Entre nous : Comment le Mali a échappé aux frappes de l’Otan

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Depuis quelques semaines, le septentrion de notre pays vit au rythme de la problématique du retour des combattants pro Kadhafi. Les événements se passent mais ne se ressemblent pas. Et l’opinion publique suit le dossier avec un intérêt tout particulier. Sans risque d’exagération, on peut dire que tout le pays est pris en otage. ‘’On peut résumer la situation comme suit : en janvier, le Mali n’était pour vous ni adversaire ni ennemi. En foulant le sol du territoire national, vous avez rencontré un élan spontané de fraternité et de compassion. Aussi pour l’avenir c’est votre propre choix qui déterminera la suite des évènements. Tout peut s’arranger pour vous, comme tout peut se gâter. Mais je constate avec amertume que les choses commencent à prendre une mauvaise direction.

 Des délégations qui vous ont rencontré ont ramené des pages de doléances et des conditions à remplir par le Mali. Mais pourquoi ? Ce n’est pas raisonnable. C’est même suicidaire. Vous devez savoir qu’aujourd’hui tous les Maliens par compassion encouragent le gouvernement à trouver des solutions urgentes à votre situation. Mais en cas de défiance de votre part, ce capital de sympathie va se transformer en sentiment de rejet.’’, a souligné Mohamed Mahmoud El OUMRANY, dans une tribune dénommée  ‘’Appel pressant à nos frères venus de Libye’ (LE Républicain du 14 novembre). Cette figure très connue de la communauté du nord de notre pays estime que ‘’cette pression intolérable ne peut durer.’’

 Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djimi, juge le problème du retour des combattants sérieux. Cette préoccupation, dit-il, semble être partagée par la communauté internationale.

Malgré la situation toujours tendue, le pire  a été évité de justesse. Selon des sources concordantes, le guide Mouammar Kadhafi avait choisi le désert malien comme base de repli. C’est de façon délibérée que les groupes armés ont été envoyés pour le devancer. Ils avaient pour mission de préparer l’arrivée éventuelle du mentor Kadhafi. Toujours selon nos sources, l’arrivée du guide dans le désert malien aurait été suivie du déclenchement d’une vaste opération militaire qui aurait eu pour conséquence de déstabiliser toute la sous-région. En un mot, le guide voudrait, à travers ses stratèges militaires, transporter la guerre chez nous. Comme quoi, le Mali a échappé aux frappes de l’Otan.

La tournure prise par les événements, nous confie un spécialiste des questions sécuritaires, révèle un dysfonctionnement notoire des services de renseignements qui ont été incapables de guider,  à travers des informations fiables et des analyses pertinentes, les autorités, afin qu’elles prennent des mesures d’anticipation pour éviter le pire.

Dans les milieux officieux, on s’interroge toujours sur la volonté des plus hautes autorités de laisser les éléments de l’armée libyenne armée sur le  territoire malien. Or, au Niger voisin confronté au même problème, tous les éléments armés venus de la Libye ont été désarmés dès leur introduction sur le sol nigérien.  Le président ATT a-t-il été pris de cours par les événements ? Avait-il le choix ? Voulait-il dire l’armée n’a pas les moyens de contrôler l’entrée de ces groupes armées dans une zone présentée comme difficile à maîtriser compte tenu de son immensité ? Pourquoi avoir décidé d’offrir une somme aussi importante à des individus détenant des armes de guerre, prêts à retourner à tout moment leurs armes contre leur patrie ? L’armée malienne ne pouvait-elle pas faire comme celle du Niger qui intercepte les convois d’armement pour les détruire, tuer certains occupants et en capturer d’autres ? Les armes vont-elles être échangées contre l’intégration dans l’armée ? En pareil cas, quelle sera l’attitude des militaires ? Voilà, entre autres, des questions qui reviennent régulièrement dans les discussions. 

Mais en réalité, depuis quelques années, l’inaction de nos forces armées est constatée avec amertume face à des groupes armés qui ne cessent de s’implanter chez nous au vu et au su de nos autorités. Ces dernières se cachant derrière le prétexte de l’étendue du territoire notamment de l’immensité du désert. Cela ne saurait être une excuse en soi d’autant plus que les armées étrangères pénètrent sur notre territoire pour venir les attaquer.

Par Chiaka Doumbia

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