Qui se fonde sur le peuple, se fonde sur la boue ", cette assertion soutenue par certains théoriciens élitistes (de Machiavel à Birnbaum en passant par Pareto, Robert Michels ou Gaetano Mosca) pour montrer l’illusion démocratique et l’impossibilité d’une souveraineté populaire, vient de connaître, une fois de plus, un cinglant démenti. Cela à la faveur des derniers événements intervenus dans la sous-region maghrébine, et dans une moindre mesure dans notre pays. Pour ce dernier, il s’agit de l’épilogue de l’élection partielle en commune IV qui a vu la population porter, de nouveau, sa confiance sur le jeune Mara.
Sous d’autres cieux, il ne fait aucun doute que la défection inattendue de Ben Ali qui a dirigé d’une main d’acier son pays, depuis 1987, a surpris plus d’un observateur. Le mouvement a vite fait de gagner son grand voisin égyptien, où les manifestants, durant des semaines, ont exigé le départ, sans condition, de Hosni Moubarak qui a régné depuis 1981, suite à l’assassinat de d’Anouar el-Sadate. Le même mouvement de soulèvement populaire contre des régimes dictatoriaux, comme un Tsunami, souffle fatalement en direction d’autres pays du Moyen Orient, notamment l’Algérie, la Jordanie, la Libye, le Yémen et le Bahreïn
Certes, si certaines de ces dictatures, si solidement enracinées et, certainement, bénéficiant du soutien des occidentaux à l’instar du Royaume d’Arabie Saoudite et de la Libye de Kadhafi seront difficilement -mais pas impossible- déboulonnées, il n’en demeure pas moins que ce mouvement marquera, à tout jamais, l’histoire politique de cette région. Une région, qui, à la différence de l’Afrique subsaharienne et de l’Europe de l’Est, a échappé à la vague de démocratisation des années 1990 consécutive à la chutedu mur de Berlin et l’éclatement de l’URSS.
Leçon pour les dirigeants
Par ailleurs, et c’est cela l’intérêt de l’histoire, ce mouvement aura montré une leçon fondamentale à nos dirigeants : c’est le peuple qui a toujours le dernier mot. Et ce, quelle que soit la durée du pouvoir ou la résistance avec laquelle les dirigeants cherchent à s’accrocher au pouvoir. Qui aurait pensé, qu’un petit incident, dans un patelin isolé du fin fond de la Tunisie, allait avoir raison d’un régime vieux de plus de deux décennies ? Même l’hegaxone, l’ancienne puissance coloniale qui a gardé des liens très étroits avec ce pays, a été surpris par la tournure des événements. En effet, la dictature, le présidentialisme et la monarchie, pour beaucoup, étaient considérés comme naturel au Maghreb. De ce fait, cette situation, inadmissible du point de vue démocratique et des droits humains était tolérée par les Occidentaux qui y voyaient le meilleur rempart contre l’extrémisme religieux et le gage de la stabilité d’une région à la porte du vieux continent.
Donc vox populi, vox dei signifie que ce que le peuple veut, il l’obtient. De ce fait, les dirigeants doivent bien méditer sur ces événements. D’ailleurs, si ce n’est pas le cas, la désobéissance civile est là pour le rappeler. Laquelle, selon Gandhi, est " le droit imprescriptible de tout citoyen. Qui ne saurait y renoncer sans cesser d’être un homme ".
Mamadou L DEMBELE
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