Et le salut vînt par la CEDEAO

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La CEDEAO a été une chance inespérée pour sauver la démocratie malienne en voie d’être confisquée et remisée au rancart par une junte militaire déboussolée par les défaites successives de l’armée malienne au nord. Elle apparait comme une alliée indispensable pour la reconquête de notre intégrité territoriale chaque jour un peu mise à mal par les bandits armés et des groupes islamo-terroristes.

Saouti Labass Haïdara, Dirpub L'Indépendant

En moins d’une semaine, la CEDEAO aura réussi à peser, de façon d’autant plus remarquable qu’inattendue, sur le destin du Mali précipité dans une période d’incertitude sans précédent.
Le 26 mars 2012, à l’initiative de son nouveau président Alassane Dramane Ouattara, elle se réunit en sommet extraordinaire à Abidjan pour examiner la situation au Mali, marquée par le coup d’Etat militaire survenu le 21 mars précédent et la rébellion qui, profitant du vide du pouvoir créé à Bamako et de la déliquescence de la chaîne de commandement, gagne du terrain au nord du pays. Les résolutions qui  l’ont sanctionné constituent «un signal fort donné à l’ensemble de l’Afrique et au monde sur la capacité de la CEDEAO à se pencher sur ses problèmes et à prendre les décisions et les initiatives qui renforcent sa stabilité, sa cohésion et son unité » comme l’avait souhaité le président ivoirien à l’ouverture des travaux. Se fondant sur le protocole additionnel de la CEDEAO relatif à la démocratie et la bonne gouvernance qui stipule  « la tolérance zéro » en ce qui concerne l’accession ou le maintien au pouvoir par des voies anticonstitutionnelles, le sommet a condamné sans équivoque le renversement du gouvernement démocratique du président Amadou Toumani Touré, nié toute forme de légitimité au  « Comité National de redressement de la Démocratie et de Restauration de l’Etat » (CNRDRE) et exigé le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel . Il a prononcé la suspension du Mali de tous les organes de prise de décision de la CEDEAO avec effet immédiat, rendu le CNRDRE responsable  de « l’intégrité physique et de la sécurité du président ATT » exigé de lui la libération des détenus politiques.
Le sommet d’Abidjan a aussi décidé de l’envoi, dans un délai de 48 heures, d’une délégation de haut niveau au Mali pour  « permettre le retour rapide à l’ordre constitutionnel » ainsi qu’une délégation de sept chefs d’état major en vue de sensibiliser la junte sur le retour à l’ordre constitutionnel, l’informer sur les récentes décisions envisagées pour aider le Mali à préserver son intégrité territoriale, apprécier  la situation militaire sur le terrain et la chaîne de commandement, informer le CNRDRE d’éventuelles sanctions auxquelles il s’expose en cas de non respect des décisions du sommet.
Enfin les chefs d’Etat ont autorisé « la montée en puissance de la force en attente de la CEDEAO pour parer à toutes éventualités ».
Le 28 mars, au matin, les avions transportant les chefs d’Etat mandatés par le sommet d’Abidjan (Alassane D. Ouattara de Côte d’Ivoire , Yayi Boni du Benin, également président de l’Union africaine, Blaise Compaoré du Burkina-Faso nommé médiateur par ses pairs, Mahamadou issoufi du Niger et Eilen Sirlif Johnson du Libéria) sont dans le ciel malien lorsque leurs illustres occupants sont informés que des manifestations hostiles à leur présence ont lieu aux abords et même dans l’enceinte de l’aéroport de Bamako Sénou. Il leur est vivement déconseillé de faire atterrir leurs aéronefs pour des raisons de sécurité et ils décident de se retrouver à Abidjan où ils se tiennent un sommet spécial au salon d’honneur de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. Les sanctions tombent. Elles portent manifestement la trace de l’affront, voire de l’humiliation qu’a constitué, aux yeux des chefs d’Etat, le fait qu’ils ont dû renoncer à se rendre à Bamako à cause du comité d’accueil qui les y attendait.
Un ultimatum est fixé à la junte malienne. Elle doit quitter le pouvoir et rétablir légalité constitutionnelle dans un délai de 72 heures, c’est-à-dire jusqu’à ce lundi à minuit. Faute de quoi un embargo diplomatique, économique et financier serait appliqué au Mali. La conséquence en aurait été catastrophique. Isolement du Mali au moment où il aurait besoin que toute la sous-région s’exprime d’une seule voix pour plaider son unité et son intégrité territoriale auprès de la communauté internationale. Ralentissement voire cessation de l’activité économique avec la fin des importations des produits de toutes natures (à commencer par les produits vivriers, les médicaments et les hydrocarbures) et les risques d’explosion sociale qui y sont rattachés. Avec  le gel des comptes publics à la BCEAO, l’Etat serait bien en mal d’assurer le fonctionnement normal de l’administration, le paiement régulier des salaires des fonctionnaires, des soldes des militaires, des bourses des étudiants.
