Ça y est, Dilma Rousseff est devenue la première présidente du Brésil après son éclatante victoire au second tour de l’élection présidentielle. Une victoire, à n’en pas douter, à mettre au compte du bilan plus que positif et de la popularité de son prédécesseur et parrain, Luiz Inacio Lula Da Silva.
En effet, ce syndicaliste hors-pair est parvenu à se hisser à la magistrature suprême du Brésil, le 27 octobre 2002, devenant ainsi le premier président brésilien de gauche. En promettant, lors de sa prise de pouvoir, " le changement ", Lula n’a pas remis en cause la rigueur budgétaire de son prédécesseur Fernando Henrique Cardoso et a accepté le code de conduite du FMI. En deux années seulement, la situation économique du pays a changé avec l’augmentation de la production industrielle, la baisse du chômage et une croissance soutenue. Toute chose qui a fait gagner en popularité Lula et son gouvernement auprès de la population. C’est dans ces conditions qu’il est réelu le 29 octobre 2006 pour un second mandat avec une nouvelle promesse selon laquelle " sous [son] gouvernement, les pauvres seront traités comme des êtres humains". Et c’est cela qu’il a réalisé en débloquant, en 2007, 2,6 milliards d’euros pour améliorer les conditions de vie dans les favelas. Jusqu’au terme de son mandat, sa cote de popularité n’a cessé de grimper. 80 %, dit-on, un record pour un chef d’Etat en fin de mandat. Raison pour laquelle, la population, même au prix d’une modification constitutionnelle, voulait qu’il reste.
Qu’à cela ne tienne, Lula a décidé de respecter la Constitution à ne briguant pas un troisième mandat. Quel courage, quelle sagacité politique ! Pour autant, l’homme ne quittera pas de sitôt la scène politique brésilienne, car son successeur n’est autre que Dilma Rousseff, son camarade de lutte et dauphine dont il se fera un point d’honneur d’accompagner les premiers pas.
Bref, Lula Da Silva s’en va, mais Lula est toujours là. Plus que tout autre, cet acte, qui relève du génie politique et du plus haut sens du patriotisme, constitue une grande leçon de démocratie pour nos chefs d’Etat africains. Surtout, une leçon pour nos chantres de " la présidence à vie ", ceux qui pensent qu’après eux, c’est le déluge, ceux qui se tapent la poitrine en disant que le destin de la Nation se confond avec le leur. Certains diront que comparaison n’est pas raison, que le Brésil n’est pas l’Afrique, que Lula n’est pas " tiedo bourankè ". Mais, d’autres, clameront que le bon sens est la chose la mieux partagée. Et le bon sens, ici, veut que nos dirigeants cessent de penser à " eux seulement " et de regarder, ne serait-ce qu’un petit temps, le peuple en pliant bagages au terme du mandat à eux confié.
Toute chose propice à la stabilité des institutions, au développement socio-économique et à l’ancrage de la démocratie. Et qui, plus est, conférera respect, estime et gloire au courageux qui s’en ira auréolé de ses immenses réalisations que même la mort ne pourra effacer de la mémoire populaire. De tels exemples, l’Afrique en a besoin, le Mali surtout.
Mamadou Lamine DEMBELE