Focus :Quand le PARENA parraine le fondamentalisme islamiste

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Ils s’époumonent à décrier l’impréparation des élections de 2012. Les responsables du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), puisque c’est d’eux qu’il s’agit, avec à leur tête Tiébilé Dramé, à force d’ameuter tout le monde autour de la question, vont-ils finir par jeter le Mali en pâture aux fanatismes dévastateurs de quelques religieux ?

Faire ” œuvre utile” en sonnant l’alerte générale pour l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques l’an prochain au Mali. C’est la nouvelle vocation que le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) de Tiébilé Dramé vient de se trouver. Le parti du Bélier blanc, comme à l’accoutumée, ne cesse de remuer ciel et terre pour dire à qui veut l’entendre qu’elle est la formation politique qui se préoccupe le plus ” des grands problèmes de la Nation “. Tout cela, après son échec cuisant de se fondre, pieds et mains liés, dans la mastodonte politique de l’ADEMA-PASJ. Mémorandum par-ci, déclarations par-là, le parti de Tiébilé Dramé se donne à cœur joie à, dit-on, attirer l’attention des plus hautes autorités de la République sur les dangers que le Mali encourt en ne réussissant pas l’organisation de bonnes élections dès avril 2012. Si, a priori, les gesticulations du leader du PARENA et de ses amis sont dignes d’intérêt, le fait de pousser l’outrecuidance jusqu’à mettre sur pied une ” Alliance pour des élections régulières et transparentes (APERT) “ comprenant des organisations religieuses est quasiment un crime de lèse-laïcité de la part de ce parti. L’ex-éphémère opposant Tiébilé Dramé, dont le parti vient de bénéficier d’un strapontin à la tête du département de la jeunesse et des sports, a-t-il mesuré le risque qu’une telle démarche peut comporter pour le Mali ? Une telle démarche ne peut-elle pas entraîner un soulèvement des mosquées et imams pour exiger tel ou tel dans le processus électoral ? Quid d’une possible accointance entre telle candidature et tel groupe religieux. Quid d’un désaccord entre imamats et archevêché ?

En effet, au moment où le Mali, nul ne peut le nier, connaît une forme d’islamisme rampant et où les clivages socio-politico-religieux sont souvent sources de crispations et de déflagrations dans plusieurs pays de la sous-région, on comprend mal comment l’ex-médiateur de l’ONU dans la crise malgache ait pu se méprendre sur ce terrain. Nul ne sous-estime la capacité de nuisance des associations religieuses surtout d’obédience musulmane sur la paix sociale au Mali. Et plusieurs acteurs politiques sont à mille lieues de concevoir que des structures, comme le Haut Conseil islamique, se mêlent au débat politique. Conformément au principe de la séparation entre l’Etat et les courants religieux. Un principe sacro-saint pour la préservation de la laïcité de l’Etat, comme nous l’enseigne Machiavel qui exige que le temporel et le spirituel soit clairement séparés.

Certains observateurs avertis ont eu même à détecter, après plusieurs études et enquêtes, des facteurs susceptibles d’encourager une forme de fondamentalisme sur les bords du Djoliba. L’épisode des soubresauts que le pays a connus lors du vote annulé du Code des personnes et de la famille en est une preuve affligeante.

Il est établi au jour d’aujourd’hui que tous les partis politiques réunis ne peuvent mobiliser les populations comme un Cherif Ousmane Madani Haïdara. Par ailleurs, la démonstration de force que Mahmoud Dicko du Haut Conseil Islamique du Mali et les millions de fidèles de la religion musulmane ont eu à faire au Stade du 26 mars le 22 août 2009 avait donné le tournis à bien d’hommes politique maliens. La respectabilité du président de la République, du président de l’Assemblée nationale, des ministres, des députés avaient été bien écorchée ensuite par des propos peu amènes de certains…prêcheurs.

Au moment où l’intolérance religieuse et le fondamentalisme ont servi de lit pour plusieurs crises sociopolitiques au Nigéria, en Iran, à une moindre mesure en Côte d’Ivoire, au Cameroun, il est plus que dangereux qu’un leader politique de la trempe de Tiébilé Dramé associe à la surveillance de la régularité des élections à venir, les organisations religieuses. Certes, on peut concevoir que le Haut Conseil Islamique, l’Archevêché soient concertés par rapport à la prise de certains décisions politique, mais vouloir en faire “une police citoyenne des prochaines élections “ est une forfaiture trop osée. C’est à la limite une incurie politique que de prêter le flanc à une forme de ” mollahcratie “ (hisser les Mollah aux affaires) au Mali. C’est à croire que le PARENA, plus que jamais préoccupé à piocher une dose de sympathie au sein de l’électorat proche des mosquées, traditionnellement acquis au RPM d’IBK et au CNID-FYT de Me Mountaga Tall, se jette, les yeux fermés, dans son aventure d’ “ objecteur de conscience “ à propos de la présidentielle de 2012.

Il ne reste plus qu’à Tiébilé Dramé et sa troupe de rectifier rapidement le tir en favorisant une coalition des acteurs politiques et en laissant la société civile au sens pur du terme à prendre leurs responsabilités dans la préparation des échéances électorale à venir. Ceci en toute responsabilité.

Bruno D SEGBEDJI

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