Depuis samedi 27 mai 2017, correspondant au 1er jour du 9ème mois de l’an 1438 de l’Hégire, le monde musulman est entré dans une période sensée être de piété et d’adoration intense de Dieu, de multiplication de gestes de solidarité et de bienfaisance par les plus nantis envers les plus démunis.
Qu’en est-il du comportement des maliens pendant ce mois ?
D’abord les jeunes ; dans leur tenue vestimentaire ou leur « look » – pour employer leur terme – on constate une grande mue surtout chez les femmes, jeunes et plus âgées. Les pantalons, robes courtes, décolletées, moulantes et autres tenues sexy sont remplacés par des tenues amples traditionnelles ou importées du Moyen – Orient. Les femmes en tchadors et burqas, hijabs, abaya et autre niqab que l’on voyait rarement dans les rues deviennent plus nombreuses.
Pragmatiques, les hommes d’affaires maliens ayant vite compris ce nouveau phénomène vestimentaire se ravitaillent bien avant le mois de ramadan. Dans les échoppes, on en voit de toutes les variétés et de toutes les couleurs. Passé le mois de ramadan, ces tenues sont rangées dans des placards, oubliées pour la plupart.
Les garçons ne sont pas en reste, ils portent plus régulièrement les tenues traditionnelles ou venues aussi d’Arabie, avec quelques fois des keffiehs à la mode moyen-orientale.
Dans la pratique quotidienne, surtout dans l’administration publique, il y a un zèle et une apparente rigueur dans le respect des heures de prière. Il n’est pas rare d’attendre un agent, parce que, dit-on, il prie.
Presque toutes les mosquées font le plein à cette période, même au moment des prières de l’aube, notamment celles des quartiers résidentiels. Dans ces quartiers, surtout au moment de la rupture du jeûne, il y a une affluence remarquée de mendiants. Une occasion pour eux de s’empiffrer gratis.
Dans cette œuvre de bienfaisance surtout dans les mosquées, certains bienfaiteurs filment les scènes de distribution de nourriture pour, nous di-t-on, leurs partenaires d’Arabie ou des émirats arabes qui sont généralement leurs bailleurs de fonds. Ces grands mendiants ailleurs et nababs chez eux, sont encore plus expansifs, plus ostensibles dans leur largesse.
Une autre pratique qui était symbolique et qui devient ruineuse est le don « du sucre pour le ramadan » pour les jeunes gens et « le repas de rupture de jeûne » pour les jeunes femmes. Il arrive que cela crée des tensions dans de jeunes ménages. La femme exigeant de son mari qu’il amène du sucre dans famille paternelle et qu’il lui donne de l’argent afin qu’elle puisse préparer des repas de rupture du jeûne. Faut-il tout çà pour adorer Dieu ?
Si on ne prend garde, au lieu d’être un mois de piété, de solidarité et d’adoration de Dieu, le mois de ramadan risque d’être un mois de cauchemars pour les fidèles, notamment jeunes.
Malgré tout, ramadan Moubarak, béni ramadan, chers lecteurs et lectrices !
…sans rancune
Wamseru A. Asama