Depuis les événements du 22 mars, des civils comme des militaires sont devenus la cible des curieux individus cagoulés. Ces «demi dieux», conviendrait-il de les appeler, se sont fait passer maîtres dans l’art de terroriser, ici bas au Mali, des citoyens pour des raisons qu’ils sont les seuls à connaître. Avant-hier, c’était la saison des bérets rouges. Hier, c’était celle des journalistes.
Aujourd’hui, c’est le printemps des policiers, notamment des commissaires de police qui ont assisté, impuissants, à l’enlèvement puis la séquestration de certains de leurs porte-paroles, par des subalternes. Le fait que la médiation du Président du Haut conseil islamique, Mahmound Dicko, a abouti à leur libération n’enlève rien à la gravité de l’acte. Et c’est comme ça depuis la «fuite sans gloire» du général président.
Il fut un temps, toute la république ne parlait que de cette traque des bérets rouges du 33è Régiment des Commandos Parachutistes de Djicoroni qui avaient tenté dans une action suicidaire, le 30 avril dernier, de mettre fin à l’hégémonie des putschistes de Kati.
Ensuite, il y a eu ces attaques répétées contre les journalistes – Abderrahmane Kéïta du journal Aurore et du doyen Saouti Labass Haïdara de l’Indépendant, pour ne citer que ces deux cas- qui ont été sauvagement agressés par de curieux individus cagoulés. Des mois se sont passés. Rien ! Et absolument rien. Personne ne connait la suite de l’enquête que le gouvernement a déclaré avoir ouverte.
Dans un pays qui se dit soucieux de la protection des droits de l’homme, on ne peut pas cautionner l’enlèvement et la séquestration de personnes, de surcroit des officiers de police, par des individus connus de tous. Dans un pays où la justice se veut indépendante, des pratiques criminelles (sanctionnées par notre code pénal et notre code de procédure pénale) doivent donner lieu à l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet général près de la Cour d’appel de Bamako. Dans un pays où le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile est un général, on ne peut pas tolérer que des agents subalternes enlèvent leurs supérieurs au vu et au su de la République.
Comble de l’ironie : la police nationale est plus que jamais divisée par une ridicule histoire de promotion alors que le Mali se trouve au plus mal. Il est inadmissible que des syndicalistes, porteurs d’uniformes de surcroit, prennent toute la république en otage comme de vulgaires mafiosi. L’Etat malien est malade de manque d’autorité et le Président Dioncounda Traoré devrait, sous peine d’être lui aussi taxé devant l’histoire de forfaiture, asseoir une fois pour tout son leadership. Car, si l’Etat est incapable d’assurer la Protection des personnes et leurs biens, il y a des forts risques qu’on en arrive à une situation où chacun serait dans l’obligation de se défendre au prix de vie.
Que ceux qui s’adonnent à ces pratiques qui mènent tout droit au chaos se le tiennent pour dit : la roue de l’histoire tourne et les accusateurs d’aujourd’hui pourraient se retrouver demain sur le banc des accusés.
Par Chiaka Doumbia
La «fuite sans gloire» du général président.???? Aurait-elle ete glorieuse si ATT avait engage le battaillon Para contre les autres militaires le soir meme du Coup???
A la lumiere de ce qu’on voit aujourd’hui peu etre que cela aurait mieux valu.
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