Ces sanctions draconiennes n’ont pas dû être prises de gaieté de cœur par les chefs d’Etat de la CEDEAO, en témoigne la durée inattendue des échanges : cinq heures d’horloge au lieu des deux initialement prévues. Mais elles n’ont pas tardé à montrer leur efficacité. Dès  leur annonce, les nouveaux tenants du pouvoir à Bamako ont compris à quoi ils exposaient leur pays : la désintégration, la misère, l’instabilité chronique sur fond de violence. C’est pourquoi ils ont vite envoyé  des émissaires auprès du médiateur Compaoré. D’abord pour lui présenter des excuses pour l’incident qui s’est produit à l’aéroport de Bamako Sénou. Ensuite pour lui dire de façon claire que la junte est d’accord pour rétablir la légalité constitutionnelle dans le délai prescrit par la CEDEAO.
Il faut donc saluer cette organisation pour sa contribution précieuse dans le rétablissement de la démocratie au Mali. A en juger par la toute première déclaration du capitaine Amadou Aya Sanogo sur africable, on était parti pour une longue, très longue période de transition puisqu’il affichait la prétention de s’occuper de tous les maux dont souffre le Mali : le malaise de l’armée bien sûr, mais aussi les dysfonctionnements de la démocratie, l’affaissement de l’autorité de l’Etat, la faillite de l’école, les carences du système de la santé, le chômage des jeunes, la mal vie des femmes, la vie chère etc.…
Maintenant il reste à être vigilant quant aux modalités de retour à la vie constitutionnelle normale. La voie la plus simple pour y arriver est, comme Djibril Bassolé, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, l’avait suggéré en son temps, de désigner le président de l’Assemblée nationale, le Pr. Dioncounda Traoré, président intérimaire de la République. Dans l’hypothèse où, bien sûr, ATT n’est plus intéressé par la fonction pour les quelques semaines qu’il lui reste. Et aussi pour rassurer ses tombeurs. Ce choix a l’avantage de rester en phase avec  la Constitution de 1992 qui vient d’être rétablie.
Une fois installé dans ses fonctions de premier magistrat, Dioncounda va désigner à son tour un Premier ministre. Le choix de ce dernier ainsi que les membres du gouvernement qu’il est censé former peut faire l’objet de concertations entre les partis politiques représentés à l’Assemblée (on ne s’en sortirait pas avec les 172 partis politiques détenant un récépissé) les organisations de la société civile les plus reconnues, les deux centrales syndicales l’UNTM et la CSTM, le Haut Conseil Islamique du Mali, le Clergé catholique et protestant, les Forces armées et de sécurité etc. Le but recherché étant que ce gouvernement de transition soit le plus consensuel (ou le moins contesté possible). Cette équipe aura deux tâches prioritaires à son programme. La première, c’est de doter l’armée de tous les moyens dont elle a besoin pour reconquérir les espaces perdus et reconstituer l’intégrité du territoire national. La deuxième, c’est d’organiser des élections présidentielles et législatives dans des conditions d’équité et de transparence pour tous les candidats.
Ces élections devraient se tenir au plus tard avant fin juillet prochain, date à laquelle expire le mandat des députés actuels, donc du Pr Dioncounda Traoré. A moins d’opter pour une transition extra Constitutionnelle dont les formes restent à définir. La mise en place d’une nouvelle Assemblée dans ce délai aurait pour avantage certain de lui permettre d’être opérationnelle pour la session budgétaire ouverte chaque année à partir du mois d’octobre.
La CEDEAO n’aura pas été seulement une chance inespérée pour le Mali dans la restauration de sa démocratie en voie d’être remisée au rancart par un groupe de militaires ; elle est aussi une alliée indispensable dans la sauvegarde de l’intégrité territoriale chaque jour un peu plus menacée. Elle a promis de mettre 2 000 hommes et les équipements appropriés à la disposition du Mali. Elle est la seule, pour le moment, à faire une telle offre. Qui vient, assurément, à point nommé. Elle peut aussi aider à mobiliser les ressources auprès de l’UA, de l’UE, des Nations Unis pour stopper la scission du Mali qui s’opère, en ces heures sombres, sous nos yeux.
Cet engagement de la CEDEAO doit être encouragé et soutenu et non critiqué et avili comme certains le font. La CEDEAO est un bien appartenant au Mali en partage avec nos frères de la  sous-région. Elle est nôtre. Il est donc erroné voire stupide de voir dans le dispositif militaire qu’elle veut mettre à notre disposition « une force d’occupation étrangère ».
Quelle soit la bienvenue !
Par Saouti Haïdara

