Entrenous : Psdsdn : quand la solution devient le mal

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‘’La paix et la sécurité sont le socle de tout développement. Je me réjouis du lancement de la phase opérationnelle du programme spécial pour la paix et le développement des régions du Nord du Mali (Psdsdn). Fondé sur le binôme sécurité-développement des régions, le Psdsdn apportera des réponses concrètes aux besoins des populations en matière de santé, d’éducation, d’accès à l’eau potable, soutien à l’activité économique locale.

Le retour de l’administration et des forces de sécurité affirmera une présence de l’Etat indispensable au succès du programme.’’ Le président de la République, Amadou Toumani Touré s’exprimait ainsi dans son traditionnel discours à la nation le 22 septembre dernier. Lancé en grande pompe, le Psdsdn est ce programme qui annonce le retour de l’administration d’une zone où elle s’était retirée conformément aux différents accords entre le gouvernement et les groupes rebelles. Déjà, le Psdsdn a commencé à faire des réalisations par la construction de nombreuses infrastructures. Perçues comme la solution, les réalisations du Psdsdn sont en train de devenir le mal. Du moins, si l’on s’en tient à l’attaque perpétrée le week-end dernier par un groupe d’hommes armés inconnus contre le camp d’Abeibara en chantier.  

Selon le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maïga, interrogé par nos confrères de Radio France Internationale (Rfi), il n’est pas question de se laisser impressionner par cette attaque. De l’avis de l’ancien espion en chef, tous les groupes qui mènent des activités mafieuses ne voient pas d’un bon œil la présence de l’Etat. Ainsi, pour le chef de la diplomatie malienne, il est totalement hors de question de suspendre les chantiers sous la menace des actions de ce groupuscule. Selon l’ancien patron de la sécurité d’État, le degré de sécurité serait relevé autour des chantiers par l’envoi des renforts. Qui sont donc ces hommes armés qui ont attaqué ce camp en chantier ? Le président de la République a sa petite idée là-dessus. Car, selon lui, il s’agit vraisemblablement des ‘’mécontents’’ n’ayant pas eu le marché. Et le général président se veut ferme.  Les réalisations du Psdsdn se feront. Un point, un trait.
 
Mais au-delà, il faut voir l’œuvre de sabotage du processus de paix par des groupes extrémistes touaregs dont certains se sont récemment manifestés contre le retour de l’Etat notamment de l’armée. Ces groupes extrémistes se sont signalés, il y a juste quelques semaines, avec des velléités sécessionnistes dans le cercle d’Ansongo. Ce n’est donc pas sans raison que le gouvernement a dépêché le gouverneur de la région de Gao, Général Mamadou Adama Diallo pour procéder à une large sensibilisation de la population locale.

La République doit-elle être l’otage d’un groupuscule d’individus qui  manifestent contre les intérêts de l’Etat au gré de leur humeur ? Non. Désormais, il ne faudrait plus permettre à un aventurier de venir abuser de la bonne foi de paisibles populations avec qui ils ne partagent pas les mêmes préoccupations.

Dans son discours d’ouverture de la session budgétaire, le 3 octobre dernier, le président de l’Assemblée nationale, Pr Dioncounda Traoré a souligné que ces populations vivent aujourd’hui sous la menace de groupes terroristes, trafiquants en tous genres et d’éléments d’Aqmi. ‘’La menace est d’autant plus grande que ces hors-la-loi se sont procurés un véritable arsenal de guerre, disséminé à travers la région pour leurs sinistres desseins’’, a-t-il souligné tout en jugeant préoccupante  l’évolution de la situation dans la bande sahélo-saharienne, en relation avec la crise en Libye et ses répercussions sur les pays qui se partagent cette zone.  Les mots du président de l’Assemblée nationale du Niger, Hama Amadou, illustrent bien la dimension du danger qui guette nos pays : ‘’La sécurité dans la zone sahélo-saharienne est aujourd’hui fortement compromise par la crise libyenne avec sa cohorte de réfugiés et de bandits de tout acabit, la prolifération et la circulation d’armes légères et conséquemment, le risque d’un développement exponentiel de l’insécurité faisant le terreau de ces trafics honteux que nous croyons définitivement disparus de nos contrées.’’  Que dire d’autre!
Par Chiaka Doumbia

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