«Le laboureur et ses enfants. Travaillez et prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins. Un riche laboureur sentant sa mort prochaine, fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage que nous ont laissé nos parents. Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l’endroit. Mais, un peu de courage, vous le fera trouver. Vous en reviendrez à bout…». Ce sage conseil du célébrissime écrivain français, La Fontaine, résume tout de ce que le Créateur attend de l’homme : travailler pour gagner honnêtement à la sueur de son front.
Nos devanciers, l’ont vite compris. Eux qui ont versé leur sang, leur sueur et leurs larmes pour que notre pays soit ce qu’il est aujourd’hui. En témoigne leur farouche résistance à la pénétration coloniale, avant de tomber les armes à la main, à l’instar de Soundiata Kéïta. Ils ont donc fait preuve de patriotisme, de civisme, de courage, d’endurance, d’abnégation et d’assiduité. Il fallait travailler, travailler et toujours travailler pour mériter l’estime du peuple.
Mais, la génération actuelle ne semble pas avoir bien compris cette leçon, car elle a déformé l’héritage que lui ont légué ses devanciers, à telle enseigne qu’elle a perdu tous les repères. En effet, d’aucuns estiment de nos jours que ce n’est pas le travail qui paye. Pour gagner sa vie et devenir rapidement riche, il faut savoir être un bon tricheur, un bon menteur et un excellent malhonnête. Rien de plus. «Reste là-bas, tu crois que c’est en travaillant beaucoup que tu seras riche. Tchiè, mon ami, si je trouve le bon bout, moi aussi je vais voler», fulminent certains jeunes dans leurs grins.
Autant dire que «la volecratie» s’est érigée en mode de gouvernance dans notre pays. A commencer par ces «Boss» dont bon nombre roulent dans de grosses bagnoles luxuriantes, prenant des vacances pour aller se balader en Europe avec leurs maîtresses et s’offrant des diners de galas, des mariages et autres activités budgétivores, aux frais de l’Etat. C’est ainsi que la corruption, la gabegie et la délinquance financière se sont installées au sommet de l’Etat.
Ce qui est le plus choquant dans cette histoire, c’est que ces «voleurs de la République» ne sont pas souvent inquiétés, puisqu’ils sont dans un réseau mafieux, dans lequel il ne faut pas chercher à fourrer votre nez. Pour donner l’impression de lutter contre la délinquance financière et les vols, il faut tout simplement, et toujours, attraper «les petits poissons», même les petits voleurs de mégots de cigarette du grand marché de Dabanani, et les foutre en prison. Pendant ce temps, les détourneurs des deniers publics fanfaronnent en menant par-ci, par-là quelques «actions de solidarité», histoire de se faire davantage des renoms et une certaine popularité.
«Il faut gagner malhonnêtement sa vie». Certains jeunes en faisant du «copier-coller» de ces mauvais «Boss», s’adonnent au gain facile de l’argent. Les raccourcis ? La vente de la drogue et des stupéfiants, celle des armes, les vols à mains armées, l’escroquerie, le vandalisme…L’école n’est pas leur problème. On sait encore là que quelques-uns de ces jeunes qui tentent de sortir le nez de l’eau, sont pour la plupart des enfants des pauvres. Quant à ceux des riches, vous ne les verrez pas au pays. Car, ils étudient en France, en Allemagne, aux USA…avec souvent l’argent de leurs parents détourné dans les caisses de l’Etat. En ce qui concerne, les enfants des moins riches, leurs parents, constatant leurs carences intellectuelles notoires, ne peuvent que leur acheter les diplômes, en complicité avec des hauts cadres de l’administration en charge de l’éducation.
Idem dans le domaine de la santé où certains cadres haut placés n’hésitent pas à détourner l’argent de l’Etat destiné à soigner les malades du paludisme, du Sida, du choléra, de la tuberculose…Non, permettez-moi que je puisse m’arrêter ici, car le présent est trop sombre et l’avenir se présente à mes yeux comme un «enfer» pour les générations à venir. N’anticipons pas la fin du monde dont parlent certains textes bibliques et ne nous conduisons pas nous-mêmes à l’enfer du Satan, en étant pourtant sur la terre des hommes.
Bruno LOMA