Les 7 et 8 février 2011, la région de Kidal était en fête avec la poursuite des activités de la célébration du cinquantenaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Dans le sillage du président de la République, Amadou Toumani Touré, le Mali institutionnel en transport pour l’occasion dans l’Adrar des Iforas.
ATT y a présidé une série d’activités. Dont la grande course de chameaux, l’inauguration de la station régionale de l’Ortm, des locaux de l’Amap. Il a effectué des visites sur les chantiers de la salle de spectacles et de la Maison de la femme et l’enfant. Pour magnifier le retour à la paix, le chef de l’Etat a présidé une cérémonie symbolique de ‘’Flamme de la paix’’.
Avant cette cérémonie, le président de la République a pris la parole, lors de la grande course des chameaux retransmise en direct sur les antennes de la télévision nationale, pour dresser un diagnostic de la situation sécuritaire au nord de notre pays en général, celle de Kidal en particulier. ‘’Combien de sang et de larmes ont coulé depuis des décennies ! Que de douleur, de frustrations et d’injustices résorbées ! Que de veuves et d’orphelins ! Que d’espoirs déçus !
rn
Que de retard ! Que de doutes et d’incertitudes, réels ou supposés. Il faut que cela cesse ! Cela ne peut plus continuer ! Arrêtons de nous faire souffrir par notre indifférence sous le couvert de l’impuissance ! Arrêtons de nous voiler la face et revenons à nos valeurs cardinales profondes, qui ont toujours fait la fierté du guerrier touareg, à savoir : l’honneur, la dignité, la bravoure qui est physique et le courage qui est moral. Nous ne pouvons accepter que Kidal soit identifié comme une zone d’insécurité, de menaces terroristes, de trafic de drogues et d’êtres humains. Kidal ne peut et ne doit pas refléter cette image. L’action néfaste de quelques marginaux ne doit en aucune manière salir la saine réputation de toute une région ’’. Patriote, démocrate, homme de paix, le président de la République. ATT a certes raison. Mais, reste à espérer qu’il n’a pas prêché dans le désert et que son message n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. Que son brillant plaidoyer a pu attendrir ces hordes de hors-la-loi, de narcotrafiquants ayant déjà pris goût à ‘’l’argent facile.’’ Car, faut pas se bercer d’illusions : rançonner un convoi de drogues ou d’armements (la pratique est courante) apporte de grosses sommes d’argent. La présence de ces nombreux véhicules 4×4 Land Cruiser est suffisamment révélatrice dans une zone où l’eau potable est plus qu’une denrée rare. Faites un peu de calcul rien que pour avoir une idée de la valeur vénale de ces grosses cylindrées, vous tomberez des nues. Eh, oui, le remède est encore pire que le mal.
rn
La grosse illusion d’ATT et de ses généraux (on aimerait tant se tromper !) est qu’ils font une mauvaise appréciation de la formule (pétrole contre nourriture, pardon) armes contre espèces sonnantes et trébuchantes. Au même moment où l’on organise la ‘’flamme de la paix’’, on manœuvre en douce pour la mise en œuvre de très controversées unités spéciales pour assurer la sécurité dans la région de Kidal. C’est également au même moment où le non repenti (le sera-t-il jamais ?) Ibrahim Ag Bahanga profèrerait de…. nouvelles menaces. Comme quoi, c’est toujours le même scénario, le même simulacre : on brûle quelques armes. On fait de beau discours. On écoute son cœur chanter. Le temps que les hostilités…reprennent.
Après la ‘’grandiose et symbolique flamme de la paix’’ en 1996 à Tombouctou, pouvait- on encore imaginer qu’une autre horde de criminels sans foi ni loi, comme ces extrémistes qui, en 2006, se sont servis d’armes de guerre, pour ôter lâchement la vie à des innocents, s’ils ne les mutilent, motivés seulement par leurs seuls intérêts. Nous sommes d’avis avec le général -président que «les actions de quelques marginaux ne sauraient ternir l’image de maque toute une région ». Mais le président ATT ne doit pas occulter le fait de soudoyer ces marginaux par leurs soins : cela n’est ni plus ni moins qu’une source de motivation car c’est un secret de polichinelle : le gouvernement, selon les confidences d’un ancien Premier ministre, traite avec certains et néglige d’autres. Sans être dans les secrets de dieu comme on a l’habitude de dire, les enveloppes ou les valises d’argent que l’on remet aux têtes de proue du mouvement rebelle sont contre-productives car sources de discorde et de chantage. Il est temps d’opposer une fin de non recevoir aux maîtres chanteurs.
A notre humble avis, on devrait plutôt privilégier les investissements dans les secteurs vitaux -puits, écoles, centres de santé et autres infrastructures – Au seul bénéfice de la population, principale victime de cette situation. Cela est pris en charge, croit-on savoir dans le programme spécial d’investissement.
rn
Chiaka Doumbia
“
