Ne demandez à aucun Malien d’exprimer ses sentiments sur les derniers incidents enregistrés le vendredi 8 février, au 34è régiment commandos de Djicoroni. De même, évitez d’infliger une torture morale à tout le Mali, en évoquant (nous le faisions malgré nous) le comportement inqualifiable de certains militaires, à Bamako. Le sentiment général est : Humiliation.
Oui, le mot est faible pour traduire exactement ce que le peuple malien éprouve aujourd’hui à l’égard de ces groupuscules de soldats qui, apparemment, n’ont de respect ni pour leur propre image, ni pour l’image de l’armée malienne, encore moins pour celle de notre pays au moment où le monde a le regard tourné vers nous. Surtout, à un moment crucial où de valeureux soldats d’autres pays sont sur notre front, prêts au sacrifice ultime, celui de verser leur sang pour le Mali. Comme Damien Boiteux (première victime de la guerre de libération du Mali) ou ce soldat togolais (premier soldat de la Misma tombé sur le champ de l’honneur). Ils sont venus à Konna, Diabaly, Gao, Tombouctou etc. ; ils sont en mission pour le Mali.
Contrairement à ces vaillants guerriers, qu’est ce qu’on voit à Bamako? Des soldats maliens, qui n’ont visiblement aucune envie d’aller au front, s’offrent en spectacle. Et quel spectacle ? Rien, absolument rien ne peut expliquer, ni justifier les incidents du 8 février au camp para de Bamako.
Indignés, les Maliens disent, simplement, s’en remettre à Dieu. Et tous ceux qui, à Kati, Djicoroni et dans d’autres camps, pensent régner par la terreur, se trompent lourdement. Ils seront, tôt ou tard, rattraper par l’histoire. Et répondront alors de leurs actes.
En attendant, le président de la République par intérim, chef suprême des armées, est vivement interpellé par ces derniers incidents. Dioncounda Traoré est appelé, une nouvelle fois, à sortir de la torpeur et du laxisme. Pour éviter à notre pays le chaos et la désolation, des mesures urgentes s’imposent à tous les niveaux, y compris dans la chaîne de commandement de l’armée. Une armée qui échappe à tout contrôle des autorités de la transition. Et ce n’est pas un discours au ton moralisateur, comme celui prononcé vendredi soir, qui remettra l’ordre et la discipline dans les rangs. Il faut plus que ça, Monsieur le président. Alors, l’Etat doit prendre ses responsabilités, toutes ses responsabilités.
C.H Sylla