Notre pays ne se porte pas mieux qu’il y a deux ans. Pourtant les Maliens, dans leur écrasante majorité, ont voulu tourner la page sombre de 2012 marquée par un putsch militaire et son lot d’atteintes aux droits de l’homme, de désordre et de gabegie financière. Encore plus grave, l’occupation des régions du Nord par des jihadistes et narcotrafiquants et ses conséquences désastreuses sur la vie de nos compatriotes.
Pour sortir de tout cela, des élections présidentielle et législatives ont été organisées pour confier les rênes du pouvoir à celui d’entre nous qui le mérite le plus, au regard de ses qualités et compétences et valeurs intrinsèques. Les Maliens ont choisi de placer leur confiance en mon cousin. Lequel aura peut-être eu le meilleur slogan de campagne parmi les prétendants au fauteuil présidentiel. Il n’avait certainement pas le meilleur programme de société. Il n’en avait même pas. Plusieurs autres facteurs ont joué en sa faveur, notamment sa proximité avec les putschistes qui contrôlaient l’appareil d’Etat.
À l’épreuve de la réalité, mon cousin s’est avéré pire que ses prédécesseurs. Ses promesses de lutter contre la corruption, le népotisme, le clientélisme et la gabegie ont fait long feu. La première déception viendra de la composition de son premier gouvernement où les Maliens retrouveront d’anciennes têtes dont ils avaient cru la carrière politique terminée. Ce n’est pas grave. Mon cousin inaugure une ère nouvelle, celle qui voit ses plus proches parents occuper des postes très importants et l’irruption soudaine et intrigante de son fils sur la scène politique.
Celui qui devait lutter contre la corruption a lui-même été pris la main dans le sac à travers l’achat de l’avion présidentiel. Car de 17 à 20 milliards, on ne sait plus le prix d’achat de cet «oiseau» de malheur qui nous vaut aujourd’hui la suspension de la coopération avec les principaux bailleurs de fonds (Banque mondiale et FMI). Différentes investigations ont montré que cet avion a été acheté à huit milliards de nos francs. Et on sait depuis que mon cousin et sa parentèle ont empoché le reste des 20 milliards.
En un mot, comme en cent, mon cousin a trahi toutes ses promesses de campagne. La conséquence irrémédiable est aujourd’hui son impopularité qui a atteint un pic insoupçonné. Donc, revient-il à mon cousin, de solder ses promesses de campagne. D’autant que tout le monde se rend compte aujourd’hui qu’il a tenu des promesses fallacieuses. Il aura pris des engagements qu’il est incapable de réaliser.
Une certaine transparence sinon éthique politique devrait l’inspirer à revenir au peuple pour lui tenir le langage de la vérité. D’une certaine manière, à reconnaître son imposture et «espérer» l’absolution du peuple et sa sympathie. Et tout son accompagnement. Peut-être.
Pour ainsi dire, mon cousin est incapable d’amener le bateau Mali à bon port. De fait, il n’a rien dans sa caboche.
Issiaka SISSOKO