Au début de son mandat, le président IBK orchestrait ses voyages avec une ostentation qui donnait le sentiment qu’il était le chef de l’Etat le plus attendu à une conférence ou l’hôte de marque le plus important jamais reçu lorsqu’il s’agissait d’une visite bilatérale. Aux premières récriminations face à ses absences répétées du pays, il avait répondu qu’il faisait le tour du monde “pour dire le Mali” après la crise de 2012.
Il était difficile d’opposer un argument crédible à ce plaidoyer pro domo tant que les faits n’avaient pas fini de prouver le contraire ! Six ans après, le Mali ne pèse plus diplomatiquement ni dans son environnement immédiat, ni dans la géopolitique mondiale sinon à son corps défendant, d’autres puissances ayant décidé de nous transformer en pions sur l’échiquier de leurs intérêts stratégiques.
Désormais, le président IBK voyage sur la pointe des pieds! Il va à Kigali pour le sommet SMART AFRICA et en profite incognito pour faire un saut à Paris. Les 10 ans de la mort de Omar Bongo sont mis à profit pour se rendre à Libreville et sans crier gare allonger la foulée jusqu’à Genève à la conférence mondiale du travail qui coïncide en 2019 avec le centenaire de l’OIT.
C’est un voyage de prestige, sans intérêt, et qui laisserait les Maliens indifférents s’il n’était troublé par les tueries effroyables à Sobane Da dans la commune de Sangha.
Pour des massacres commencés en fin de journée ou en début de soirée le dimanche 09 juin, qui peut comprendre que le président de la République du Mali ne retourne à Bamako que le mardi 11 juin à 17h ?
Les peuples font le sacrifice d’acheter des avions de commandement pour leurs gouvernants afin que dans des circonstances aussi exceptionnelles, ils regagnent le pays dans les heures qui suivent.
Quel Panel de Haut Niveau justifierait de traîner encore à Genève ? Les participants à une telle rencontre, tous informés de la tragédie dans notre pays, ont dû regarder le président malien d’un œil bien curieux !
La fabrique de bobards au service de IBK et de son régime dans les médias a même raconté qu’il se retirait d’un “grand forum sur l’emploi des jeunes au Mali” pour retourner au bercail. Un tel rendez-vous, s’il est avéré, ne peut produire que de la spéculation car il y a longtemps que le BIT ne finance plus directement de projets de création d’emplois mais veille plutôt sur les normes et l’environnement du travail dans le monde.
La douceur de vie à Genève vaut bien quelques mensonges d’auto-justification !
Pauvre Mali !
C H Sylla