Mon cousin est devenu sage après avoir essuyé quelques échecs cuisants. En fait, c’est son masque de dur à cuir qui est tombé. Celui qui voulait se faire passer pour quelqu’un qui ne recule devant rien, a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur. Enfin, il a mis beaucoup d’eau dans son vin.
Il se montre désormais moins patibulaire, moins sévère, plus accommodant, plus conciliant. À la limite, il invite à la modération. J’ai noté dans son vocabulaire récent des mots que je l’aurais cru incapable de prononcer : il désigne maintenant les membres du Mnla comme ses frères armés.
Mon cousin a dû comprendre que les menaces stériles et autres chantages vains sont contre-productifs dans la gestion du pouvoir. Laquelle demande une certaine hauteur de vue et une capacité de transcendance de ses propres limites. C’est dommage qu’il ne l’ait compris «que» maintenant !
Entre-temps, mon cousin nous a fait perdre beaucoup de temps, nous a fait perdre des acquis importants, nous a conduits dans le chaos. Encore que ne soit claire une quelconque issue à la crise du Nord de notre pays ! Tant atermoiements interrogent sur les capacités de mon cousin à nous conduire à bon port.
Si j’ai toujours douté de ses capacités de rassembleur, je n’ai en revanche jamais osé le traiter de «fou». Qualificatif qui laisse envisager une incertaine incohérence dans sa façon de faire et d’agir, et même de penser ou de se comporter. Je n’ai pas franchi ce pas, mais son propre fiston l’a fait. Demandez à Chato, si je mens ?
Cousin, j’ose espérer que tu auras appris de tes erreurs, que tu n’es autre que celui que les Maliens ont élu à la magistrature suprême. À ce titre, tu leur dois respect et considération, même pour ceux qui n’ont pas voté pour toi, d’autant que sans ces derniers, ta victoire n’aurait jamais eu la saveur qu’on lui reconnaît.
Pour te relever et éviter d’avoir le deuxième genou à terre, il faut y penser sérieusement.
Issiaka SISSOKO