Dès le lendemain de sa nomination au poste de Premier ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé s’est rendue à l’Assemblée nationale, à l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire d’avril de l’institution parlementaire. Une occasion saisie par le président de l’Assemblée nationale, Pr Dioncounda Traoré, pour lui présenter tous les encouragements des députés, non sans saisir l’occasion pour faire l’inventaire des problèmes du pays dont la résolution doit constituer une préoccupation urgente du nouvel attelage gouvernemental. Dès lors, les propos du président de l’Assemblée nationale sonnent comme une interpellation du tout nouveau Premier ministre pour apporter des réponses rassurantes à ces questions dans le cadre de la déclaration de politique générale très attendue.
En effet, parlant de la nomination de Mme Cissé Kaïdama Sidibé, le président de l’Assemblée nationale ne s’est vraiment pas retenu : “ …Un haut cadre s’il en est dont les qualités personnelles et la compétence sont reconnues au Mali et au-delà de nos frontières. Ces qualités personnelles et cette compétence auraient largement suffi pour expliquer le choix porté sur vous Madame, par le chef de l’Etat “.
Mais le discours du Professeur prend une autre tournure, lorsqu’il affirme : “Je voudrais féliciter et remercier le président Amadou Toumani Touré, artisan de cet événement qui, à notre échelle bien comprise, rappelle un peu l’élection du Président Barack Obama à la Présidence des Etats unis d’Amérique “. C’est vrai car avec l’arrivée d’une femme à la Primature, le Mali franchit ainsi un pas de plus dans le perfectionnement de son système démocratique.
Mais cette comparaison si éloquente est aussi une bonne transition pour interpeller Mme le Premier ministre sur l’ampleur des attentes des populations. Rien n’a été laissé au hasard par le président Dioncounda qui a mis un accent particulier sur la décentralisation ” qui ne saurait gagner en qualité que si les représentants des populations sont choisies par elles et elles seulement sans ingérence troublante de certains tribunaux et juges et sans interventions intempestives de certains membres de l’administration “.
Les préfets et sous-préfets ont eu aussi droit à un coup de griffe de la part du président de l’Assemblée nationale car la dernière trouvaille de ces derniers, selon Pr Dioncounda, ” c’est de s’attaquer aux chefs de villages légitimes et légalement installés pour mettre à leur place, contre toute logique, des personnes de leur choix “.
A ces dysfonctionnements de l’administration, il a ajouté ” les principales préoccupations relatives à l’approvisionnement correct des populations en denrées de première nécessité, aux problèmes de sécurité, de l’école, à la protection de l’environnement, aux réformes politiques et à la bonne organisation des élections de 2012″. Pour ce dernier aspect, il a tenu à préciser : ” Je reste convaincu que la crédibilité de nos élections dépend essentiellement de l’existence d’un fichier électoral fiable “.
Le débat sur la pléthore de partis politiques, plus de cent au Mali, a été aussi posé par Pr Dioncounda Traoré.
Quelles réponses apportera Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé à toutes ces questions ? Voilà un sens profond de la comparaison de son arrivée à l’élection de Barack Obama aux Etats Unis. Ce qui augure déjà un face-à-face intéressant entre les députés et le nouveau Premier ministre lors de la déclaration de politique générale pour laquelle le président Dioncounda en a déjà défini les grands axes. En effet, en attendant le grand oral de Mme le Premier ministre, le discours de Dioncounda sonne comme un défi à trouver des solutions innovantes et efficaces, lancé au successeur de Modibo Sidibé.
Amadou Bamba NIANG