vieilles fringues ringardes. Non ! Il a adopté un nouveau look. Son premier salaire lui aura sans doute permis de s’offrir quelques costumes surpiqués et des cravates en soie pour participer et accompagner la nouvelle mue de la Femafoot. L’institution de sport vient d’adopter quatre textes fondamentaux qui lui permettent, selon ses dirigeants, de se restructurer et de lorgner vers le professionnalisme.
En effet, selon L’Indépendant du 23 mai, les projets de textes proposés aux délégués ouvrent la voie au professionnalisme. Avec cette option, le football, au Mali, comme dans de nombreux autres pays, risque de devenir une véritable industrie génératrice d’énormes revenus. Mais curieusement, c’est ce moment que Hammadoun Kola Cissé, le tout-puissant président de la Femafoot, a choisi pour faire supprimer du bureau les postes de trésorier et de trésorier adjoint. La Fédération, qui déjà était une machine à sous, va sans doute attirer du beau monde. Or, c’est connu, l’argent n’aime pas le bruit, et il n’est pas bon que beaucoup de gens s’intéressent au partage du gâteau. Monsieur Cissé suffit à lui tout seul ? N’a-t-il pas été Directeur administratif et financier, puis Directeur des finances et du matériel du tout puissant ministère de la justice ? Donc il connaît l’argent, le crime d’argent, le châtiment d’argent, et…le droit de l’argent. Donc, il pourrait bouffer comme tant d’autres, sans faire des vagues, le Mali est un pays paisible où l’on s’enflamme rarement. A bon entendeur, footez le ballon. Y a pas de souci.
Le Mali, havre de paix
C’est sans doute ce qu’ont compris les dirigeants de la Banque mondiale, qui ont décidé d’implanter chez nous une de leurs succursales sous-régionales. L’Institution de Brettons Wood estime que le Mali est un gage de stabilité sociopolitique (et non pas économique et financière) et institutionnelle qui mérite la confiance des institutions internationales. Et quoi qu’en pensent certains oiseaux de mauvais augure, la contestation inévitable des élections générales de 2012 n’occasionnera aucune violence post-électorale. Les Maliens se fichent pas mal de savoir qui va gagner, pourvu que la Banque mondiale leur apporte le boulot, le gîte et le couvert, le tout arrosé d’eau potable.
Cheick TANDINA