Focus : Misérables peuples, Richissimes présidents !

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En plus de la fuite des cerveaux, le continent africain est aussi et surtout confronté à la fuite de ces capitaux. Des milliards de devises amassées par les dirigeants du continent noir renflouent les banques occidentales. Ce n’est pas que la famille Bongo du Gabon, Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville ou Obiang de Guinée équatoriale qui peuvent se reprocher ces immenses richesses amassées au… bord de la Seine

Proudhon ne croyait pas si bien dire en déclarant que "la propriété c’est le vol". Si cette assertion peut avoir son antithèse facilement défendable, il est très aisé de constater tout de même que la propriété insolente, le luxe boulimique ressemble fort à un détournement éhonté des deniers publics. Surtout lorsque cette insatiable accumulation des richesses est faite par le président de la République et ses proches. Un stockage insultant de biens mobiliers et immobiliers loin des misérables regards inquisiteurs des fils du pays. Un pays dont on prétend  pourtant travailler pour le mieux-être. Loin des yeux, des cœurs et des pensées qui somnolent dans le tréfonds du mal-vivre des peuples paupérisés d’Afrique.  Châteaux et villas luxueuses sur la Côte d’Azur ! Qui dit mieux ? Après tout, le surplus des pétrodollars africains doivent servir à quelque chose en banlieue parisienne. Sur le sol français, pays des droits de l’homme où le locataire du Palais de l’Elysée toucherait un salaire de 6 594 euros, soit un peu plus de 4 millions F CFA. Si l’ONU a estimé que la pauvreté est une atteinte aux droits et à la dignité humaine, la misère noire broyée par des populations de pays pillés par leurs dirigeants est simplement un crime contre l’humanité.

Les poursuites judiciaires relancées, mardi 10 novembre 2010, contre trois présidents africains, concernant leurs logements de luxe et avoirs bancaires détenus en France soulève un certain nombre de questions. Pourquoi ces poursuites se sont-elles limitées seulement à Ali Bongo Ondimba du Gabon, Dénis Sassou N’Guesso du Congo-Brazzaville et Théodoro Obiang de la Guinée équatoriale, alors que la liste des "pilleurs de la République" est loin d’être exhaustive. Paul Biya, feux Gnassingbé Eyadema, Mobutu, les présidents José Eduardo Dos Santos, Nino Vieira, Hissein Habré…ont de ces fortunes qui frisent la provocation. On se demande ensuite quel rôle l’Etat français a joué dans ce dépouillement du continent africain de ses richesses au profit du patrimoine français ?

On doit alors saluer le fait que, pour la première fois en France, un juge d’instruction va pouvoir enquêter sur le patrimoine de 3 chefs d’États africains et de leurs proches. Ainsi en a décidé, le mardi 9 novembre, la plus haute juridiction française, la Cour de cassation. À l’origine de cette décision, une plainte déposée par Transparency International contre les chefs d’État du Congo-Brazzaville, du Gabon et de la Guinée Equatoriale. La justice française vient ainsi suppléer à la carence de la justice de nos Etats, vassalisée qu’elle est vis-à-vis des chefs d’Etats. Elle devra aller jusqu’au bout de ses investigations pour rétrocéder les biens mal acquis aux peuples illicitement dépossédés de leurs richesses. N’en déplaise à Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, l’avocat de l’un des indélicats chefs d’Etats qui disait hier que "La Cour de cassation française s’est totalement ridiculisée en se fondant sur des arguments saugrenus " Le procès Elf à Paris en 2003 avait démontré que les revenus tirés du pétrole (des mines en général) profitaient personnellement aux chefs des Etats en question.

Pour les ONG anti-corruption, les "biens mal acquis" des dictateurs mondiaux ne sont pas symboliques mais pèsent des dizaines, voire des centaines de millions de dollars. Transparency International France souhaite les faire reverser au bénéfice des plus défavorisés. On ne peut qu’encourager cette organisation qui a besoin du soutien de la société civile africaine. Histoire de donner plus d’échos à la lutte des peuples d’Afrique pour leur mieux-être.

Tous les tyrans de par le monde et particulièrement ceux du continent africain recoivent, à travers ce feuilleton judiciaire, un avertissement. Ceux qui considérent leurs pays comme des vaches laitières à traire savent ce qui les attend désormais. La bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la délinquance financière sont érigées en norme universelle. L’époque où l’on pompe les caisses du Trésor public national pour se constituer un trésor de guerre à l’extérieur est plus que jamais révolue.

Bruno Djito SEGBEDJI

 

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