«Le Burkina Faso reste un pays ami pour tous les pays qui acceptent son amitié. Notre ambition est de renforcer les liens d’amitié avec tous les pays pour le bonheur des peuples qui ne cherchent qu’à mieux se connaître. Nous attendons cependant de chacun de nos partenaires qu’il soit loyal avec nous. Nous souhaitons donc une coopération sincère et franche. Nous pensons, peut-être à tort, que certains partenaires n’ont pas toujours été loyaux.
Comment comprendre que le terrorisme gangrène notre pays depuis 2015, dans l’indifférence, si ce n’est avec la complicité de certains de nos prétendus partenaires? Où trouvent-ils les armes, les munitions, le carburant, l’argent qu’ils ont à profusion ? Comment des pays qui ont le contrôle de l’espace, avec des moyens modernes de détection, ne peuvent-ils pas, s’ils sont nos vrais amis, nous donner les renseignements nécessaires sur les agissements et les mouvements de ces terroristes ?
C’est alors que la question se pose. N’avons-nous pas été jusque-là trop naïfs dans nos relations avec nos partenaires ? Sans doute. Une introspection s’impose. Nous essayerons, autant que possible, de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso.
Mais, il ne sera pas question de nous laisser dominer par un partenaire, qui qu’il soit. Dans la lutte contre le terrorisme, il revient aux Burkinabè, et à eux seuls, de défendre leur patrie en danger. Avec bien sûr le soutien bienveillant de tous ceux qui voudront nous accompagner. C’est pourquoi il a été lancé le recrutement de cinquante mille volontaires pour la défense de la patrie (V.D.P.) ».
Ces phrases sont extraites de la Déclaration de politique générale du Premier ministre du Burkina-Faso, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla devant l’Assemblée législative de Transition. C’était le 19 novembre dernier.
La veille, des manifestations ont eu lieu à Ouagadougou pour demander le «départ de la France». Ces manifestations avaient pour cible l’Ambassade de France et la base militaire française à Kamboinsé. Dans un communiqué signé par son porte-parole, Rimtalba Jean Emmanuel Ouedraogo, le gouvernement du Faso a appelé les populations en général et la jeunesse en particulier au calme et à la retenue. « Le gouvernement appelle les populations au calme et à la retenue au risque de plonger notre pays dans un cycle de manifestations sans fin, préjudiciables à nos objectifs de paix, de stabilité et de sécurité, recherchés par nos populations », souligne le porte-parole du gouvernement. Avant de poursuivre : « Il invite en particulier la jeunesse à ne pas se laisser divertir, et à se focaliser sur les objectifs de défense opérationnelle dans la guerre totale que nous menons contre le terrorisme et sur les chantiers du développement, plutôt que sur des manifestations du genre dont les bénéfices pour la cause de la lutte de notre peuple restent à prouver ».
Devant l’Assemblée législative de transition, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla a posé des interrogations pertinentes et a aussi tranché sans équivoque. Ces propos du Premier ministre et les termes du communiqué du Porte-parole du gouvernement n’épousent pas les désidératas de la rue, laquelle avait été utilisée comme « bouclier » par le Capitaine Ibrahim Traoré pour anéantir toute velléité de riposte de la part du Colonel Damiba et ses compagnons. Pour le moment, la rue ne va pas dicter au Premier ministre Apollinaire Joachimson Kyélem de Tamvèla et à son gouvernement la conduite à tenir.
Chiaka Doumbia