Le Mali qui est un pays riche de sa tradition séculaire, de ses us et coutumes, ne peut échapper aux effets de la mondialisation. Reconnu autrefois sur le plan international pour sa tradition orale dont les grands maîtres sont les griots et les cantatrices, à qui on offre lors des cérémonies et autres manifestations des présents y compris de l’argent, cette donne est de nos jours mal interprétée par des jeunes maliens qui, se calquant sur le modèle ivoiriens, ont adopté ce qu’ils appellent eux-mêmes le “farotage”. Un système qui les conduit souvent vers des vices.
Dans les cérémonies traditionnelles et officielles, les gens ont coutume de jeter des billets de banque sur les griots ou les cantatrices qui font leurs éloges ou qui les épatent par leurs prestations. En Côte d’Ivoire, les DJ ont développé un système similaire avec leur “farotage” et leur “travaillement”. Copiant “bêtement” ce modèle ivoirien, des jeunes maliens se lancent souvent dans des mésaventures. Il faut avoir à tout prix de l’argent pour aller “faroter” lors des mariages,des baptêmes, dans les maquis et les boîtes de nuit. Et comment trouvrer ces sous? C’est là tout le problème pour se faire voir, se rendre important, incontournable, au “centre du monde”. L’égocentrisme exacerbé! Or, on n’a pas les fleurs, on ne gagne pas le paradis en jetant des liasses de billets en soirée.
Pour satisfaire donc leur égo, ces jeunes s’adonnent facilement à la délinquance, aux pillages, aux braquages et aux vols parfois même à mains armées. Et une fois l’opération réussie, direction le maquis. Alors là, on s’entoure des plus belles gos, on “farote” et on emmerde tout le monde. Quelle éducation!
Non, dans un pays pauvre comme le Mali, on ne peut pas comprendre qu’un tel phénomène puisse prendre le pas sur la lutte contre la pauvreté tant prônée par nos plus hautes autorités et sur nos riches valeurs que nous ont léguées nos devanciers. “Les jeunes d’aujourd’hui n’aiment pas travailler; il aiment plutôt le gain facile. Si tu les vois bousiller de l’argent comme ça, tu croirais qu’ils sont tous devenus des Bill Gate, mais en réalité ce ne sont que des voleurs et des vagabonds”, me confiait un vieillard suivant une scène de démontration de “farotage” des jeunes dans un maquis sis à l’ACI 2000. Où allons-nous donc à cette allure. Il y a lieu de craindre que nos jeunes ne s’érigent définitivement en “faroteurs-fainéants-délinquants-voleurs”…
Bruno LOMA