Entre nous – Situation sécuritaire au Nord-Mali : La trahison des ‘’enfants gâtés’’ de la République

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«Je renouvelle ma confiance aux forces armées et de sécurité de notre pays. Je connais les régions nord qui sont immenses et difficiles. Je connais également la dimension de notre armée, ses moyens et ses capacités. Je dis à nos forces armées et de sécurité qu’elles ont un devoir cardinal, un impératif, celui de préserver la cohésion, l’unité nationale et d’assurer l’intégrité territoriale de notre pays. » C’est en ces termes que le président de la République, chef suprême des armées, Amadou Toumani Touré, a instruit depuis Dioïla où il se trouvait le 26 novembre dernier, aux forces armées et de sécurité de détruire sans mesure, ni état d’âme, tout bandit qui va à  l’encontre des intérêts de ce monde civilisé.




Au-delà des enlèvements des Occidentaux à Hombori et Tombouctou, le climat est actuellement loin d’être calme et serein au nord de notre pays, notamment à Kidal où règne une psychose générale. Désertions des militaires, enlèvements de véhicules, retour dans les montagnes d’anciens chefs rebelles comme Iyad Ag Ali, velléités sécessionnistes du mouvement national de libération de l’Azawad… A tout cela s’ajoute l’épineux cas des éléments de l’armée régulière libyenne fidèles à Kadhafi.

On pourrait penser que ce sont les incohérences et les hésitations de la politique d’ATT qui ont fini par créer cette situation confuse de ni guere ni paix dans le septentrion malien. Si le débat récurent sur l’utilisation ou non d’une solution finale contre les bandits armés ressurgit intensément après chaque attaque, c’est certainement parce que le président ATT n’a jamais été un fervent adepte d’une solution exclusivement militaire pour contenir, voire anéantir cette fronde déjà vieille de plusieurs années et quasi permanente contre l’autorité centrale. Mais si notre général de président ATT préfère le dialogue à la guerre, doit-il pour autant nous imposer un plan de paix qui fasse aux rebelles trop de concessions humiliantes pour la patrie ?

On ne peut pas comprendre que l’ancien chef rebelle Iyad Ag Ali dont le nom est lié à toutes les affaires obscures et ayant des entrées faciles à Koulouba et aux services des renseignements puisse reprendre le maquis. Cette position de la bande à Iyad plonge le nord dans le chaos et aggrave une situation sociale déjà catastrophique. Difficilement, on peut comprendre la désertion du commandant de l’unité spéciale, Baba Ag Moussa. Pour le moment, les Iyad ont échoué dans leur tentative d’embraser l’ensemble du nord, tout comme ils ne sont pas parvenus à enrôler les jeunes de toutes les tribus et factions touarègues qui ont fait appel à leur élan patriotique pour opposer une fin de non recevoir à la demande de ces maîtres chanteurs. Donc, pas d’amalgame !

En réalité depuis plus d’une décennie, tout a été facile dans la République aux Iyad, Bamoussa et autres petits parvenus pour ne pas dire farfelus. Iyad sait plus que tout le monde que ni l’Algérie, ni le Niger, ni la Mauritanie n’ont fait mieux que le Mali dans l’intégration de la communauté touareg. Ils sont recrutés facilement dans les services de l’administration et des forces armées et de sécurité. Et cela sans diplôme. Pourquoi l’Algérie est-elle (si) importante et incontournable dans la résolution de chaque conflit armé orchestré par ces apatrides ? 

Que faut-il faire ? ‘’Celui qui veut la paix prépare la guerre’’, dit-on. Jadis, l’armée fondée par Modibo Kéïta était l’une des meilleures en Afrique avec sa présence remarquée sur plusieurs fronts de guerre et de maintien de la paix. Le Mali dispose des moyens avec la suprématie d’une armée républicaine organisée, structurée, opposée à des insurgés pratiquant la guérilla, le terrorisme et se livrant parfois à d’odieux massacres d’innocents. Et le peuple est prêt à tout pour défendre la patrie. L’adage selon lequel ‘’ la guerre est une affaire trop sérieuse pour la confier aux seuls militaires’’ interpelle toutes les composantes de la société malienne (partis politiques, société civile, confessions religieuses, leaders d’opinion). Il est temps que chacun se lève et se mette face à ses responsabilités. N’est-ce pas suffisamment inquiétant de savoir que les populations sédentaires des régions-nord (peulhs, songhaïs et toucouleurs) commencent à mettre sur place des milices d’auto-défense ? Jusqu’où cela peut-il aller ?

Dommage que toute cette souffrance soit due à des personnes sans foi ni loi qui, pourtant, sont considérés par certains (à juste titre peut-être) comme les ‘’enfants gâtés’’ de la République.

Par Chiaka Doumbia

 

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