’Après dix ans d’épreuve, le texte fondamental gagnerait à être réélu. Evalués et analysés, les dysfonctionnements pourraient nous amener à revoir certaines dispositions après un large consensus et une adhésion des populations…
Je n’ai aucun a priori. J’ai été à l’origine de cette Constitution puisque j’ai présidé la Conférence nationale qui lui a donné naissance. C’est un peu ‘’ma’’ Constitution, mais je ne fermerai pas le débat si la nécessité s’en fait ressentir. Je n’attends pas de changement sur les points cardinaux du texte. Je ne toucherai jamais à la limitation des mandats présidentiels. Je vais, peut-être vous étonner, mais je trouve les attributions du président de la République trop importantes et les responsabilités du premier ministre trop restreintes. Je suis à l’aise en affirmant cela puisque je n’ai pas l’intention de créer un parti politique. J’ai l’ambition d’être le président de tous les maliens et l’ensemble de la classe politique constituera mon parti. Mon élection est un phénomène inédit. Non seulement, l’écrasante majorité de la classe politique a soutenu ma candidature, mais les tiers des sections de l’alliance pour la démocratie au Mali (Adema), le parti de mon rival, ont participé à mon succès.’’ C’était dans l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique L’Intelligent n°2158 du 20 au 26 mai 2002. Fraîchement élu, le général à la retraite qui n’avait pas encore prêté serment répondait à la question de nos confrères qui voulaient savoir les dispositions à changer. Ces propos tenus par ATT au lendemain de son retour aux affaires en 2002, nous rappellent qu’il avait bien les réformes dans son programme. Après sa ‘’brillante réélection’’ en 2007, il est revenu à la charge en confiant la mission de réforme à un groupe d’experts conduits par Daba Diawara qui a procédé à l’écoute de plusieurs personnalités : des anciens premiers ministres, des présidents d’nstitutions, des leaders politiques et de la société civile.
Les réformes constituent le socle d’une promesse électorale. Aux yeux d’ATT, il ne s’agit nullement d’un acte de gloire, il n’en a pas besoin dans la mesure où c’est lui qui avait présidé la Conférence nationale souveraine du Mali, mère de l’actuelle Constitution. D’autre part, c’est encore lui ATT qui a promulgué cette Constitution en 1992. En fait, ces réformes qui découlent des insuffisances constatées durant dix-neuf ans de pratiques démocratiques, sont destinées à donner un nouveau souffle à notre pays avec des institutions conformes aux besoins de son ancrage politique et sociétal. Le 19 avril 2010, la présentation des grandes lignes des réformes au Centre international des conférences de Bamako en présence d’un parterre de personnalités a été sans aucun doute une occasion d’avoir une idée nette des dites réformes. Sans risque de se tromper, on peut affirmer que les réformes proposées avaient emporté l’adhésion de l’assistance. ‘’Les réformes institutionnelles proposées par le gouvernement, sous l’impulsion du président de la République ne manquent pas de sens. Après 20 ans de pratique démocratique, il est évident que des corrections sont nécessaires.’’ a affirmé El Hadji Ibrahim Boubacar Kéïta, dans son discours d’ouverture lors du 3ème congrès ordinaire du Rassemblement pour le Mali (Rpm), tenu les 23 et 24 juillet dernier au centre international des conférences de Bamako (Cicb).
‘’Mais encore une fois, est-ce opportun au moment où, d’avis partagés, la priorité devrait être ailleurs ?’’, s’interrogeait l’ancien premier ministre et président de l’assemblée nationale. Quelques jours auparavant, l’ancien ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique laissait éclater sa colère dans une contribution dite ‘’Appel à la classe politique’’ en ces termes : ‘’La course contre la montre actuelle pour une révision par référendum, de la réforme de la loi fondamentale, montre à l’évidence que le pouvoir actuel n’a pas encore pris conscience des attentes prioritaires du peuple malien et de sa classe politique. Ces priorités doivent être surtout la bonne organisation des élections présidentielles et législatives à quelques mois des échéances et du mandat du président de la République et de celui des députés de l’Assemblée nationale, en une période où de graves menaces s’amoncellent sur nos têtes et menacent notre démocratie acquise au prix du sang.’’
Dans le contexte actuel marqué par une grave crise de confiance au sein de la classe politique, tout président qui sera élu en 2012 aura du pain sur la planche. Difficilement, un président, issu d’un parti politique, pourra faire passer une telle réforme, pourtant indispensable. Le cas d’Alpha Oumar Konaré est là pour nous éclairer. Malgré sa majorité confortable qui avait adopté les réformes, le président Konaré a renoncé au référendum dont la date était déjà fixée.
Même s’il n’est membre d’aucun parti, il faut reconnaître que le président ATT est à l’écoute et aux petits soins des élus du peuple, tous et de façon équitable, même si bon nombre d’entre eux lui doivent leur élection. Le dernier mot revient donc aux honorables députés qui doivent examiner le texte ce 1er août. Ça passe ou ça casse !
Par Chiaka Doumbia
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