Dans la Lettre de Mission remise le 4 mai dernier à Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, chef du gouvernement, soit un mois après sa nomination, le président de la République, Amadou Toumani Touré, l’engage à poursuivre la mise en œuvre de la Lettre de Cadrage adressée à l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé. Laquelle, faut-il le rappeler, s’inspire du Projet pour le Développement Economique et Social (PDES) sur la base duquel le président ATT a été réélu en 2007.
D’emblée, force est de noter que tout est prioritaire dans cette Lettre de Mission à l’allure d’un véritable programme. ‘’La réalisation des réformes politiques que j’envisage, après vingt (20) ans environ de pratique institutionnelle, pour corriger les insuffisances et combler les lacunes de notre système politique…. Je vous demande de veiller avec la plus grande diligence à l’aboutissement des réformes politiques envisagées.’’ Le président ATT n’entend point laisser le soin à son successeur, comme le lui suggère une certaine opinion, de procéder aux réformes et compte bien les mener à terme. Même s’il a conscience que le temps joue contre lui. Et que chaque jour qui passe est une victoire de plus pour les opposants aux réformes.
‘’L’année 2012 sera une année électorale (élections législatives et présidentielle). L’importance de cet événement doit vous préoccuper grandement. Au regard des attentes de nos compatriotes, je veux des élections libres, transparentes et crédibles pour mettre notre pays à l’abri de soubresauts préjudiciables à sa stabilité tant louée au-delà de ses frontières. ‘’ Tout cela paraît clair mais il faudrait rapidement trouver les moyens financiers pour matérialiser la volonté du chef de l’Etat.
‘’Je me réjouis des efforts déployés par le Gouvernement au cours des dernières années pour atténuer les conséquences néfastes de l’indisponibilité ou du renchérissement de certains produits de grande consommation et de première nécessité comme les céréales, l’huile, le lait et le sucre. Mais les résultats escomptés n’ont pas été totalement atteints. C’est pourquoi je vous engage à poursuivre et à intensifier les actions entreprises en vue d’assurer une plus grande disponibilité et une meilleure maîtrise des prix de ces denrées, toutes choses participant de l’amélioration constante des conditions de vie des populations.’’
Le message d’ATT est assez édifiant sur ce point. En dépit des efforts déployés par le gouvernement, le ‘’Malien moyen’’ lutte quotidiennement pour assurer sa survie. Les prix ne cessent d’augmenter alors que les revenus, notamment, les salaires stagnent.
De nombreux ménages broient du noir pour faire bouillir la marmite. Le Rapport national (édition 2010) sur le Développement Humain Durable, dont le thème porte sur la ‘’crise alimentaire : enjeux et opportunités pour le développement du secteur agricole’’ nous apprend que les ménages à faible revenu diminuent le nombre de repas quotidiens et leurs dépenses non alimentaires.
‘’La situation de l’école constitue depuis longtemps une préoccupation majeure qui doit être traitée avec toute l’attention requise.’’ Le président ATT a raison. Pour le cas de l’école, le temps de la parole est révolu. Il faut agir maintenant. Et très vite. En quelques mois, on voit très mal Mme le Premier Ministre réussir à redresser l’école. Là où ses prédécesseurs ont échoué, il n’est pas évident qu’elle réussisse. Si Mme le Premier ministre épargne à notre université le spectre d’une année blanche, elle aura fait mieux.
‘’La bonne gouvernance ne peut s’accommoder de l’impunité, de la corruption et des autres formes de délinquance économique et financière.’’ La remarque présidentielle est juste, voire pertinente. Ceux qui encouragent l’impunité sont connus de tous ainsi que leurs protecteurs. Il ne s’agit plus de dénoncer mais de poser des actes concrets.
La poursuite et l’approfondissement du dialogue avec l’ensemble des partenaires, principalement les partenaires sociaux, le renforcement de la paix sociale et d’un climat de sécurité sur toute l’étendue du territoire national, un traitement adéquat de la question de l’emploi, surtout celui des jeunes, l’assainissement des finances publiques et la rigueur dans la gestion des ressources nationales sont des aspects importants de la lettre de mission présidentielle. L’exécution et le prolongement des chantiers ouverts dans les domaines de l’Agriculture, la santé, l’eau, l’énergie, le désenclavement et la sécurité constituent des défis à relever pour l’équipe gouvernementale de Mme Cissé Mariam Kaïdama.
Chiaka Doumbia