Entre nous:Si l’on pouvait vivre ‘’au niveau du pays réel’’

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Décidément, le Mali a la chance d’avoir un ‘’président généreux’’ en la personne d’Amadou Toumani Touré. C’est la deuxième fois en espace de moins de 4 ans qu’il offre des véhicules tout neufs aux préfets des 49 cercles que compte notre pays. En 2007, à la veille de l’élection présidentielle, les préfets ont été dotés de nouveaux véhicules. Et, pas plus tard que lundi dernier, 14 février, le chef de l’Etat leur a offert la même marque de véhicules. C’était au Palais de Koulouba au cours d’une cérémonie grandiose comme on a l’habitude d’assister.
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rnÉvalué à environ deux milliards de F CFA, le coût de ces achats aurait imposé à notre pays des sacrifices dans des secteurs prioritaires. Dans un pays pauvre comme le Mali, est-il nécessaire, voire raisonnable de doter nos préfets,  ministres, directeurs généraux ou même des chefs de projets de voitures d’une valeur de plus de 50 millions de nos francs ?  Voilà une question à la fois capitale et pertinente dont la réponse dépend d’une personne à une autre. La seule certitude est que le développement d’un pays ne se mesure pas au nombre de véhicules de dernière génération offerts à ses cadres.
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rnA travers certains de leurs faits et gestes, on s’interroge si réellement nos gouvernants ont conscience de la lutte quotidienne que mène la population pour survivre. Aujourd’hui, il est clair qu’il existe une disproportion entre le niveau de vie des Maliens dans leur majorité et celui de leurs dirigeants. Et, dans les grins, les jeunes ne ménagent pas ces dirigeants qui, confortablement installés dans leurs bureaux climatisés ou roulant dans leurs Mercedes noires rutilantes ou 4×4 insolents, ne se soucient pas suffisamment de leur sort si ce n’est que de leur servir des discours insipides. 
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rnDans ce ‘’marigot de caïmans’’, personne n’ose lever le petit doigt pour dénoncer quoi que ce soit. Ne comptez surtout pas sur nos honorables députés, surtout les vice-présidents de l’Assemblée pour dire plaider la cause de leurs mandants. Silence également du côté de l’opposition ? Allez savoir pourquoi elle est devenue aphone !
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rnDans un pays où tout est prioritaire, on investit des milliards dans l’achat des véhicules alors que, quelque part dans le pays profond, des citoyens ou des troupeaux d’animaux meurent de soif ou parcourent des kilomètres pour avoir de l’eau potable.
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rnSelon le Rapport national 2010 sur le Développement humain durable, la crise alimentaire a poussé de nombreux ménages dans la précarité. Ils doivent redoubler d’efforts pour joindre les deux bouts.
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rn« Certains ménages choisissent une alimentation moins riche en protéines et en minéraux. Par exemple au lieu d’un ‘’tô’’ avec une sauce plus riche, il est fait une sauce sans poisson ou viande ou le couscous de nuit avec une sauce qui laisse transparaître quelques graines d’haricot qui l’agrémentent. Ces mets sont appelés par les enfants ‘’tremblement de terre’’ ou ‘’l’Afrique en danger’’ », peut-on lire dans le rapport qui ajoute que ‘’plusieurs ménages à Bamako ne posent qu’une fois par jour la marmite sur le feu.’’ Ce qui expliquerait cette ruée vers les restaurants à ciel ouvert, une fois la nuit tombée.
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rnDans un pays où l’on trouve des milliards pour offrir gracieusement des gadgets roulants aux préfets, ministres, Dg ou autres, certains citoyens ne bénéficient pas de soins de santé adéquate. Selon les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) 2006, 27% d’enfants souffrent d’insuffisance pondérale globale et 30% souffrent de retard de croissance. C’est ça l’abominable misère du peuple !
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rn Dans un pays où les dirigeants se donnent le privilège d’engloutir des milliards dans l’achat des véhicules, de nombreux enfants ne bénéficient pas d’une éducation de qualité, faute de moyens. Toujours dans ce même pays, l’Université dont les enseignants nagent dans un océan de misère, est à la croisée des chemins. 
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rnC’est dire combien ATT et son gouvernement devraient plutôt accorder la priorité absolue aux ‘’obligations sociales et économiques’’.
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rnLe Mali et ses ‘’gouvernants’’ doivent maintenant vivre ‘’au niveau du pays réel’’ comme diraient nos voisins du pays des Hommes Intègres, le Burkina Faso.
rnPar Chiaka Doumbia

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