Le président de la COMODE (Coordination des Mouvements et Organisations Démocratiques avec 13 associations et quelques membres nostalgiques de partis politiques –essentiellement Adema et CNID- du défunt Mouvement Démocratique) a encore fait une sortie. A la faveur de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement à l’Assemblée nationale ou en dehors, depuis quelques temps, chacun y va de son couplet : le temps manque pour une bonne préparation des élections de 2012, notamment de la présidentielle. N’est-il pas trop tard pour entonner ce refrain ? On sait que les Maliens, en toute chose et à toute occasion, attendent toujours le dernier moment pour agir ou réagir, en essayant de prendre le taureau par les cornes. Mais, il faut rendre justice au Bélier blanc : il a été le seul à montrer des cornes au bon moment.
En effet, le Parena, depuis belle lurette, se soucie de la gestion du temps et de l’inévitable impasse que chacun semble craindre aujourd’hui. A temps, Tiébilé Dramé et ses amis ont senti venir le piège, même si par la suite ils ont participé à la comédie générale. Pour rappel, au cours des mois précédents, pour occuper ces gros gamins politicards, le Gouvernement leur avait donné comme divertissement de choisir entre RACE et RAVEC. Et selon le président de la COMODE (Les Echos, 30 juin), l’élaboration du fichier électoral n’est pas le travail des partis politiques, mais plutôt d’une mission de la Délégation Générale aux Elections (DGE) et du Ministère de l’Administration Territoriale et des collectivités locales. N’importe quoi ! A chaque fois, et ce, dans tous les pays, que les partis politiques se sont dessaisis de cette tâche, les administrations, toujours à la botte du prince du jour, ont trouvé les moyens de faire perdurer les despotes, autocrates et autres dictateurs. Aly Nouhoum Diallo sait qu’en 1992, c’est parce qu’il n’y avait pas de CENI et de DGE que l’Adema, grassement appuyé par l’administration, a remporté les élections. Il se rappelle également qu’en 1997, c’est parce que les autres formations politiques ont boycotté les élections que son parti a rempilé. Il le sait si bien qu’il se mélange les pédales en essayant de dédouaner son ex-ami Ousmane Sy, en le créditant d’une bonne préparation des élections. A ces dires, en effet, l’ancien Ministre en charge de l’administration territoriale aurait préparé dès 2000 les élections de …2003. Professeur, c’est plutôt en 2002 qu’il y a eu des élections, et c’est aussi cette année que la vigilance des partis politiques s’est révélée payante, car l’Adema-PASJ a pris sa raclée et perdu la présidence et de Koulouba et de l’Assemblée Nationale. N’est-il pas temps pour le vieux professeur de prendre toutes ses retraites ?
En effet, gâteux ou pas, certains de ses propos ne manquent pas d’inquiéter. «Le Gouvernement se donne un travail supplémentaire en se cramponnant aux réformes institutionnelles sans penser aux conséquences de la crise post-électorale avec des élections bâclées de 2012», affirme-t-il. Doit-on comprendre que déjà en 2011 l’Adema-PASJ est en train de tramer les conséquences les plus fâcheuses de sa défaite plus que certaine en 2012 ? On sait que ce parti est capable de tout, mais on sait aussi que certaines personnes, vu leur âge avancé, devraient plutôt être pompiers que pyromanes. En ce qui concerne le peuple malien, il est résolu et décidé à sévir contre tous les pyromanes, sans distinction de sexe ou d’âge, et à punir tous les pompiers défaillants, sans distinction de classe ou d’origine. Pour une fois, il a besoin d’élections propres et de gouvernants sains.
A propos de dirigeant, «qui d’entre Jeamille Bittar, Hamed Sow ou Ahmed Diané Séméga sera le porte-drapeau du Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES) en course pour la présidentielle 2012 ?». Pas si grosse interrogation que ça : Séméga, président du parti, mais pas candidat naturel ; le Ministre «nommé en 2002, sans avoir été prévenu», n’est pas preneur, sinon, s’il faut croire ATT, il aura été débarqué du Gouvernement comme tous les autres prétentieux ; Jeamille Bittar, malgré toute sa fortune, est un néophyte politique dépourvu de base électorale et de carrure d’homme d’Etat, et, à seulement quelques mois du scrutin, il aura du mal à se trouver un précepteur. Reste Hamed Sow. Il est très proche du président de la République pour lequel il a pondu le projet de société et de Gouvernement PDES. Mais, cela ne suffit pas. Et malgré ce qu’a dit Séméga, à savoir que son parti aura son propre candidat à la présidentielle de l’an prochain, et que l’ancien chef de Gouvernement n’est pas militant du PDES, il est plus que probable que le scénario envisagé par ATT sera définitivement retenu : Modibo Sidibé, prochain président de la République, Hamed Sow, son futur Premier ministre.
Cheick TANDINA