Au cours de ces dernières décades, les mois de mars auront été des mois d’évènements remarquables sinon capitaux pour notre pays. En effet, dans les années 80, à la faveur des manifestations d’élèves et étudiants qui réclamaient à l’époque de meilleures conditions d’études, leur leader Abdoul Karim Camara dit Cabral, âgé de 25 ans, a été sauvagement assassiné. C’était le 17 mars de l’année 1980. Dans les années 90, au moment où le vent de la démocratie et du multipartisme soufflait sur tout le continent africain, une horde de militaires tira sur une foule de manifestants causant des dizaines de morts. C’était le vendredi 22 mars 1991, le vendredi noir. Quatre jours après ces évènements macabres, une jonction de militaires et de civils patriotes eut raison du régime du général président Moussa Traoré. C’était le 26 mars. Vingt ans après l’instauration de la démocratie, un obscur capitaine de l’armée, Amadou Haya Sanogo mit fin au mandant d’un président élu. C’était le 22 mars 2012.
De tous ces évènements, c’est celui du 26 mars 1991, qui a certainement marqué l’histoire récente de notre pays. Il a constitué la rupture la plus significative pour notre peuple en ce sens, qu’il a libéré toutes les énergies et, du point de vue institutionnel, cet évènement a permis de renouer avec le pluralisme qui était tombé en disgrâce au cours de la première République qui, bien que multipartiste dans ses institutions, était monopartite de fait ; sans parler de la deuxième République qui était constitutionnellement monopartite.
Si les thuriféraires de la deuxième République dans une récente publication ont essayé de redorer le blason de leur régime et de son chef, c’est qu’il y a eu de la part des acteurs du mouvement démocratique une démission collective. Après leur expérience de gestion du pouvoir, il y a eu chez les acteurs du mouvement démocratique comme une espèce de ressentiment de malaise, de mauvaise conscience. Sinon comment comprendre qu’un parti comme l’Adéma/PASJ, n’ait pas eu le courage de publier son bilan de gestion de dix ans ? C’est comme si ses dirigeants en avaient honte ! Par respect pour le peuple malien, ils auraient dû avoir les courages politique et intellectuel et rendre compte. Car, une des pierres angulaires de la démocratie n’est-elle pas pour l’élu, le dirigeant, de rendre compte de ses activités au peuple au nom duquel il a agi ?
Comment comprendre que des dirigeants de ce parti de l’espoir rasent le mur ou que ses responsables se clochardisent en s’alliant à tout détenteur du pouvoir ?
A lire les déclarations des acteurs du 26 mars publiées dans la presse écrite ou à la radio, de la semaine dernière, ceux-là même qui ont eu à gérer ce pays depuis 1992, parlent encore à l’impersonnel. Ils n’ont jusqu’ici pas le courage de situer leurs responsabilités. C’est très facile de dire que nous sommes tous responsables !
Mars 1991- mars 2016, cela fait 25 ans que le peuple s’est soulevé contre une dictature de type fasciste, et instauré la démocratie, n’en déplaise à ceux qui, aujourd’hui en usent pour magnifier leur chef qui est tout, sauf un démocrate. Mais les évènements d’il y a 25 ans, la majorité des Maliens les ignorent et pour eux, ce qu’ils retiennent, c’est ce qu’ils ont vécu ou vivent actuellement et en cela, ils n’ont jamais vu de dirigeant « qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait ! »
Wamseru A. Asama