Le Mali serait-il entre le marteau des islamistes du Nord et l’enclume de terroristes du sud, même s’ils ne s’avouent pas comme tels? On est tenté de le croire. Car si à Gao, Tombouctou, Goundam, Ansongo, Aguelhok et ailleurs dans le septentrion malien, des populations innocentes sans défense subissent toutes sortes d’excès de la part de nervis qui ont le nom de dieu à la bouche, à Bamako on assiste à une sorte de dérive intégriste qui ne dit pas son nom.
Des acteurs politiques peu ou trop courageux, drapés du manteau candide de la religion qui chercheraient, à travers la manipulation et l’intimidation, à s’emparer des leviers du pouvoir politique selon une thèse qui se fraye son chemin dans l’opinion ? Si cela était avéré comme on pourrait le craindre, ils trouveraient bien cette même opinion sur son chemin, inch’Allah, car seul Dieu est fort.
En attendant, force est de se rendre à une bien cruelle évidence : il y a bel et bien péril en la demeure dans la république du Mali, laïque jusqu’à preuve du contraire. Mais où il est devenu dangereux d’émettre son point de vue sur certains sujets d’intérêt national. Le risque est bien grand qu’on soit traité, de la part de ces extrémistes, qui ne cherchent pas toujours à cerner le sujet, de tous les noms d’oiseaux et accusé de tous les pêchers de ce bas-monde! Allahou Akbar ! Evitons l’intolérance religieuse, source de haine et de fanatisme et ayions le courage de dénoncer, avant qu’il ne soit trop tard, ces pratiques visant à museler les autres en les terrorisant.
La violence verbale, les menaces et autres intimidations deviennent l’apanage de ceux-là mêmes qui devraient plutôt prêcher la modération, inviter les autres à la retenue, parce qu’ils sont des leaders religieux, des éclaireurs publics, des guides sur le chemin de Dieu, le Miséricordieux, l’Omnipotent, l’Omniprésent qui peut tout, qui sait tout, qui voit tout, qui entend tout…. Notre islam, millénaire, est en fait un islam de paix, un islam de tolérance, rappelait récemment d’ailleurs Mahmoud Dicko lors du meeting tenu peu avant la formation du gouvernement, un meeting qui n’a pas fini de révéler tous ses secrets !
Depuis cette histoire de projet de code des personnes et de la famille, certains analystes ont cru voir le fondamentalisme religieux ramper sous nos pieds. Ainsi, à travers une contribution publiée dans nos colonnes, un universitaire soudanais spécialiste de l’islam, Pr Abdullahi Ahmed An Na’im, avait averti les autorités maliennes de l’époque sur le risque d’une confusion entre la religion et l’Etat.
Aujourd’hui, si la polémique suscitée par la création dans le gouvernement d’union nationale d’un ministère chargé des Affaires religieuses et de cultes est loin d’être terminée, il est aussi regrettable que le Président du HCI ait exigé la tête du Dg de l’Ortm pour un malentendu qui saurait nullement être assimilé à une atteinte à l’islam, religion de tolérance par excellence, et justifier un tel abus de pouvoir.
Censés être des sages et sollicités comme recours pours faire baisser les tensions sociopolitiques, Mahmoud Dicko et ses camarades ne devraient pas laisser à l’opinion la mauvaise impression d’acculer le pouvoir pour obtenir tout ce qu’ils veulent, conscients que celui-ci est plus que jamais faible actuellement. En somme, s’ils veulent faire de la surenchère, ils ne s’y prendraient pas autrement.
L’affaire ne finit pas de susciter interrogations et commentaires !!! Le mois de Ramadan est à peine terminé et nul ne peut oublier déjà l’intense couverture médiatique réalisée comme à l’accoutumée par l’Ortm, qui fait beaucoup pour la promotion de la religion, notamment l’islam. Les autorités doivent veiller à observer une claire démarcation entre cette religion et l’Etat. Le Mali n’a que faire de propos qui allument la haine religieuse.
Quelle que soit la puissance du moment – parce que précaire – d’un chef pour s’adonner à tous les abus, il doit s’attendre à être vaincu un jour ou l’autre par le petit pêcher. Bien de puissants de ce bas monde sont passés à la trappe sans voir venir ce qui leur est arrivé ! Les événements passés et récents survenus dans notre pays devraient constituer des sources d’enseignement pour les uns et les autres. Quelle que soit son habileté à faire usage de la magie du verbe, on ne pourrait convaincre personne qu’on peut se cacher derrière son doigt. Responsables du Mali, à quelque niveau que ce soit et dans quelque secteur que ce soit, sachez raison garder !
Par Chiaka Doumbia
Bonjour les forumistes,
Je voudrais provoquer mon cousin ZAS en lui objectant deux contradictions fondamentales dans deux assertions graves de la part d’un professeur sorti de l’ENSUP de Bamako:
1. Quand ZAS affirme que la notion de minorité se définit surtout par rapport à la langue et à la culture, je lui dis non; selon les définitions scientifiques, philosophiques, anthropologiques et historiques, la notion de minorité se définit surtout par rapport au nombre d’individus d’une communauté ethno-spécifique précise dans un grand ensemble composé de différentes communautés; en occurrence, la communauté ethno-spécifique “touarègue+arabe” au Mali l’est plus par le nombre (2 à 5% de la population totale du Mali); les mêmes chiffres signifient aussi que la communauté ethno-spécifique “teint clair” (touarègue+arabe) du Nord Mali est hyper minoritaire dans le fameux territoire AZ…….
2. Quand ZAS affirme que “L’Azawad a pour lui la même dénomination et la même sémantique que le Khasso, que le Bélédougou, que le Mandé. C’est un terroir, qui peut être à la fois un terroir limité par une zone déterminée et qui peut par expansion devenir un terroir interrégional.”, je lui dénie cette contre-vérité géographique et historique; en effet, en ma qualité de spécialiste de l’aménagement du territoire et des terroirs au Mali, l’Azawad n’est que la zone agro écologique “désertisée” (non habitée et “désertifiée” (sans potentiel biologique) qui ne couvre que le seul terroir de la vallée fossile du Sahara central; la comparaison avec le Khasso, le Bélédougou et le Mandé ne tient pas la route pour des raisons historiques et géographiques; ce sont des régions naturelles qui ont hérité leurs dénominations géographiques de leurs histoires politiques (royaumes et cantons); alors que l’Azawad politique de ZAS n’a ni “queue, ni tête”.
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