Infos ou Intox : A malien, malin et demi

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On savait que Dioncounda Traoré, président de l’Adema, d’abord, et, ensuite, président de l’Assemblée nationale, est vieux et usé (même si à son âge il veut quand même être à Koulouba), notamment à cause des nombreux coups qu’il a pris en sa qualité d’opposant au régime militaire et de syndicaliste. Vieux et usé certes mais certainement pas gâteux.

 

 Sa sublime  déclamation « Le RPM sans l’Adema ne consiste qu’un demi peuple et vice versa » (Le Combat, 25 juillet 2011) doit-être mise sur le compte d’une amnésie temporaire  ou sur un royal mépris des autres fils de l’Adema? Parce que si nous comprenons bien, le Pasj + le RPM constituent un seul et même peuple. Dans ce cas, où doit-on mettre le Miria du prof. Mamadou Lamine Traoré, dont le président, Kassa, était président au congrès ; le Faso du prof. Issa N’Diaye, moribond et peut-être même mort et enterré ; l’URD de Soumaïla Cissé. Ces partis compteraient-ils pour du beurre ou bien Dioncounda Traoré répugnerait-il à les citer seulement ? En attendant d’y voir clair, arrêtons-nous sur cette déclaration. C’est le genre de discours dont sont coutumiers les acteurs politiques. Car beaucoup se sont succédé à la tribune pour faire les louanges et les éloges d’IBK. A croire que, subitement, ils avaient tous pris la carte de militant du RPM et qu’en 2012, ils voteront pour lui. Pourtant, le même jour, ce Dioncounda Traoré venait d’être désigné par le CE candidat de son parti à la prochaine élection présidentielle et frétillait de contentement. Difficile alors de croire qu’il était sincère quand il a dit qu’IBK est un homme d’état et une chance pour le Mali, et qu’il se désistera en sa faveur. En réalité, les acteurs politiques évoluent continuellement dans cette atmosphère noyée de larmes de crocodile et d’hypocrisie, de sournoiserie, de duplicité, et de tout ce que voulez sauf la sincérité et la loyauté. Et c’est à désespérer car on ne peut espérer autre chose d’eux. C’est le seul domaine dans lequel ils excellent et se font élire. A noter quand même qu’un responsable de parti a eu le courage de dire que tout ce que Dioncounda Traoré a dit ce jour est du vent et de la politicaillerie.

 

Le même jour, donc, le président de la « Ruche » a été désigné par ses pairs du CE. Selon un confrère, L’Aube (25/07/11), «Le vote s’est fait à l’unanimité». Peut-être. En tout cas c’est ce que s’évertuent les votants à nous faire croire. Faisons semblant de les croire, et d’en conclure que là encore le vote s’est déroulé sur fond d’hypocrisie et de duplicité. Car il est difficile de croire que ces hommes qui ont dépensé tant d’énergie et en campagne se couchent aussi facilement devant la décision d’une commission de bons offices dont ils sont les premiers à douter de l’objectivité et de la bonne foi. Unanimité ? N’importe quoi ! D’ailleurs, les autres candidats se sont retranchés chacun dans son coin, dans son Q.G de campagne, la même nuit pour élaborer une nouvelle stratégie de conquête du pouvoir rucher. Et ce qui est sûr c’est que Dioncounda Traoré, même s’il était investi par la conférence nationale, ce qui est loin d’être acquis, ne bénéficiera que d’un soutien de façade de la part de ceux-là mêmes qui resteront à jamais ses adversaires. On ne peut rien attendre d’autre d’un panier de crabes, duquel chacun veut immerger et dominer les autres. C’est Ibrahima N’Diaye, un autre candidat malheureux mais pas résigné, présent également au congrès d’IBK, qui illustre le mieux l’état d’esprit des «Abeilles» Il a avoué  au journal Les Echos du 22 juillet que «l’Adema est victime de la qualité de ses hommes». Selon lui, son parti est saturé d’hommes et de femmes (n’étant pas misogyne, il a sûrement oublié de mentionner celles-ci) de qualité, ce qui rend difficile le choix d’un candidat à la présidentielle. En réalité, même si «Iba»prête des qualités à ses camarades, il insiste sur celle que chacun s’adjuge de facto, à savoir que chacun croit être le seul à pouvoir gouverner le Mali. Pour chacun, c’est moi ou le chaos. Difficile alors de croire, comme «Iba» le croit que l’Adema sortira plus solide de sa primaire. Au contraire, l’éclatement est plus que certain.

Sûr que Dioncounda Traoré  l’a déjà compris d’ailleurs, et que son discours du 23 juillet, au congrès d’autrui, n’est rien d’autre qu’une main tendue à IBK afin de bénéficier d’une planche de salut, le moment opportun.

 

Le président des «Tisserands» l’a sans doute également compris, et ne s’est pas trop attardé dans ses réponses aux partis amis. Aussi, bien que très ému par la sincérité de certains intervenants, il s’est bien gardé de tomber dans la sensiblerie en versant des larmes de crocodile, ou de perdre son si cher latin. A malin, malin et demi.

Cheick TANDINA

 

 

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