Les élections générales de 2012 seront un test grandeur nature pour notre jeune démocratie. Il s’agira de vaincre ou de périr. Vaincre, en prouvant à la face du monde que notre pays, terre du Djatiguiya, a atteint une certaine maturité politique. Périr, en basculant dans le chaos comme ce fut le cas de la Côte d’Ivoire qui continue de panser ses plaies nées de la crise post-électorale.
Sur ce dernier point, il y a lieu d’avoir peur, surtout quand je vois cette classe politique malienne déjà en transe et qui s’agite par rapport aux élections générales de 2012, notamment par rapport à la présidentielle. Il me paraît que cette classe politique est trop pressée de voir ATT quitter Koulouba.
Et dans cet empressement, elle n’arrive pas à s’entendre sur plusieurs points. Elle va trop vite en besogne, alors que des élections réussies et apaisées nécessitent un minimum de consensus autour de l’essentiel.
Oui, j’ai peur que l’année 2012 (année électorale) ne soit un fiasco pour le Mali comme le prédisent déjà certains «politi-chiens». Selon ces «oiseaux de mauvaise augure», les dés sont déjà pipés et il n’est pas possible que le Mali échappe au «syndrome» ivoirien.
En effet, certains de ces prétendants au fauteuil de Koulouba sont déjà en précampagne et se font entourer, pour leur sécurité, non pas de policiers, mais d’une horde de gros et petits bras. Ces derniers n’ayant aucune formation, ne connaissent que la violence et les casses. On se rappelle encore des casses et du vandalisme qui avaient suivi le match Mali-Togo du 27 mars 2007 comptant pour les éliminatoires de la CAN Ghana et qui avaient fait de Bamako une ville fantôme.
Je me souviens aussi que tout récemment, un de nos confrères a bien failli perdre ses mâchoires au CICB lors de la déclaration de candidature de Mamadou Jigué dit Jeff, alors qu’il était en direct sur les ondes de la Radio Jèkafo et qu’il tentait d’interviewer «leur président Jeff». Il est donc fort à craindre, au regard du feuilleton ivoirien, que ces loubards, nourris et entretenus gracieusement par leurs mentors, ne s’érigent en milices privées armées capables de semer la peur et la zizanie au terme de la présidentielle de 2012, au cas où celle-ci venait à être contestée.
Or, on sait que l’Etat malien a déjà trop de problèmes auxquels il doit faire face : front social en ébullition, crise scolaire, menace d’AQMI, narcotrafiquants dans le désert malien, rébellion touareg encore non éteinte, ex-militaires maliens qui étaient aux côtés de feu Mouammar Kadhafi balayé par la «tornade» de l’OTAN et du CNT libyen…Il y a trop de problèmes. Autrement dit, il ne faut pas ajouter un autre problème à ceux que le Gouvernement malien peine encore à résoudre, en cultivant des milices de loubards.
Un candidat sérieux qui prétend présider aux destinées de notre pays, n’a pas besoin de loubards. Oui, cela me fait peur, surtout quand je me rends compte qu’ils sont déjà très nombreux à se déclarer, ces candidats non sérieux qui n’arrivent même pas à gérer leurs propres familles et qui veulent jouer à la comédie et à la pagaille.
Bruno LOMA