Faites entrer l’accusé

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Lorsque rien ne va plus, on se complait toujours à trouver des boucs-émissaires, le parfait dindon de la farce. Alors, la responsabilité cède la place à la facilité et la lucidité cède place à la fausseté et à la contradiction. Chacun est responsable mais personne n’est coupable. Tout le monde est coupable mais personne n’est responsable. En terme moins élogieux, ça s’appelle du dogmatisme pur.  Dans un tel régime d’insouciance, la lâcheté s’impose en maître absolu poussant au dehors avec bassesse toute mesure, toute conscience, tout devoir.

Dans un tel régime, on prétend dire la vérité en mentant. On prétend rassembler avec des mots qui divisent.

Comment le bien et le mal peuvent-il être époux heureux avec la promesse terrible, qu’une telle union va engendrer une progéniture vivace prospère et envieux ? Quel prophète ou quel ange envoyé par le souverain Dieu a-t-il déjà transmis un message aussi fallacieux ? Bien au contraire, aucun des textes des livres saints n’ont jamais prescrit une telle turpide car DIEU a toujours appelé les hommes à la raison et à la responsabilité. Nous tentons de nous cacher derrière la lune pour ne pas avoir à assumer nos propres responsabilités.

Ainsi faites entrer l’accusé ! Toujours celui-ci, toujours celle-là, toujours ceux-ci mais jamais nous : aucune rétrospection. Nous avons une jeunesse paresseuse, inculte dont la majorité ne pense qu’aux grands cabarets de la ville avec tout son lot de plaisir. Une jeunesse qui va de gauche à droite, exactement comme un terrain de formule 1, attirée par le seul plaisir que peut apporter le jour et les richesses de la nuit.

Les réseaux sociaux ont éteint pour la plus part notre capacité d’analyse et de réflexion. L’intelligence, la vertu, la dignité n’ont plus droit de cité, seul compte l’appât du gain facile.

Tout le monde parle (une forme de liberté d’expression ostentatoire), chacun critique mais quand il s’agit de se prendre en main, tout le monde reste dans sa zone de confort (femmes, enfants, chevaux thésaurisés, maisons). En réalité, si le peuple ne sort pas de ses demeures, aucun ange ne descendra pour faire le boulot à sa place. Chaque homme est l’artisan de son propre destin. La meilleure façon d’échouer à un examen est de ne pas apprendre ses leçons et compter sur l’aide de DIEU pour réussir.

Aujourd’hui, nous n’apprenons guère nos leçons et nous aspirons malgré à de meilleures notes. Un esprit sans doute dogmatique au détriment de la rationalité. C’est comme ça que nous allons préparer notre avenir pour le bonheur et la grandeur du Mali ?

Quand la nation brûle, la jeunesse batifole. On prend à témoin pour deux secondes nos statuts, publiant nos compassions. Cependant la minute d’après, nous passons aux mariages mondiaux, aux baptêmes planétaires, aux anniversaire galactiques. Où est la véritable compassion ? Le tissu d’une nation.

Nous rions lorsque le malheur nous épargne, nous et notre cercle rapproché et nos visages ne s’assombrissent que lorsqu’il nous atteint. Les leaders de cette jeunesse font à la course aux intérêts, incapables de se rassembler autour d’un projet commun et d’un idéal.

En réalité, si nous ne sommes pas capables de porter individuellement, le deuil de chacun de nos concitoyens, dans les moments de tragédie, parce que cela aurait pu toucher chacun d’entre nous, alors résolument, nous ne sommes pas une nation mais un groupe d’individus établis sur un territoire.

Donc faites entrer l’accusé, trouvons le coupable idéal, toujours, encore et pendant ce temps, nous prenons le risque, de voir disloquer, le seul pays que nous avons en partage. Nous n’en aurons pas d’autre.

Chaque dirigeant reste l’image vivante de son peuple. Quand le troupeau est faible, il laisse carte blanche au berger dans ses actions. En revanche quand il a du caractère, souvent le berger lui-même le fuit.

Alors soyons le changement que nous voulons être (Gandhi) ou trahissons nos serments quand de l’hymne national chante « A ton appel Mali ».  Comme le disait Frantz Fanon «Chaque génération découvre dans une certaine opacité sa mission, l’accomplir ou la trahir ».Une chose est sûre : il n’y a jamais de réussite sans sacrifices.

Une contribution de Hamidou DOUMBIA

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