Entrenous : L’après Kadhafi au Nord-Mali Que d’incertitudes

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Dans son numéro 664 du lundi 10 janvier 2011, Le Challenger titrait  ‘’Une difficile fin de règne pour ATT’’. A ce moment-là, on était loin de dire avec exactitude la tournure qu’allait prendre les événements à l’échelle nationale et internationale. Comme en 2002 avec la crise ivoirienne, le président de la République, Amadou Toumani Touré doit préparer sa sortie qu’il veut  honorable et glorieuse dans un contexte international de plus en plus défavorable. Et deux événements, à savoir la mort tragique du criminel de grand chemin, Ibrahim Ag Bahanga et la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi, risquent d’avoir des répercutions sur la situation intérieure de notre pays.

Au moment où l’on pensait que la disparition de l’irréductible bandit qui s’est illustré au cours de ses dernières années par des crimes crapuleux, faisait pointer une lueur d’espoir pour la paix, le porte-parole de son mouvement fantoche, s’est lancé, avec la complicité de l’Algérie dans une campagne d’intoxication et de désinformation contre le gouvernement du Mali. Comme d’habitude, notre grand voisin continue de faire du mimétisme et de la gesticulation, avec sa politique de double jeu. En effet, tantôt les autorités algériennes jouent à la négociation, tantôt elles accueillent comme des héros sur leur territoire des bandits armés aux frais du contribuable algérien. Et pourtant, l’Algérie a une dette envers le Mali, un des pays de la sous-région qui a soutenu les combattants de la guerre de libération algérienne contre l’agression du colonisateur français. Personne ne peut nier que leurs armes transitaient par notre pays. 

 

Au Mali, nous vivons la situation en Libye avec une certaine peur au ventre. Car la chute de Kadhafi est une question de sécurité pour notre pays. Le guide libyen était un vrai facilitateur dans la crise politico-sécuritaire qui secoue le septentrion du Mali. Formés pour la plupart par les soins du guide, les jeunes touaregs qui ont pris les armes contre leur patrie l’écoutaient et lui obéissaient. Mieux, il avait enrôlé plusieurs d’entre eux dans les rangs de ses forces armées et de sécurité qui viennent de s’effondrer. Avec la chute de son régime et ce sentiment de ‘’ ’négrophobie’’  développé par certains groupes que le Conseil national de transition de Benghazi ne contrôle pas, toutes ces personnes seront tentées de rentrer au bercail. Que feront-ils une fois sur le sol malien ? Rébellion, acte de banditisme ou activité terroriste ? Il y a donc un risque élevé d’embrasement dans cette vaste zone en proie déjà à toutes les formes de  trafic. Surtout quand des sources sécuritaires signalent l’arrivée de plusieurs convois de véhicules remplis d’armes en provenance de la Libye.

Mohamed Ag Aerlaf, coordinateur du programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement des régions du Nord-Mali (Pspsdn), avait déjà estimé que le Mali n’échapperait pas aux conséquences de l’insurrection en Libye. Et le Président de la République, Amadou Toumani Touré, semble être conscient de la ‘’situation nouvelle’’ qui est une ‘’source de préoccupation’’, eu égard aux possibilités de fragilisation de la sécurité intérieure.

 

Dans le contexte actuel, il ne faut pas que les services spéciaux de l’Etat fassent une mauvaise analyse de la situation. L’action de Soumeylou Boubèye Maïga, un homme lucide qui a eu à gérer la sécurité d’Etat pendant des périodes chaudes dans l’histoire de notre jeune démocratie pourrait, à n’en point douter, être d’un apport inestimable. Mais si ce dernier a réussi à amener l’Algérie à revoir sa position vis-à-vis de notre pays, il ne faut pas, pour autant, trop faire confiance à cet Etat dont les sous-produits sèment la désolation dans la bande sahélo saharienne.

Par Chiaka Doumbia

 

 

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