Youpi ! Nous avons été des millions de Maliens, d’Africains et de citoyens du Monde à pousser ce cri d’enthousiasme, d’allégresse à l’annonce de la libération de Soumaïla Cissé. Réjouissons-nous tout aussi sincèrement de la fin de calcaire de Sophie Petronin que le combat héroïque de son fils, Sébastien, a su nous faire ressentir au plus profond de nous-mêmes.
Soumi, free at last ! (Libre enfin), à l’issue d’une dramaturgie qui n’aura rien épargné à Assa, à ses enfants, aux frères et sœurs de Soumaïla, à ses amis et camarades, depuis ce maudit 25 mars de son enlèvement jusqu’à l’euphorie contrariée du 06 octobre où l’espoir d’un dénouement s’est évanoui, après quelques heures, dans le sable de Tessalit.
Fort heureusement, le Dieu qui est au Ciel avait entendu le murmure de joie dans nos cœurs et qui n’attendait que le moment M pour exploser. Au final, même ce contre-temps, ces instants de doute ont contribué à rendre le goût de la libération encore plus capiteux. Célébrons cette belle et grande nouvelle avec sa digne épouse, Assa Traoré Cissé, ses enfants et les dizaines de milliers d’hommes et femmes de tous horizons qui ont refusé que le voile de l’oubli recouvre un enlèvement qui a révélé l’ambiguïté, puis la duplicité et enfin le cynisme du régime IBK.
Le président déchu a osé faire un discours à la Nation le 25 mars 2020 pour annoncer le maintien du premier tour des élections législatives malgré le Covid-19, sans la moindre mention à Soumaïla Cissé qui avait été pris en otage quelques heures plus tôt. Cet “oubli volontaire” va alimenter un vrai trouble à la proclamation des résultats truqués des législatives qui ont clairement indiqué une volonté de succession dynastique, la dernière gifle qu’un président illégitime depuis le scrutin de 2018 voulait infliger au Mali.
Un pas supplémentaire est franchi dans le cynisme lorsque les enfants d’IBK ont réduit Soumaïla Cissé à un avatar pour habiller leurs comptes sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook) sans jamais passer le moindre coup de fil de compassion à son épouse (leur tante) et à ses enfants (leurs cousins).
Même Soumeylou Boubèye Maïga qui a aidé sans retenue à voler la victoire électorale de Soumi s’est joint à ce concert d’hypocrisie en affichant la photo de sa victime sur son profil Twitter.
IBK franchira plus tard un nouveau palier dans l’instrumentalisation de la souffrance de Soumaïla Cissé. Sa libération, au cœur des demandes du M5-RFP, va donner lieu à toutes les promesses farfelues sur le retour “bientôt” de son frère, formule qui va inspirer aux Maliens un cinglant “bientôt c’est quand” ?
Jusqu’à sa chute, le président au bilan désastreux a rusé avec l’opinion sur le dossier Soumaïla Cissé. Sa libération, à l’actif du pouvoir de transition, est plus qu’un désaveu, une honte pour le régime IBK.
L’euphorie et les effusions du retour rendent-elles inutiles tous ces rappels ? Loin s’en faut ! Le cas Soumaïla Cissé ou tout au moins sa gestion doit appartenir à ces pratiques dont les Maliens ne veulent plus. Il faut faire la fête mais ne rien oublier !
Et la grande leçon de ces longs mois de captivité est, pour beaucoup de nos compatriotes, d’avoir réalisé qu’ils aiment un peu plus Soumaïla qu’ils ne l’avaient dit et surtout aussi d’avoir la preuve que Soumaïla était prêt à faire pour le Mali le sacrifice de sa liberté que des patriotes au-proclamés n’osaient même pas promettre au pays en songe.
Bienvenue, Soumi !
Sambou Diarra