Focus : Jeu de dupes entre Paris et AQMI

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Paris banalise l’information publiée par la chaîne satellitaire arabe Al Arabiya, selon laquelle, Abou Zeid aurait formulé des revendications presqu’inacceptables et irréalisables pour libérer les sept otages qu’il détient dans la zone montagneuse frontalière du Mali et de l’Algérie. Rappelons que la chaîne satellitaire arabe annonçait que l’Aqmi, qui retient en otage au Mali cinq Français, un Togolais et un Malgache, aurait exigé, en échange de leur libération, que la France revienne sur l’interdiction du voile intégral (niqab, burqa), mais aussi que le Mali s’engage à ne plus permettre des raids français et mauritaniens sur son sol contre Aqmi et que plus d’un million d’euros soit versé pour chacun des otages.

Le gouvernement français affirme n’avoir encore reçu, officiellement, aucune revendication d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). De quelle source proviendrait alors l’information diffusée par la chaîne arabe ? Mystère et boule de gomme ! Toujours est-il que le ministère français des Affaires étrangères s’est refusé lundi à commenter ces informations ainsi que l’annonce du mauvais état de santé de la seule femme otage, Françoise Larribe, l’épouse d’un des cinq Français. On dit d’elle qu’elle serait actuellement mal en point car souffrant d’un cancer .

Visiblement, Paris fait preuve de prudence dans cette affaire des sept otages, dans laquelle chaque camp veut abattre l’autre à l’usure. En effet, les éléments d’Aqmi se trouvent dans une mauvaise posture, parce que cernés de toutes parts par les forces armées des différents pays et survolés par des avions français qui empêchent tout mouvement de troupe. Les terroristes d’AQMI se trouvent obligés de se cloitrer dans leur zone de repli, à la frontière entre le Mali et l’Algérie. L’équation d’Abou Zeid, qui détient actuellement les otages, est de chercher les moyens de sortir de cet étau qui se resserre tous les jours sur lui.

Selon des sources concordantes, AQMI voulait se renforcer avec des renforts devant provenir du Soudan et de la Somalie. Il s’agit d’ex-combattants du Pakistan et de l’Afghanistan qui étaient partis prêter main forte aux islamistes de la corne de l’Afrique. Mais les troupes françaises, avec l’appui des forces de sécurité des différents pays de la bande sahélo-saharienne, sont parvenus à couper les routes que devaient emprunter ces renforts. Les mêmes sources précisent que c’est une sorte de blocus qui est actuellement opéré contre AQMI qui ne reçoit plus ni vivres, ni carburant, ni armes encore moins des munitions.

Il suffit alors pour la coalition anti-AQMI de savoir maintenir cette pression, pour provoquer de profondes fissures dans les rangs des terroristes où l’unité ne serait plus la chose la mieux partagée. C’est alors à croire que les revendications diffusées par la chaîne Al Arabiya ne seraient alors qu’un ballon de sonde lancé par le très stratège Abou Zeid pour jauger les réactions des uns et des autres, avant de l’officialiser. Surtout qu’une de ces revendications, à savoir l’interdiction par le Mali de raids contre AQMI sur son territoire, serait une porte de sortie pour Abou Zeid qui pourrait alors reprendre sa liberté de manœuvre. Certainement que Paris, qui les surveille de très près, n’a pas voulu tomber dans ce jeu de diversion, en se refusant tout commentaire sur cette information.

Pendant ce temps, les services de renseignements sont à pied d’œuvre. "Avec tous les moyens dont disposent les pays occidentaux notamment, il est inconcevable de déclarer ignorer l’endroit où se cachent les intégristes d’Aqmi", a précisé Lyès Boukera, le directeur du centre algérien d’études stratégiques, dans le cadre d’une conférence publique animée lundi dernier.

Selon les études des experts, AQMI est prenable car ne constituant qu’un groupuscule qui ne dispose que de peu de moyens. Ils seraient mois de cinq cent combattants équipés d’un armement léger pour se déplacer très facilement dans le désert. Leur seule arme redoutable réside dans les opérations de minage du terrain pour empêcher une évolution normale des poursuivants. Effectivement, ils provoquent les militaires par des tirs nourris sur leurs positions et se déplacent rapidement après avoir semé des champs de mine dans lesquels ils comptent attirer les poursuivants.

C’est dire que plus le temps passe, mieux la France et les pays voisins de la bande sahélo-saharienne s’informent sur AQMI, se concertent et se préparent à porter l’estocade à l’organisation terroriste qui est consciente de cette situation et s’accroche désespérément sur les otages devenus des boucliers humains. En effet, tant que les otages sont entre leurs mains, ils ne seront pas attaqués. Mais jusqu’à quand durera ce jeu de dupes ?

Amadou Bamba NIANG

 

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