S’il y’a quelque chose qui aurait marqué l’actualité politique nationale durant la semaine écoulée c’est bien l’attitude de rétropédalage, notamment des institutions de la République.
Le plus remarquable émane de la Cour Constitutionnelle, l’antre des neufs sages. Cette institution a encore fait preuve de sagesse en revenant sur ce qu’elle avait auparavant refusé : le report des législatives.
En effet, encore une fois le haut magistrat Manassa Dagnioko et ses collègues viennent de prendre à contrepied une frange importante de la classe politique, l’opinion publique nationale avec. Au moment ou les protagonistes avaient fini de peaufiner leurs alliances, fourbir leurs armes pour affronter les législatives avec la certitude que la Cour Constitutionnelle a écarté toute hypothèse de report, suivant la requête du Premier ministre, c’est bien en ce moment que cette même Cour a donné un avis favorable sur le prorogation de la Vème législature jusqu’à la fin du premier semestre de l’an 2019. Ce avec comme vernis : « le caractère de force majeure des difficultés entravant le respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles… et la nécessité d’assurer le fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale ».
Et dans cet avis n°2018-02 du 12 octobre, la Cour dans une bafouille de quatre pages n’a posé qu’une seule condition : faire intervenir la prorogation par une loi organique.
La Cour est forte et ses décisions sont sans recours. Cependant cette décision qui fait moins de bruit que ses conséquences sur les liens politiques, dont son retard a causé. Des démissions en cascade (surtout au sein du parti au pouvoir), des alliances contre nature (souvent entre des partis qui se regardent en chiens de faïence) et des candidatures qui défraient la chronique (dont celles Bakary Togola, de Jeamille Bittar, de l’artiste Dabara…).
Mais ce qui est curieux dans cette décision de la Cour, c’est la capacité extraordinaire des sages à se dédire en l’espace d’un mois. Car, sur demande d’avis du Premier ministre sur la prolongation du mandat des députés, cette même Cour n’a pas tourné autour du pot pour cracher que : « la prorogation du mandat n’est prévue par aucune disposition constitutionnelle ou législative ». Deux versions sur une même chose. C’est ce qu’on peut désigner comme le rétropédalage des sages.
L’autre rétropédalage qui a fait cette fois-ci de bruit est celui du Gouvernement, par rapport à la gestion de la grève illimitée des deux syndicats des magistrats.
Au lieu d’arrondir les angles avec les grévistes, le Gouvernement à travers le ministère des Finances a plutôt retenu les salaires des magistrats, en méconnaissance totale du rôle de ce corps. Cette décision, édictée en mi-septembre n’a pas eu longue vie. Tout simplement, au lieu de servir de moyen d’intimidation cela fut une source de consolidation des acquis de la lutte pour les hommes en robe noire. Lesquels ont corsé leur mouvement. Ni les négociations encore moins la mesure de réquisition n’ont pu étouffer leur lutte.
En visite à Mopti, le Premier ministre dans un langage de franchise a fait savoir qu’en l’état actuel le Gouvernement n’est pas en mesure de supporter un autre effort financier. Cela sans manquer d’exprimer sa détermination sur le respect du service minimum à partir de sa mesure de réquisition. Quelques jours après, le Président de la République en recevant les membres du Conseil supérieur de la magistrature a exprimé son soutien à la manière de la conduite des choses par son PM.
Auréolé par ce soutien présidentiel, au lieu d’enfoncer le clou, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a fait preuve de concession en décidant de faire payer aux magistrats leur salaire du mois de septembre. Cela, pour démontrer selon le communiqué de la Primature, d’ : « un souci d’écoute, de décrispation et d’apaisement du climat social ».
Mais en clair il ne peut s’agir que d’un rétropédalage pour démontrer la disponibilité et l’ouverture du gouvernement au dialogue pour : « le retour définitif de la situation de normalité chez les Magistrats grévistes ».
L’autre rétropédalage qui ne sera pas de trop est attendu de la part du ministre de l’Administration territoriale, Ag Erlaf. Celui-là même qui doit retirer des circuits son projet de nouveau découpage administratif qui a l’air d’un saucissonnage territorial pour garnir le buffet du festin Touareg sur le Mali.
Moustapha Diawara
Donc rétropédalage positif ou négatif ?
“Mais ce qui est curieux dans cette décision de la Cour, c’est la capacité extraordinaire des sages à se dédire en l’espace d’un mois. Car, sur demande d’avis du Premier ministre sur la prolongation du mandat des députés, cette même Cour n’a pas tourné autour du pot pour cracher que : « la prorogation du mandat n’est prévue par aucune disposition constitutionnelle ou législative ». Deux versions sur une même chose.”
CE QUI DEVAIT AMENER TOUT MALIEN HONNETE A SE POSER DES QUESTIONS SUR TOUS LES AVIS QU’A DONNE CETTE COUR SUR L’ELECTION PRESIDENTIELLE DE JUILLET DERNIER.
Même le second mandat d’IBK est un rétropédalage. Car il a pris un mandat qu’il avait perdu. Tout le Mali est un rétropédalage, car personne ne voulait d’IBK, mais le voilà président sans mandat. La CEDEAO est un rétropédalage, car après avoir reconnu que les élections se sont bien passées est maintenant revenue pour parler de paix politique après élection. L’ONU est un rétropédalage, car ayant reconnu aussi la bonne tenue du scrutin présidentiel, elle reconnait qu’il faut une gouvernance inclusive de tous les acteurs politiques. C’est une façon pour la CEDEAO et l’ONU de rétropédaler pour dire qu’ IBK n’a pas réellement gagné ces élections bien organisées. Rétropédalage quand tu nous tiens!
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