Le diplôme est un parchemin de reconnaissance délivré à un individu pour lui permettre de vivre de son savoir ou de sa profession. Le parchemin, en tant que tel, est d’origine occidentale même si ce point de vue peut paraître discutable, les égyptiens par exemple et d’autres peuples d’Amérique précolombienne ayant connu une écriture de reconnaissance. Chez nous ici au Mali, la formation des jeunes était assurée par les sociétés d’initiation avec des rites de passage, de sorte qu’on savait qu’à tel âge, tel homme était capable de tel exploit. L’école de Jules Ferry est venue perturber tout ce système, nous obligeant à nous plier à ses nouvelles normes.
Dans les premières années de l’indépendance politique et bien sûr dans la période précédente, le diplôme délivré par l’autorité de compétence, ouvrait toutes les portes non seulement de la Fonction publique mais également celles du secteur privé, il est vrai, peu existant à l’époque.
Il y eut pendant plus de 40 ans comme un culte du diplôme et les élèves et les étudiants s’arrachaient les cheveux pour l’obtenir. En dépit des hauts et des bas constatés ici et là, le diplôme issu de la colonisation française, fonctionna tant bien que mal, fournissant au pays ses meilleurs cadres et même des ministres.
Mais après les indépendances politiques obtenues auprès de la métropole par la voie de la négociation diplomatique, des tentatives eurent lieu pour changer le système issu de la colonisation européenne. Dans tous les cas, de nouvelles structures scolaires virent le jour pour essayer de reprendre le relais et faire voir au moins que l’indépendance signifiait le changement. Au Mali, cela passa par de nombreuses réformes de l’enseignement dont la principale fut celle de septembre 1962 et que les autres ne firent que modifier, copier et coller par la suite au gré des évènements scolaires. Toutes ces réformes ne contribuèrent qu’à tirer le système éducatif par le bas en dépit des milliards de francs engloutis dans leur conception et du fait que c’étaient des enseignants de formation et de profession qui étaient à la manœuvre. La création des écoles et des universités privées à partir de 1991-1992, précipita encore dangereusement notre système éducatif dans l’abîme, faisant de nos diplômes des machins de papier selon le mot du Général De Gaulle s’agissant de la constitution de la IVè République française. Même nos étudiants sortant des universités étrangères d’Europe et d’Amérique sont maintenant soupçonnés d’avoir bénéficié de facilités pour se procurer le fameux sésame.
Dans l’opinion populaire, le diplôme ne veut plus rien dire quand des diplômés de la Sorbonne se spécialisent dans la magouille financière ou quand des médecins issus des anciens pays de l’Est, dans les hôpitaux, tuent plus qu’ils ne guérissent.
Lorsque dans le passé, un licencié de quelque chose était considéré comme un monstre d’érudition, aujourd’hui un docteur détenteur d’un PHD de n’importe quelle discipline fait figure d’écrivain public de la grande poste de Bamako. Le comble est que pour en rajouter à la désolation, les diplômes issus des structures nationales se vendent comme du petit pain au marché. Les marchandes de Kati ont toujours en mémoire le visage défiguré de cet étudiant de l’IPR de Katibougou qui, voulant acheter un matin des cacahuètes, se vit offrir sa marchandise sur un bout de papier qui n’était rien d’autre qu’une copie de son diplôme de fin de cycle.
Facoh Donki Diarra
(écrivain Konibabougou)