On aura ressassé tous les faits et gestes qui ont marqué la cérémonie d’investiture du candidat de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) à la présidentielle de 2012. L’on oublie souvent l’acteur principal de ce théâtre, Younoussi Touré, qui, du reste, a été salué solennellement par le nouveau candidat investi.
Rentré tout juste de sa mission à Ouaga en 2003 où il a servi comme Commissaire de l’UEMOA, l’ancien Premier ministre Younoussi Touré s’est retrouvé dans un contexte où naissait l’idée de créer un parti devant faire la politique autrement. " L’objectif était de réunir les démocrates et les patriotes pour les fédérer dans un grand mouvement politique afin de relever les défis qui assaillent notre pays ", se rappelle-t-il. Les contacts et les démarches ont été longuement menés avec les principaux initiateurs dont Soumaïla Cissé que " je connaissais bien et dont j’apprécie beaucoup les qualités de dirigeant rigoureux, un cadre politique compétent. Nos chemins se sont souvent croisés. Quand j’étais par exemple le premier Premier ministre de la troisième République, il était le premier Secrétaire général de la présidence de la République. Quand j’étais DG de la Banque centrale, il était DG de la CMDT… " relève l’actuel 1er vice-président de l’Assemblée nationale. C’est ainsi que " Grand-Frère Younoussi " (comme l’appelle Soumaïla Cissé) a été sollicité pour diriger le nouveau parti.
Durant 8 ans, il a conduit le bateau URD dont l’objectif est d’ "aller à la conquête du pouvoir en mettant en avant un leader politique qui a une grande compétence, de l’ambition pour son pays et qui en a les capacités ". Soumaïla Cissé est, estime Younoussi Touré, ce leader que l’URD compte soutenir pour atteindre cet objectif.
On pouvait penser à un scenario où, ayant dirigé le parti pendant 8 ans, l’ancien Premier ministre finirait par avoir de l’ambition au point de contester le leadership du parrain. Ce qui devrait donner lieu à de chaudes empoignades entre les deux hommes qui se disputeraient la place de porte-étendard du parti pour la présidentielle 2012. A y voir de près, le parcours de Younoussi Touré pouvait lui faire nourrir la légitime prétention, ne serait-ce que de parvenir à se donner une étiquette d’ancien candidat à la présidence de la République. "L’homme affirme que, pour lui, le respect de la parole donnée est sacré. Lorsque j’ai une responsabilité à assumer, je l’assume avec dignité et compétence jusqu’au bout. C’est un principe qui m’a toujours guidé dans tout mon parcours au Mali et à l’extérieur ".
C’est pourquoi le candidat investi et parrain du parti de la poignée de mains, Soumaïla Cissé, n’a pu s’empêcher, lors la cérémonie d’investiture, le dimanche 18 septembre, de saluer l’homme. "Je voudrais, avant d’aller plus loin, que nous puissions tous célébrer l’un d’entre nous. Pour la qualité de son leadership, son sens du consensus et du rassemblement, sa rigueur d’organisation et de discipline, qui ont permis à l’URD de s’imposer sur l’échiquier politique national, en si peu de temps, et de fort belle manière, je vous demande de vous tenir debout pour saluer notre président, le Président de notre parti, le Président Younoussi Touré… ". Tenir debout la grande salle du Palais de la Culture remplie comme un œuf avec des sommités du monde politique et diplomatique (dont des personnalités comme Cellou Dalein Diallo de la Guinée, Séini Oumarou du Niger, Ousmane Issoufi Maïga du Mali) pour saluer Younoussi Touré est un symbole fort à signaler. Un hommage qui mérite des fleurs par ces temps où des ambitions démesurées finissent par polluer l’atmosphère au sein de plusieurs formations politiques.
Soumaïla Cissé en premier et tous les cadres du parti ne cessent de souligner les mérites de Younoussi Touré. Il a su, relèvent plusieurs députés du parti de la poignée de mains, maintenir la cohésion au sein du parti, prêcher le langage de la vérité, lui qui affirme à qui veut l’entendre que «la politique n’est pas de la roublardise, mais l’art de dire ce qu’on pense et de faire ce que l’on dit».
Que dire des rivalités actuelles entre Hamed Diané Séméga et Jeamille Bittar du PDES dans la mesure où le premier affirme avoir contacté le second pour venir travailler à la formation du parti ? Quid des trépidations au sommet de certaines formations politiques comme l’ADEMA?
Toute proportion gardée, l’honorable Younoussi Touré vient de donner une leçon d’humilité et de modestie à certains pans de la classe politique nationale.
Bruno D SEGBEDJI
djitosegbedji@yahoo.fr