Dans la plupart des processus électoraux, la Commission électorale joue un rôle de grande importance. C’est pourquoi, pour sa mise en place, aucune complaisance, aucune négligence ne doit avoir droit de cité. C’est pour cela que le Ghana, cité aujourd’hui, avant le Mali, comme un modèle de démocratie, a opté pour un système assez original de mise en place de son "Electoral Commission".
"La commission électorale du Ghana est l’une des rares en Afrique de l’ouest à connaître le succès dans la conduite des processus électoraux, souvent contestés en Afrique ", a conclu une récente étude menée par deux experts de la sous-région, le Pr Ismaïla Madior Fall, Professeur sénégalais de Droit constitutionnel et le politologue béninois Mathias Hounkpé. "Au Ghana, la commission électorale a été incontestablement un succès et tous les observateurs sont d’accord sur ce point ", a affirmé Ismaïla Madior Fall, à l’occasion de la cérémonie de présentation de cette étude sur "les commissions électorales en Afrique de l’Ouest ". Une étude comparée menée conjointement avec le politologue béninois.
Les deux chercheurs ont noté une réelle indépendance de la commission électorale au Ghana. Ce qui, selon M. Fall, a donné des scrutins non contestés, une rareté que le Ghana partage avec le Cap-Vert dans la région ouest africaine.
"Au Ghana les 7 membres (de la commission électorale) sont nommés à vie, ils gèrent la totalité du processus électoral et même le financement des partis politiques" a expliqué l’universitaire sénégalais selon qui, les commissions électorales dans les pays anglophones de manière générale, ont un "statut constitutionnel" et disposent de "prérogatives beaucoup plus importantes que les commissions des pays francophones".
L’actualité de la houleuse mise en place de la CENI au Mali invite à réfléchir. Ceci, dans la mesure où le ministre Kafougouna Koné estime que c’est la classe politique qui n’a pas pu s’entendre pour la fameuse «répartition équitable» des 10 sièges qui doivent lui revenir au sein de cette institution.
Et, lorsqu’il devait s’assumer, le temps pressant, le ministre a offert l’unique poste de l’opposition à un parti membre des PUR, le PSD. Or, les PUR se sont toujours réclamés membres de la mouvance présidentielle. Gageons que la Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne qui a été une boîte à Pandore chez nos voisins ne déploiera pas son effet contagieux vers les bords du Djoliba. Qu’à Dieu ne plaise! Que le Juge, s’il venait à être saisi par l’opposition véritable, ait la juste mesure.
Bruno D SEGBEDJI