Le feuilleton politico-économique entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se poursuit entre Bamako et Accra où les sommets des chefs d’Etat de cette organisation.
Dans ce feuilleton à plusieurs épisodes, l’empoignade entre les deux parties prend de plus en plus l’allure d’un véritable marchandage sur la durée de la transition. Chaque partie y va avec son délai et ses arguments.
La preuve ? Elle figure dans cette partie du communiqué final publié le vendredi 25 mars 2022, à l’issue du dernier sommet des chefs d’État de l’organisation sous régionale.
Il est dit ceci : ” Elle (ndlr : la conférence) note que, lors de la dernière mission du Médiateur de la CEDEAO du 18 au 20 mars 2022, les Autorités de la Transition ont proposé un chronogramme de 24 mois, soit deux (2) ans en plus des 18 mois déjà écoulés…”.
Plus loin le communiqué précise : ” La conférence engage les Autorités de la Transition à s’inscrire dans une période de 12 à 16 mois arrêtée par l’équipe technique de la CEDEAO/ UA/NU pour l’extension de la transition tenant compte des activités nécessaires à l’organisation de l’élection présidentielle. Ce délai complémentaire court à partir du 15 mars 2022…”.
Comme on peut le constater, entre le Mali et la CEDEAO on est encore loin d’accorder les positions et de trouver un accord sur le délai de la transition. Cependant on peut noter des avancées significatives dans les discussions engagées depuis des mois. L’implication d’autres partenaires et organisations comme l’Algérie et l’UA offre l’occasion rêvée aux deux parties de trouver un compromis bénéfique pour tous. Il (ce compris) ne peut et doit être synonyme de capitulation pour l’une ou l’autre partie.
Pour y parvenir, l’Algérie qui propose 16 mois de délai pèsera, sans doute, de tout son poids en vue d’amener les Autorités maliennes à l’accepter. Et contrairement à sa dernière exigence soutenue par Goodluck Jonathan lors de sa dernière mission à Bamako (une transition de 12 mois) les dirigeants de la CEDEAO semblent avoir mis beaucoup d’ « eau dans leur Niamacoudji ». Ils s’inscrivent sur une durée allant jusqu’à 16 mois.
Déjà les chefs d’Etat de l’organisation ont décidé l’envoi du Médiateur à Bamako dans le but de ” poursuivre et finaliser ” les discussions avec les Autorités de la transition sur le chronogramme.
C’est dire que les prochains jours marqueront un tournant décisif dans la suite des négociations. Les Autorités maliennes accepteront-elles finalement les 16 mois ? Possible !
Une acceptation qui peut s’inscrire dans une logique, celle d’obtenir la levée des sanctions prises le 9 janvier 2022 par les dirigeants de la CEDEAO. Afin d’y parvenir les autorités maliennes ont a déjà consenti d’énormes efforts, notamment sur la durée de la transition qui a été revue à la baisse : les 5 ans initialement proposés sont ramenés à 24 mois. Dès lors, il ne serait guère surprenant de voir d’autres concessions déposées sur la table par nos autorités.
Aujourd’hui, il devient impérieux pour nos autorités de trouver une solution à cette crise d’avec la CEDEAO. Cependant, toute solution doit impérativement passer par la défense de l’intérêt du Mali et des populations maliennes.
Or les effets des sanctions de la CEDEAO sont indéniables ! Ils se font ressentir partout : crise financière, hausse des prix des produits, difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires… Or le mois de Ramadan approche à grands pas. Ce qui suscite déjà beaucoup d’inquiétudes au sein des populations. Alors, vivement des solutions urgentes afin de soulager les Maliens !
C H Sylla
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