«L’expropriation à N’Tabacoro : les victimes attendent leur indemnisation» (Politicien Africain, 21 juillet). Sous ce titre se cache un véritable drame que vivent les populations. Amadou Toumani Touré, déjà candidat de l’autre PDES (Parti de la DEmande Sociale) à l’élection présidentielle avait promis un toit à un maximum de Maliens au cours de son mandat.
L’idée est certes noble, et on peut dire que d’une certaine façon, dans la limite de ses moyens, le grand ATT est parvenu à loger quelques heureux bénéficiaires de logements sociaux. Même si ces demeures conviennent plus à de petits foyers (genre famille nucléaire ou mononucléaire) qu’à la grande famille traditionnelle africaine, on peut dire qu’il a pu relever quelque peu le challenge. Disons d’emblée qu’ATT n’est pas le concepteur de cette généreuse idée qu’il a trouvée dans les tiroirs de Koulouba, mais c’est lui qui l’a mise en œuvre. Mais à quel prix ? Que ce soit à Yirimadio, Samé, Niamana, N’Tabacoro ou à Bamako et dans certaines villes de l’intérieur, certains habitants se plaignent d’avoir été dépossédés, spoliés, expropriés de leurs terres de culture, de leurs pâturages et de leurs bois sacrés. La grogne est tenace et récurrente, et, comme d’habitude, sera gérée par les autorités qui trouveront une solution de colmatage et de bricolage.
En attendant, les «expropriés, spoliés et dépossédés» se disent menacés dans leur survie, n’ayant plus le moindre lopin de terre à exploiter, les moindres pâturages où faire paître les bêtes. De fait, ils seraient menacés de clochardisation et pourraient verser dans le banditisme. Les différents Commissariats de police et les Brigades de gendarmerie de Bamako et des autres localités du pays font très souvent cas de délinquants et criminels originaires de la zone périurbaine de Bamako et des milieux ruraux, arrêtés après quelques infractions. Dans leurs déclarations, ces délinquants, pour la plupart des bras valides, se disent victimes du chômage et du désœuvrement, et tentent de justifier leurs actes par la faim, le dénuement et la pauvreté. Peut-être !
Toujours est-il qu’ils sont en train de se spécialiser dans le genre, et pire, dans le grand banditisme. A en croire L’Indépendant, six villageois de Bancoumana se sont fait arrêter par la fille du général Moussa Traoré, après que celle-ci ait déposé une plainte pour escroquerie foncière. Le fait est loin d’être banal ou isolé. En effet, dans les villages, et même ici à Bamako, ce genre d’affaires d’escroquerie est fréquent et régulier. En particulier, les villageois, qui croient dur comme fer être «propriétaires» de terres «héritées» de leurs arrières grands-parents, ou qui ne font plus la différence entre leurs terres et celles exploitées par d’autres, ne connaissant pas les frontières entre elles, s’adonnent volontiers, sous l’impulsion de citadins reconvertis au ruralisme, à ce genre de spéculations. Certains sont présumés pires que les grands escrocs de Bamako et des autres grandes villes.
Mais parallèlement, il y a ceux qui, comme le craignent les déguerpis de N’Tabacoro, ont tourné au grand banditisme. Un de ces ruraux réduits à la clochardisation et à l’esclavage des temps modernes, à en croire L’Indépendant du 4 août, aurait volé un demi-kilo d’or chez sa patronne. Il aurait été «alpagué» par le commissariat de police du 15ème Arrondissement. Avec, s’il vous plait, un demi-kilo d’or. Hum !
Mais dans son papier, le confrère (un fiston) parle d’or et d’argent, de collier de couleur rouge, de chaines plaquées or, de collier mandingue, d’un tour de cou de perle en argent. Et c’est tout cet ensemble hétéroclite qui ferait un demi-kilo d’or. Vous y comprenez quelque chose vous ? Des métaux jaunes, rouges, perlés, argentés, mandingue (et pourquoi pas dogon) qui feraient un ensemble doré?
Ah, ces policiers ! Toujours à faire de l’amalgame et à monter les choses en épingle. D’accord, on peut provenir des confins de la brousse ou des hauteurs des collines, mais tous les Dogon doivent pouvoir faire la différence entre or et argent, plaqué or et garanti, mandingue et autre.
Cheick TANDINA