La gifle est monumentale. Devant l’auguste Assemblée Générale des Nations Unies, c’est un Choguel Maïga à l’offensive qui tient à donner, au monde entier, son interprétation du retrait des troupes françaises du Nord du Mali. « L’annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation n’ont pas tenu compte du lien tripartite qui nous lie, c’est-à-dire l’ONU et le Mali en tant que partenaires engagés avec la France sur le front de la lutte contre les facteurs de la déstabilisation. Le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation qui doit être la règle entre partenaires privilégiés n’ait pas été observé en amont de la décision du Gouvernement français », assène le chef du Gouvernement. . « Ensuite, le ton du PM se veut ferme, mais l’agacement est palpable ». « Aussi, la nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autres partenaires, de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer la fermeture de certaines entreprises de Barkhane dans le Nord de notre pays. Cette situation doit également inciter les Nations Unies à avoir désormais une posture plus offensive sur le terrain », a affirmé Choguel Maïga.
Si les propos de Choguel ont été effectivement ressentis à Bamako et partout à l’intérieur du Mali comme une délivrance, ils ont provoqué l’ire chez les Autorités françaises. Et, depuis quelques jours, on assiste à un concert de déclarations émanant de Paris. Mais c’est le Président Macron (réputé pour ses écarts de langage) qui s’est laissé emporter par une ” colère noire” en tenant des propos peu amicaux à l’adresse du Premier Ministre malien. Que dire aussi de l’attitude de l’Ambassadeur de France au Mali qui, dans une correspondance, le 24 septembre 20221, a interpelé le PM par rapport à certains propos qu’il aurait tenus devant des Acteurs de la société civile malienne au sujet de l’intervention française au Mali ? Au-delà, les Responsables français, visiblement paniqués par l’arrivée éventuelle d’autres partenaires dans notre pays, ne savent plus à quel saint se vouer. Dans leur peur-panique, ils dressent d’autres contre le Mali dont la CMA, la CEDEAO, l’Union Européenne et même les USA… Bref, une sorte de coalition mondiale se forme actuellement contre le Mali.
Pourquoi tant d’agitations (excitation ?) à l’adresse d’un pays dont on dit vouloir aider à retrouver la paix ? Les Autorités françaises veulent quoi réellement ? La partition du Mali après sa déstabilisation enclenchée à partir de 2011 par Sarkozy avec la complicité du MNLA et de certains voisins pyromanes comme Blaise Compaoré et Abdel Aziz de la Mauritanie ?
Une évidence : Avec la chute d’un certain Ibrahim Boubacar Kéïta (cet Homme qui a livré le pays à des groupes d’intérêts français dans le seul but de se maintenir au pouvoir), le rêve français s’est fracassé au Mali. Aujourd’hui, les nouvelles Autorités maliennes savent pertinemment le désir des Maliens : Tourner rapidement cette page douloureuse de l’Histoire de leur pays avec son cortège de victimes. Pour cela, les Maliens sont prêts à composer même avec le diable. Et dommage que Macron et les Autorités françaises sont loin de percevoir cette réalité. Ils ignorent carrément l’état d’esprit de ce Peuple dont la patience est mise à rudes épreuves.
Aujourd’hui, la vraie question que se posent les Maliens est celle-ci : la force Barkhane est-elle prête à combattre la horde de bandits, narcotrafiquants et autres djihadistes qui agissent impunément à Kidal, Gao et Tombouctou ? Au-delà, la complicité entre la France et les membres de la CMA est un secret de polichinelle. Ce qui irrite les Maliens.
Et dans ce bras de fer entre les Autorités de la transition et Paris, la rue malienne a, pour sa part, déjà marqué sa désapprobation à l’adresse de cet Allié devenu encombrant !
C H Sylla