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14 COMMENTAIRES

  1. mes chers compatriotes arretons de jouer avec le feu il est temps qu’on se leve tous ensemble avec l’aide des chasseurs et des soldats qui ont ete abandones et trahient au front pour chacher au plus la junte et sa bande d’ignorant assoiffee du pouvoir qui le soutient. Sanogo c’est qu’il serai juge ou arrete ou bien meme tue pour ses crimes contre la population malienne. La junte n’a pas fait le coup d’etat pour sauver le mali mais pour sauver leurs tetes. Ce sont des laches et des peureux, ils ont eux peur d’aller au Nord parce qu’ils n’ont pas les bagages necessaire pour affronter les rebelles. Ces pustchistes sont des menteur ils ont trahis le Mali et on l’ai fera paye de leurs actes. Ils ont peurs de laisser le pouvoir pour ne pas etre deployer au front. Ces eux qui ont sacrifie le Nord aux rebelles. Avez vous dejas vu un pays gagner la guerre avec une armee divisee? Reveillez vous mes freres et soeurs et arrete ces barbares egoistes et laches sinon ils vont detruire le Mali. Ne comptez pas sur eux le jour ou les rebelles attaqueriont Bamako parce qu’ils vont tous fuire et vous laisser comme se qu’ils ont fait au Nordistes. A bon entendeur, salut. En ce moment, Les enfants sont entrains de mourir de faims au Nord et les rebelles sont entrain de violer les femmes et egorger les hommes donc, la balle est au camp des maliens pour se debarasser de la junte et de sa bande.

  2. merci pour ce cet article brillant.tu sais le malien est de nature à s’accrocher à des fitulités.tout intellectuel qui met son coeur de coté saura tout de suite que cette junte qui est de plus en plus manipulée conduira le pays au chaos direct.Il ya trop de mauvaise foi dans cette affaire et sa va se retourner contre le pays.dommage!!!

  3. Merci mon Cher Saouti
    Vou avez parfaitement raison sur tous ce que vous avancez sur ce sujet. Je voudrais simplement poser une question à vous et à tant d’autres qui excercent le meme metier.
    Ou etiez vous pendant que la gabegie rongeait le Mali?. Moi je n’ai pourtant jamais lu quoi que se soit de vous denonçant tel ou tel acte dans l’excercise de la democratie. Vous et tant d’autres etes censés etre les informateurs de la societé civile n’estce pas. Certe que le Mali ne pourra pas cavaler sans la CEDEAO, mais où etait-elle cette meme CEDEAO lorsque les premiers soldats ont eté froidement assassiné. Vous les informateurs etes les premiers coupables et ensuite viennent les deputés qui son l’organe de controle du gouvernement.
    Que peut on attendre d’une societé civile qui ne sait meme pas ce qui se passe dans son propre quartier à forte raison dans son pays.

