Focus : Coup de chapeau au Gabon ! ou jeu de dupes ?

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En ce qui concerne la présidentielle gabonaise qui vient de consacrer la victoire d’Ali Bongo Ondimba, les cassandres ont dû ravaler leur prédiction parce qu’ils avaient déjà annoncé l’apocalypse. Mais il faut reconnaître que le peuple gabonais mérite un bon coup de chapeau pour avoir fait preuve de retenue, et surtout de maturité afin de ne pas tomber dans le piège du contentieux électoral, alimenté et entretenu pour constituer un terrain fertile à la violence et par conséquent à la déstabilisation de leur pays.

Si du côté des partisans de Jean Ping on a arboré en un moment donné le discours belliqueux comme stratégie politique, Ali Bongo Ondimba a su toujours répondre par le calme et la sérénité, affichant perpétuellement un sourire qui contrastait d’ailleurs avec la mine patibulaire d’en face. Alors, qu’on aime Ali Bongo ou qu’on le déteste, il faut quand même lui reconnaître cette habileté de manœuvre, jusque dans les discours, pour ne pas embraser le Gabon. La crise que cherchait à installer une certaine nébuleuse de “communauté internationale” n’a pas eu lieu. Cette “Communauté internationale” qui a fini de faire ses preuves au Mali où elle s’est présentée en pyromane déguisé en sapeur-pompier.

Quelques heures seulement après la publication des premiers résultats donnant Ali Bongo victorieux, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, demandait, dans la foulée de l’Union européenne que “les résultats des élections soient donnés bureau par bureau “. Ce qui n’est permis par la loi gabonaise. Mais déjà, le chef de la diplomatie française reconnaissait qu’un “doute” s’était installé. Mais ce même doute allait-il exister si Jean Ping était déclaré gagnant ? Rien n’est moins sûr !

Et nous donnons la réponse au journal français “Le Monde” qui écrit : “La réaction rapide et le ton du pouvoir français tranchent avec les silences constatés lors des récentes élections au Congo-Brazzaville et au Tchad, deux autres vieux alliés en Afrique centrale, où les présidents sortants ont été réélus dans la plus grande opacité. Mais signifient-ils pour autant que Paris a lâché Ali Bongo Ondimba ? Trois événements survenus ces derniers mois pourraient le laisser croire, vu de Libreville”.

Plus grave, le Parti socialiste français, avant-même la publication des résultats du vote au Gabon, s’empressait de déclarer dans un  communiqué : “Les premières estimations indiquent que le président sortant Ali Bongo serait battu au profit de Jean Ping (…). Une alternance serait signe de bonne santé démocratique “. Qui parle se découvre !

C’est dire qu’au-delà du scrutin qui est la seule affaire des Gabonais qui doivent laver le linge sale en famille, se pose en filigrane l’intervention intempestive d’une élite française qui tarde à comprendre qu’une certaine Françafrique est passée de mode. En effet, c’en est fini des républiques bananières placées sous tutelle directe de la France et du reste taillables et corvéables à merci. Ce qui nécessitait des interventions intempestives dans le jeu politique de nos jeunes Etats, pour renverser un régime ou  pour imposer un chef d’Etat soit par le bluff des urnes soit par la force.

Mais bref, au lieu de remuer le couteau dans la plaie béante, cherchons à la panser et surtout prendre garde contre la septicémie. C’est pour dire que c’est loin de nous l’idée de juger de la qualité de la gestion publique des affaires gabonaises par le Président Ali Bongo. Ce qui n’est ni dans nos cordes ni de notre ressort, mais il s’agit pour nous de magnifier sa résistance face à “une communauté internationale “ vindicative, parce que rappelée à l’ordre au Gabon, notamment pour défendre les intérêts de ce pays. Ah, l’attrait fascinant du pétrole !

Si à chaque fois qu’un chef d’Etat africain se dressait contre des intérêts d’une des grandes puissances de ce monde on transportait par colis son remplaçant pour l’imposer hic et nunc, l’Afrique ne serait plus, dans quelques années, qu’un mouroir pour ses fils et un réservoir de minerais et autres richesses pour les autres.

Il s’agit donc de ce combat que nous devons désormais mener en Afrique et faire attention à ceux qui, à partir des autres continents s’autoproclament conseillers, amis et partenaires de l’Afrique pour mieux nous duper. Nous devons donc plus de respect et de considération à nos dirigeants que d’autres ne cessent de tenter de dévaluer pour nous distraire et nous diviser ad vitae aeternam.  En effet, sous d’autres cieux, on a vu le respect et la considération donnée à des chefs d’Etat ou d’anciens chefs d’Etat dans ces pays, tout en étant conscients qu’au vu d’actes posés, ils méritaient de se retrouver devant la Cour pénale internationale pour répondre de génocide comme en Libye ou en Irak où on a eu recours à de gros mensonges pour y déverser des milliers de tonnes de bombe.

Ces mêmes chefs d’Etat de pays donneurs de leçons doivent assumer leurs responsabilités sur ce qui se passe dans la bande sahélo-saharienne, suite à l’assassinat de Kadhafi. Ou dans le Proche-Orient après la battue militaire fatale à Saddam Hussein. Mais on laisse tout ceci de côté, comme un sujet tabou, pour nous parler de nos chefs d’Etat, toujours sous le mauvais angle et ils sont d’ailleurs les seuls à être poursuivis par la Cpi. Jusqu’à quand durera encore ce complot contre l’Afrique ?                           

A.B.N.

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