Depuis le 4 juillet dernier, les députés sont convoqués en session extraordinaire par le président de la République sur proposition du premier ministre. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour, figure le projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Sans doute, le processus de consolidation de la démocratie enclenché en 2008 par la mise en place d’une Commission d’experts entre dans sa phase décisive avec, en toile de fond, le référendum. A l’heure actuelle, la volonté du président ATT d’aller au bout de sa logique ne souffre d’aucun doute. En plus de la nomination de l’architecte de ces réformes comme ministre des Réformes, l’arrivée de Baba Berthé, un éminent constitutionnaliste au très stratégique poste de secrétaire général de la Présidence de la République est assez révélateur. ATT estime qu’il ne s’agit nullement d’un acte de gloire car il n’en a pas besoin, dans la mesure où c’est lui qui avait présidé la conférence nationale, mère de l’actuelle Constitution.
Comme Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise, Président de la Cds, nous pensons qu’il faut recentrer l’approche de la vision du chef de l’Etat. Dans la déclaration de politique générale à l’Assemblée Nationale, le premier ministre a affirmé que les réformes souhaitées par le président de la République, Amadou Toumani Touré, sont indispensables, nécessaires et opportunes pour une meilleure consolidation de notre processus démocratique. Pour mieux asseoir sa conviction, elle a rappelé la volonté du président Alpha Oumar Konaré de procéder à une révision constitutionnelle. Avec le temps, affirme Mme Cissé, les questionnements de 2000 sont devenus des préoccupations aujourd’hui. En fait, ces réformes qui découlent des insuffisances constatées durant des années de pratique démocratique sont destinées à donner un nouveau souffle à notre pays avec des institutions conformes aux besoins de son ancrage politique et sociétal.
Le président du groupe parlementaire de l’Adema Pasj, l’honorable Temoré Téoulenta avait souligné que leur silence par rapport aux réformes traduit leurs préoccupations. ‘’Nous attendons de voir pour fonder notre conviction.’’ Le président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd), Younouss Touré avait déclaré par la même occasion que son parti estime que les réformes sont nécessaires. Mais, l’Urd attend de voir le contenu pour faire des propositions au moment opportun.
Les plus farouches opposants à cette initiative présidentielle se recrutent dans les rangs du Parti pour la renaissance nationale et la Coordination des associations et organisations du mouvement démocratique (Comode). « … La réforme constitutionnelle que vous envisagez est inopportune !…Vous ne pouvez pas vous permettre d’engager un chantier qui risque de faire dérailler le processus électoral et constitutionnel et nous entraîner dans l’instabilité ! Le Mali a besoin de réformes institutionnelles mais pas à 10 mois d’élections cruciales mal préparées !….. Ecoutez ceux et celles qui vous conseillent la prudence ! Entendez la voix de celles et de ceux qui vous soutiennent mais qui vous recommandent de ne pas faire prendre de risques inutiles au Mali. Ecoutez la voix de la raison ! Entendez les conseils de sagesse. Ne faites pas de cette réforme une question d’orgueil ! Car il s’agit du Mali qui est au-dessus de nous tous ! » Ces extraits de la contribution du groupe parlementaire du Parena au débat lors de la DPG du gouvernement résume sa position. Les leaders politiques doivent adopter la position ‘’de tout homme politique engagé pour sa nation qui ne doit pas réfléchir simplement pour sa petite personne, mais pour l’ensemble de la communauté.’’ Dans un climat déjà marqué par une crise de confiance entre d’une part les différents acteurs de la classe politique et d’autre part cette classe politique et le gouvernement à propos du fichier électoral, il est nécessaire que l’équipe de Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé ou du moins le chef de l’Etat ne prenne pas certains risques, notamment une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale. Le 19 mai dernier, l’honorable Kassim Tapo a fait part de ses quatre vérités au ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, de façon responsable et courtoise. Rien ne justifie, disait-il, le couplage des élections présidentielle et législatives, encore moins la dissolution de l’Assemblée nationale. Avec tout le bruit et autres agitations qui entourent les échéances cruciales de 2012, il ne serait pas prudent de vouloir renverser l’ordre des élections. Déjà, une certaine classe politique a ouvert les hostilités en désavouant les experts qu’elle-même avait envoyés pour le choix d’un fichier électoral consensuel.
Chiaka Doumbia
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