Les experts et analystes sont formels : Al Qaïda au Maghreb islamique, bien que nuisible comme toute organisation terroriste, n’est pas ce géant qu’on tenterait de faire croire à travers une certaine presse. C’est un regroupement de quelques hommes, en majorité des Algériens, anciens combattants du Groupe Islamique Armé (GIA) et du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC). Cette centrale terroriste tire sa principale force de la collaboration -forcée ou rémunérée – de populations nomades de la bande sahélo-saharienne et des zones maghrébines contrôlées par le Front Polisario.
L’argent de la drogue et des trafics illicites de toutes sortes, ajouté aux revenus des rançons encaissées lors d’échanges d’otages, constituent un bon trésor pour financer n’importe quelle opération en faisant appel à des services de mercenaires. Plusieurs tonnes de cocaïne, d’héroïne, de chanvre indien, de cannabis venus de Colombie, transitent par l’Afrique de l’Ouest, pour être acheminés par des relais liés à AQMI, vers l’Europe, via la Mauritanie, l’Algérie et le Maroc. Le beau coup de filet que vient de réaliser la police marocaine, en démantelant un réseau par l’arrestation de 34 personnes, en est une preuve suffisante. Le modus operandi des trafiquants est actuellement éventré et tout confirme l’implication active de cellules d’AQMI.
Il était ainsi facile pour des pays comme l’Algérie d’ostraciser les populations Touarègues en les accusant d’être de connivence avec AQMI pour faciliter les opérations terroristes qui couvrent – aujourd’hui c’est clair- un vaste trafic de drogue. Fausses allégations qui ont poussé aujourd’hui ce peuple du Nord-Mali, blessé dans sa chair par ces fausses informations, à défendre son territoire envahi de plus en plus par des gens indésirables qui entravent toute activité de développement.
Une situation qui est en train d’accélérer la mise en place d’unités spéciales de l’armée malienne dans lesquelles seront engagés, aux côtés des forces gouvernementales, d’anciens combattants de la rébellion touarègue, conformément aux dispositions de l’accord de paix signé à Alger entre l’Alliance pour la Démocratie et le Changement (ADC) et le gouvernement malien, en juillet 2006.
Ces unités spéciales devraient être placées sous le commandement de l’armée régulière malienne, qui devra assurer ainsi leur formation et encadrement. Ces jeunes Touarègues, qui connaissent parfaitement le désert, seront d’un appui déterminant pour l’armée malienne dans la lutte contre AQMI.
D’ailleurs, indisposés par les agissements de groupuscules qui se réclament d’AQMI et ne sont en réalité que des trafiquants de drogue, les Touarègues ont décidé de nettoyer la zone. C’est ainsi que des hommes de l’ex-chef rebelle touarègue, Ibrahim Ag Bahanga, ont abattu la semaine dernière 12 narcotrafiquants qui tentaient de faire passer de la cocaïne en provenance du Maroc et à destination de l’Égypte via le Sahara.
Au même moment, Peter Pham, le premier vice-président du Comité national pour la politique américaine, affirme que " le groupe terroriste Al-Qaïda dans le Maghreb Islamique (AQMI) a de plus en plus recours aux mercenaires du Polisario pour mener ses opérations criminelles dans la région du Sahel ". Ainsi, a-t-il précisé : "Durant ces deux dernières années, AQMI a recruté des mercenaires du Polisario, qui sont des combattants aguerris, capables d’assurer le succès des opérations menées par ce groupe terroriste", a souligné cet expert US, dont les propos sont rapportés par la radio Voice of America.
Ce recrutement, a-t-il tenu à préciser, "se fait sur la base de considérations pragmatiques et non idéologiques, car il s’agit d’exécuter des opérations de prise d’otages ou encore de protéger le passage du trafic de drogues transitant par la région du Sahel".
De toute façon , le cas d’Oumar dit Le Saharaoui, arrêté en Mauritanie pour le rapt de quatre Européens, avait reconnu ne pas être un membre actif d’AQMI, mais un simple mercenaire payé par des chefs terroristes pour capturer des otages.
Autant de choses qui ne laissent aucun doute à la connexion entre AQMI et le Front Polisario. Les experts américains avaient avancé cette hypothèse depuis deux ans. Aujourd’hui elle se précise, surtout qu’il se dit que, sous le prétexte d’un soulèvement contre la pratique du paiement de rançons aux terroristes, des opérations pro AQMI sont en préparation à partir des zones contrôlées par le Polisario.
Amadou Bamba NIANG