A quelques encablures des élections générales de 2012 qui marqueront l’alternance politique, la situation dans laquelle se trouve notre pays constitue une des préoccupations essentielles de l’ensemble des peuples africains. La multiplication des marches de protestation ces derniers temps, la recrudescence de l’insécurité au nord avec la menace d’une nouvelle rébellion, ne sont-elles pas de nature à annoncer l’imminence d’une crise sociale ? Le Mali semble être le pays des paradoxes où les décideurs manquent cruellement de vision pour un lendemain meilleur.
Au moment où l’on appelle à voter pour les réformes constitutionnelles et administratives initiées par le président de la République, Transrail ou la régie du chemin de fer, une société vitale pour l’économie, se trouve dans une situation agonisante, en dépit de la bravoure de la direction générale et des cheminots. Et cela au vu et au su de tout le monde, notamment des pouvoirs publics qui répondront devant le tribunal de l’histoire au crime de non assistance à nation en danger. Quand on sait comment les Etats du Mali et du Sénégal regardent Transrail, sans apporter la moindre thérapie de choc nécessaire, on peut dire qu’il y a danger. De Koulikoro à Dakar, ce sont des milliers de familles qui vivent de l’existence de Transrail. Au moment où le président de la République distribuait selon son bon vouloir les fonds issus de la privatisation de la Sotelma, les travailleurs de l’Huicoma faisaient un sit-in qui aura duré presque un an à la Bourse du Travail, dans la plus grande indifférence des autorités.
Partout au Mali, les gens ne dorment plus à cause de l’insécurité grandissante. Dans un pays où l’argent est distribué à des jeunes désœuvrés qui créent des associations pour défendre le oui au référendum, on manque de fonds pour créer des emplois durables pour cette même jeunesse qui passe toute la journée à roder autour du thé, leurs diplômes au fond des valises.
Dans un pays où les autorités trouvent du plaisir à organiser des missions officielles avec un cortège de 60 à 70 véhicules 4X4, des centaines de villages, voire de villes manquent d’eau potable. Dans un pays où la qualité des soins de santé dans les hôpitaux et autres centres de santé publics laisse à désirer, les autorités qui préfèrent aller soigner leurs maux de tête à l’étranger se permettent de dilapider les ressources publiques dans des investissements non productifs.
C’est encore dans ce ‘’Mali des démocrates sincères et convaincus’’ que l’on rencontre des verdicts indignes. Comme ce fut le cas du jugement de la bande à Miguel. Juste un rappel. En août 2010, la sordide affaire a défrayé la chronique. Un trio d’expatriés blancs ou encore la bande à Miguel Angel Devessa a abattu de trois balles Thomas alias Johnny de nationalité ukrainienne, avant de découper son cadavre en morceaux avec l’aide de divers instruments dont une scie électrique. L’indignation et la colère suscitée par l’acte criminel était à la hauteur de sa cruauté. Récemment, la justice a jugé le trio d’expatriés en condamnant l’un à cinq ans de prison ferme, un autre à cinq ans avec sursis et le troisième a été acquitté. Le jugement continue encore à susciter des commentaires indignés dans certains milieux de la capitale, où l’on pense toujours à tort ou à raison que le verdict si clément dont les accusés ont bénéficié, offre la preuve éclatante que ces puissants et généreux protecteurs tapis dans l’ombre auraient distribué des bakchichs assez conséquents pour éviter des châtiments dignes d’un autre moment.
Par Chiaka Doumbia