À Gao, ce fut l’horreur. Hier, aux environs de 9 heures, une forte explosion secoue toute la ville, créant une panique générale. Les braves populations de la cité des Askias, quoi que habituées aux détonations et aux explosions d’engins, ont vite compris qu’un drame venait de se produire. Cependant, les Gaois étaient encore loin d’imaginer l’ampleur de l’attentat terroriste qui a visé un camp abritant les éléments du MOC (Mécanisme opérationnel de coordination). Cet attentat, d’une rare violence, a fait 60 morts et 115 blessés. Il est considéré comme l’un des plus meurtriers attentats terroristes depuis l’éclatement de la rébellion au nord du Mali, en janvier 2012.
Cet acte barbare a immédiatement provoqué une énorme indignation à travers le pays et au-delà. Une indignation d’autant plus grande qu’on pense qu’il a été planifié et exécuté par des individus infiltrés au sein du MOC. En effet, le kamikaze auteur de ce sale boulot connaissait parfaitement le dispositif au sein du camp visé. Donc, ce crime apporte, une fois encore, la preuve que certains mouvements rebelles collaborent étroitement avec les groupes terroristes. Cette complicité, maintes fois évoquée par la presse, n’a jusqu’ici jamais été dénoncée, ni par les autorités maliennes, ni par la Minusma. Pourtant, eux tous, n’ignorent guère le double jeu auquel se livrent certains groupes signataires de l’accord de paix, notamment la Coordination des mouvements de l’Azawad. La CMA a toujours brouillé les pistes menant à la paix. Tout le monde sait où se situe le mal.
En vérité, de soi-disant chefs de mouvements qui ont pignon sur rue à Kidal ne veulent pas perdre les privilèges dont ils bénéficient de la part de Bamako et de certains pays voisins. Aussi, avec leurs complices (narcotrafiquants, terroristes), ils mettront tout en œuvre, pour saboter le processus de sortie de crise et pour faire régner la terreur au Mali. La barbarie de Gao s’inscrit alors dans cette logique. Dès lors, la spirale sanglante, sur fond d’attentats, risque de perdurer encore longtemps dans le septentrion. Car, la violence a toujours été le fonds de commerce de la rébellion de Kidal.
C H Sylla