    L’unique solution qui nous reste c’est de convaincre la CEDEAO de mettre à la disposition de la junte le materiel necessaire pour faire face à la situation du Nord.
    Ce n’est pa la CEDEAO qui a mis notre democratie en place et ce ne sera pas non plus la CEDEAO qui la maintiendra. Elle ne pourra que contribuer à son renforcement avec des actions positives.

    Merci

  4. il n’ya pas plus kon que ceux qui ne veulent rien comprendre. Meme si ATT etait enemi de ce pays Sanogo est pire que lui en voulant rester au pouvoir. S’il quite il nous rend un grand service.

  5. Très belle analyse de la situation,et aussi eviter le dilatoire en voulant jouer avc le temps.

  6. Eh, c’est vrai que les mains qui te donnent sont dans la difficulté. Reviens sur terre et dis la vérité. La CEDEAO n’a rien à nous donné.
    Aussi bien que les partis politiques, tu as ta part de responsabilité dans cette grave situation.

  7. tres bonne analyse. mais il faut maintenant que la CEDEAO maintienne la pression des sanctions pour ne pas tomber dans le jeu dilatoire de cette junte aux abois qui tente de jouer la montre. c’est bien de manifester la volonte de cerder le pouvoir, mais c’est mieux de s’executer et sans delai…

  8. on ne ratifie pas des traités et penser que ca ne doit s’appliquer qu’aux autres. la cedeao c’est nous tous.

  9. Saouti toi tu es un attardé intellectuel. Qu’as tu écris dans ta vie de journaliste pour éviter à ce pays ce qui arrive. Tu cherche seulement à sauver tes meubles. Si cette CEDEAO servait à quelque chose la rébellion allait être matée depuis. Démocratie démocratie quand des gens comme vous n’ont jamais dit de vérité sur ce pays sauf à courtiser des ministres et autres directeurs de service. HONTE à VOUS

    • il y a deux sortes d’imbeciles dans la vie, ceux qui croient au complot tous azimuts, et ceux qui ne croient en rien du tout…

  10. Je pense que chacun d’entre nous, maliens, maliennes, hommes politiques et militaire doit tirer des leçon de cette incident qui a secoué le Mali en une semaine. Il faut toujours prioriser la communication, car la violence ne resout rien, elle ne fait empirer les choses. Si vous être pas content du président, marché, grévé, bouder etc. Mais ne prennez pas les armes pour rendre justice seul.

    • Bien résumé.
      Malheureusement certains maliens n’ont pas l’air de comprendre la situation et continuent leur soutien incensé à la junte. Sont t-ils réellement cons ou analphabètes ou égoïste ou tous ces 3 à la fois?

      • Salut Mr Jtraore
        Entre deux maux il faut choisir le moindre.
        C’est bien vrais qu’il ya des egoistes des analphabetes et beaucoup d’autres choses. Laissons Mr Sanogo de coté parceque le probleme etait là bien avant qu’il ne debarque. La question que nous devrions nous poser est la suite: Est ce que le Mali serait dans cette situation si les gouvernants à commencer par ATT avaient fait ce qui etait convenable.
        Il ya surement des gents qui diront qu’il etait bien convenable d’aceuillir à bras ouvert des rebelles puissament armés sur notre territoire.

        Je prie le bon dieu de nous debarrasser de nos propres ennemis “amin”

    • Salut Koriane

      On a bien definit la democratie comme le pouvoir du peuple c’est à dire excercé par lui et pour le peuple c’est à dire excercé en vue de ces propres interets. Or au Mali c’etait le pouvoir du peuple par le peuple mais dans le dos du peuple.
      On ne peut pas manifester ni marcher ni grever lorsqu’on ignore tout ce qui se passe et plus grave encore lorsque les opposants et les gouvernants sont tous des verreux.
      Imaginez-vous ce qui se serait passé sans ce coup de force de Mr sanogo. ATT aurais simplement passer le pouvoir au candidat de son choix et on imagine la suite.
      Que dieu protege le Mali de l’avarice des propres Maliens “amin”

      Merci

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