Entre Nous : Reformes institutionnelles et administratives: L'Adema et l'Urd déclarent la guerre

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 " Mon objectif est de parvenir à une démocratie apaisée et que l’invective cède le pas au débat serein, sans haine, ni rejet. J’ai été à l’origine de cette constitution puisque j’ai présidé la Conférence nationale qui lui a donné naissance.  C’est un peu ”ma” constitution, mais je ne fermerais pas le débat si la nécessité s’en fait ressentir ". Voilà, un extrait de la toute première interview que le président Amadou Toumani Touré a accordée à nos confrères de Jeune Afrique (Jeune Afrique l’intelligent  n°2158 du 20 au 26 mai 2002).  C’était il y a 8 ans, quelques heures seulement après sa victoire aux dépens du candidat du parti au pouvoir de l’époque. Mais ces phrases restent toujours d’actualité comme si elles avaient été prononcées hier.

 

Il faut reconnaître que la constitution de 92 avait révélé, au fil du temps, certaines insuffisances et il paraissait normal qu’on puisse faire cette retouche pour un meilleur ancrage et une consolidation de notre démocratie. Les propositions faites par le Comité d’appui aux réformes institutionnelles (Cari) présidé par Daba Diawara continuent de susciter de moult débats dans les différents états-majors des partis politiques avec comme principal point d’attraction la révision de la constitution du 25 février 1992. Et, cela, en attendant la mise à la disposition de l’avant-projet de loi portant révision de notre loi fondamentale.

 

 Les partis politiques commencent à se prononcer. Même si c’est de façon officieuse dans certains cas. Désormais, on sait que l’Union pour la république et la démocratie (Urd) de Soumaïla Cissé a manifesté son hostilité par rapport à la transformation du Haut conseil des collectivités en Sénat. Les récentes déclarations de l’imminent juriste, Me Demba Traoré, ont été confirmées par le président de l’Urd, Younouss Touré, comme la position officielle du parti. En attendant de voir leur proposition compilée dans un document unique, il ne serait pas étonnant de voir les responsables du parti de la poignée des mains s’opposer aux nouvelles dispositions relatives au nomadisme politique. Car, ce parti est devenu au bout de quelques années le nid des transfuges venant de tous les horizons. 

Dans la ruche, on ne serait pas loin d’arriver à des contre-propositions. Les abeilles ne seraient pas d’accord avec le Cari lorsqu’il est dit que l’intérim du président de la République doit être assuré par le président du Sénat. Dioncounda Traoré et ses camarades seraient favorables au maintien de l’ancienne disposition, c’est-à-dire que cette prérogative doit être du ressort du président de l’Assemblée nationale.

 

Les responsables de l’Adema ne voient pas d’un bon œil l’encadrement des propositions et amendements des parlementaires proposés par le Cari. Pour eux, il s’agit-là d’une entrave au bon fonctionnement de la représentation nationale.

Et pourtant les propositions faites par le Cari ont des similitudes avec celles que le régime de l’Adema, sous la houlette du président Alpha Oumar Konaré, voulait faire adopter par référendum en décembre 2001. On ne comprend pas trop ces sorties de quelques barons qui tranchent avec les positions officielles de leur parti. Cependant, ”Il n’y a pas de fumée sans feu”, dit-on.

 

Les critiques sont tout à fait normales car elles sont au compte de l’enrichissement du débat démocratique. Reste seulement à savoir si certains sont bien fondés à le faire à l’heure actuelle. Car, qu’ils soient de l’Adema ou de l’Urd, ils auront  eu le privilège de gérer ce pays pendant 10 ans sans rendre compte au peuple malien. La constitution du 25 février 1992, œuvre des soi disant révolutionnaires, a-t-elle empêché le régime Adema d’enfanter les ”milliardaires de la démocratie” A-t-elle empêché les ministres et autres cadres de l’administration de construire des châteaux ? Qui peut aussi nier que c’est avec le régime Adema que l’embourgeoisement d’une nouvelle race de cadres a pris une proportion alarmante. Tout le monde se souvient de la fameuse déclaration du candidat de l’Adema à la veille du second tour de la   présidentielle de 2002. Dans une sortie au vitriol, Soumaïla Cissé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’en est pris violemment à ses anciens camarades en dénonçant ”les voleurs qui crient au voleur”. Qui a crié au scandale ?

   

Par Chiaka Doumbia

 

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