8 juin 2002-8 juin 2012. Depuis hier, le président de la République, Amadou Toumani Touré, aura passé 3285 jours au pouvoir. Et, s’il plaît à Dieu, rien que dans quelques 365 petits jours, pour ne pas dire un an, il va devoir céder son fauteuil à un successeur élu sur la base d’une élection libre, crédible et transparente. En d’autres termes : si tout se passe normalement comme prévu. Pour l’heure, il n y ’a aucun doute, ATT va quitter le pouvoir au terme de son second et dernier mandat que le peuple a bien voulu lui confier. C’est ça la marche de l’histoire. 4 ans plus tôt, le président du Parti de la demande sociale (Pds) a été réélu en 2007 sur la base d’un Projet pour le développement économique et social (Pdes) qu’il s’efforce de mettre en œuvre. Et il y a 9 ans, le héros du 26 mars signait son retour triomphal aux affaires après un court passage dans les années 1991.
Que retenir de ces 9 années de gouvernance du Général président ? Difficile d’y répondre. Comme toute entreprise humaine, il y a des hauts mais aussi des bas. On ne peut pas ne pas noter les grandes réalisations comme les routes, ponts, barrages hydro-électriques, hôpitaux, logements sociaux, maisons de l’enfant et autres infrastructures de base qui sont en train de changer la physionomie de notre pays. Et cela malgré une conjoncture internationale difficile marquée par des crises. ‘’Il (ATT) écoute tout le monde. Il respecte tout le monde. Il aime ce pays. Ce qui est très important. Ce n’est pas l’homme qui est là pour lui-même ou pour être là…. En regardant un peu son parcours, je crois que c’est l’un des présidents qui a le plus sillonné ce pays. Il va dans les petits hameaux. Il écoute les gens. Il prend en compte leur préoccupation. Ce qui sert de base pour sa politique…… C’est celui qui a donné de l’eau aux populations. C’est celui qui a donné des centres de santé. C’est celui qui a mis l’accent sur les services de bases de proximité. Je peux en témoigner. Je l’ai vu. Et ça peut se vérifier….’’, nous a confié une maire de la commune urbaine dans la région de Tombouctou au cours d’un entretien qu’elle a bien voulu nous accorder en juillet 2010. Son appréciation pourrait ne pas être du goût de tout le monde. Mais, elle a le courage de reconnaître les mérites de l’homme.
Le pays est en chantier avec les réformes institutionnelles et administratives promises par le chef de l’Etat dans le cadre de la consolidation de notre démocratie, dont le clou sera la tenue du Référendum portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Pour le Renouveau de l’Action publique, de grandes réformes dans le cadre de la modernisation de l’administration sont en cours.
De l’espoir suscité par la réalisation de ces infrastructures, on passe très vite à la déception liée à la frustration d’une frange importante de la classe sociale. La population lutte difficilement pour exister compte tenu de la cherté de la vie. Elle paie un lourd tribut à la corruption, à la gabegie des ressources publiques dans une impunité totale. L’insécurité, notamment au nord de notre pays, a atteint un seuil intolérable avec des affrontements entre groupes de bandits armés ou encore de narcotrafiquants. L’école ne se porte pas aussi bien que ça. Sans oublier les revendications socioprofessionnelles avec les marches à répétition contre l’Assurance maladie obligatoire (Amo).
Personne ne pourra prédire avec certitude la suite réservée au Code des personnes et de la famille qui pouvait être comme l’une des grandes réformes de l’ère d’ATT. Renvoyé en seconde lecture devant le parlement sous la pression des ‘’islamistes’’, le projet a été rangé dans le tiroir par les honorables députés qui peinent à trouver un compromis acceptable entre les différents protagonistes.
Nier que le Malien a des besoins essentiels qu’il peine à satisfaire, ce serait faire preuve de cécité. Nier aussi que des efforts sont en train d’être inlassablement déployés pour un patriote dans la mesure de ses moyens, ce serait faire preuve de mauvaise foi.
Par Chiaka Doumbia