Partir sur une base de rassemblement général des forces politico-associatives qui gravitent autour du président ATT et son projet de développement pour le Mali. Cela devrait être le ferment du PDES. Ce n’est pas encore le cas…
La classe politique malienne est étoffée, au jour d’aujourd’hui, de près 130 formations politiques. Sur cette pléthore de partis, une dizaine dont l’Adema, le Rpm, le Cnid, le Mpr, le Parena, Sadi, l’UM-Rda Faso Jigi, l’Udd, le Miria, le PSP, le Pids, jouit d’une certaine visibilité, en terme d’animation de la vie politique nationale. Les nouvelles formations politiques en chantier, notamment le PDES qui sera lancé demain samedi 17 juillet, chercheront certainement à créer une rupture pour ne pas apparaître comme des partis de trop.
Dans vingt quatre heures, une nouvelle formation politique, frappée du sceau "présidentiel", le Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES) prendra corps et pointera résolument, pour 2012, son regard vers le Palais présidentiel de Koulouba. Point besoin de rappeler que le véritable substrat de ce parti naissant est le Mouvement Citoyen (MC) et les associations qui gravitent autour de lui. Or, il est de notoriété publique que les premiers acteurs du Mouvement citoyen et d’autres cadres du pays, premiers soutiens du général ATT avant et courant juin 2002, ont très tôt pris leur courage à deux mains pour créer leurs partis. Parmi ceux-ci, on peut noter le Parti Citoyen pour le Renouveau (PCR), la Force Citoyenne Démocratique (FCD), l’Alliance pour le Développement Economique et Social(ADES). A ces formations politiques s’ajoutent des personnes ressources qui, depuis longtemps, soutiennent le chef de l’Etat dans l’anonymat.
En prenant l’initiative de jeter les bases du parti présidentiel sous le nom "PDES" en n’y associant pas ces responsables susmentionnés, le président du Comité exécutif National du Mouvement Citoyen, le ministre Ahmed Diané Séméga, prend le risque de causer quelques frustrations "originelles". D’aucuns affirment même que Séméga et ses amis sont simplement en train de "poignarder ATT dans le dos en décidant de coller l’étiquette PDES au parti qu’ils se sont enfin décidés à créer".
D’autres acteurs du mouvement associatif sont, eux, réfractaires à tout militantisme sous une quelconque bannière politique. Comment Séméga, Ousmane Thiam, Hamadaou Sylla, Ndiaye Bah et les autres vont -ils pouvoir canaliser ce beau monde ?
Comment comprendre par ailleurs que, jusqu’à hier 14 juillet, de haut cadres de l’entourage du présidentiel, dont des responsables des formations politiques sus-citées et même du MC disaient n’avoir été informés que par voie de presse, du lancement du nouveau parti. Vous parlez d’invitation, ne serait-ce que pour assister à la cérémonie de lancement ? Ils n’en ont pas reçu, selon nos informations. Et si d’aventure, ils venaient à en recevoir, il est peu probable qu’ils y soient présents. Ils se feraient peut-être représenter. Cela traduit tout l’état d’âme de plusieurs fidèles compagnons d’ATT, depuis les premières heures de ses préparatifs à briguer le suffrage des Maliens en 2002. Méprisés? Marginalisés ? Ils se posent des questions et certains n’hésitent à pas à dire que le PDES partira mal sur le terrain politique dans un tel contexte lourd de suspicions, de "je t’aime, moi non plus".
Quid de la caution morale d’ATT dont se prévalent les initiateurs de ce projet de mutation politique? Le locataire de Koulouba n’a pas, de sources crédibles, vu d’un bon œil la dénomination "PDES" choisie pour le nouveau parti. Préoccupé par la disposition constitutionnelle selon laquelle le président de la République est au dessus de la mêlée partisane, ATT est dans l’inconfort de voir son projet de société pour la Mali (pour ce second mandat), "entaché du sceau de la politique politicienne". C’est ce qu’a confié hier un responsable politique.
Les tergiversations autour de la dénomination ont conduit finalement à illustrer "PDES" par Parti pour le "Développement Economique et la Solidarité/Solidaire ". Histoire de rompre avec, sans grand effet, le "Développement Economique et Social ".
Dans le contexte actuel où l’Adema, le Parena, le Rpm, le Cnid ne cessent d’appeler désespérément à une synergie des forces patriotiques sans pouvoir la concrétiser, le "parti présidentiel" pourra-t-il atteindre ses objectifs en laissant à quai tous ces acteurs? La question reste posée et ATT pourrait contribuer à y répondre
Bruno Djito SEGBEDJI
djitosegbedji@yahoo.fr